Nombreux sont ceux qui ont tenté d'imiter la formule GTA. Parfois même sans prendre la peine de la plonger dans un nouvel univers. Rares sont ceux qui ont réussi à obtenir quelque chose de valable. Alors que se passe-t-il quand c'est Rockstar lui-même qui décline sa formule phare pour réaliser un nouveau titre "free roaming", comme on dit ? Ils y arrivent, tout connement.

Grand Theft Bahut

Jimmy Hopkins est un petit merdeux bringuebalé par une mère incapable de l'élever et qui décide de le coller en internat, à la Bullworth Academy, pour profiter de son année de lune de miel avec le dernier vieux riche qu'elle a choisi d'épouser pour son blé. Autant dire un héros qui a presque tout du gamin "fucked for life" - et d'un personnage de jeu vidéo qu'on n'a pas forcément rêvé d'incarner (quoique). Le garnement excusable, qui va pouvoir passer ses meilleures années à pourrir les autres gamins, reluquer les adolescentes en fleur dans leur vestiaire, draguer et insulter les pions... Sauf qu'au début, bien sûr, il faut gagner ses galons de caïd du bahut.

Game Design mention très bien

Découvrir une galerie de personnages et de "clans" étudiants réussie, une myriade de mini-jeux inventifs (mention spéciale au cours d'anglais, plagiat de Text Twist où il faut constituer le max de mots avec un certain tirage de lettres), cavaler d'abord sur le campus, puis dans l'aire de jeu assez vaste constituant l'univers à débloquer de Bully, et profiter d'une déclinaison réussie de la formule GTA dans un environnement brillamment croqué par les scénaristes de Rockstar, c'est honnêtement le pied. Humour, variété, durée de vie, et qualité globale du game design n'ont évidemment pas vieilli depuis la sortie PS2, et pour tous ceux qui sont passés à côté sur cette plate-forme, Bully reste un appel à la dépense particulièrement difficile à ignorer. On peut jouer à Bully comme on le souhaite, soit en respectant les horaires des cours, soit en n'en faisant qu'à sa tête, tout en naviguant dans un univers dont les règles, qu'on les respecte ou qu'on les bafoue, sont autant de sources de plaisir. Evidemment, il ne faudra pas chercher dans Bully un exemple à suivre pour la carrière scolaire des plus jeunes... mais pour les adultes qui n'ont plus que de vagues souvenirs de leur vie étudiante, son charme et son implémentation sont tous deux imparables.

Une perle sous-estimée

Déjà sorti sur PlayStation 2 en 2006, or donc, Bully n'a finalement pas beaucoup marqué malgré son million et demi d'unités écoulées. Cette nouvelle édition Wii aura-t-elle ce qu'il faut pour amener plus de joueurs à ce titre dont je pourrais vanter les qualités ludiques pendant de longs paragraphes ? Certes, le graphisme a été mis à jour, et du contenu ajouté. De nouveaux mini jeux pour les cours, huit missions inédites, un mode à deux joueurs en local amusant quoiqu'anecdotique... des efforts appréciables côté contenu, même si le jeu n'en avait finalement pas vraiment besoin et qu'ils ne changent pas grand chose, fondamentalement. En revanche, côté wiimote, on hérite d'un gameplay obligatoirement revu, que je trouve, hélas, un tantinet inégal. Nunchuk et wiimote ont de la peine à fournir une ergonomie aussi performante que la classique manette pour certains trucs (le contrôle de la caméra notamment), mais offrent une alternative carrément géniale pour d'autres, comme le combat à mains nues récurrent, pour lequel on agitera poing droit et gauche avec énergie, ou certains mini-jeux très bien repensés. Plus en accord techniquement avec les capacités de la wii que ne l'est son pendant 360, Bully est un excellent jeu, globalement très bien réadapté sur Wii - et offrant une expérience ludique d'un style beaucoup trop rare sur la console de Nintendo. Défoulant, fun, atypique par son univers et l'équilibre réussi de sa formule, riche et sans reproche majeur... Passez l'uniforme de Bullworth, vous ne le regretterez pas.

N.B. : Les versions étant très similaires, les tests le sont également.