Premières parties, premières humiliations... Ennemy Territory : Quake Wars (Quake Wars, voire QW pour les intimes) n'est pas un jeu pour noobs du dimanche. Enfin pas pour ceux qui ne veulent pas faire l'effort de réfléchir deux minutes. Ce FPS par équipe est stratégique, vif, beau et n'a finalement qu'un réel défaut au déballage : vous. Car il y a de grandes chances que vous soyez le maillon faible pendant quelques heures, un temps nécessaire pour acquérir les bases de la guerre dans ce titre exceptionnel. Oui, "exceptionnel", carrément. Je ne vais pas lésiner sur les superlatifs : pour moi, QW est un des meilleurs titres du genre depuis des années, et je ne vais pas attendre la conclusion pour le dire. Mais que le "Quake" du titre ne vous trompe pas... Il est surtout là pour faire vendre, le gameplay n'a rien à voir. Et si vous avez toujours trouvé les Battlefield mous du genou, vous tenez la perle rare.

La guerre, mode d'emploi

Les anglais de Splash Damage n'ont pourtant pas révolutionné le genre, loin de là. Mais tous les ingrédients sont ici sélectionnés et implémentés avec soin. Je passe rapidement sur le scénario : les Stroggs, une race extra-terrestre charmante (inspirée des Borgs de Star Trek), alliance de chair et de technologie, vient refaire ses stocks de viande avec le bipède le plus débile de l'univers : l'Homme, qui se défend tout de même, faut pas déconner. Au menu : 5 classes de soldats de chaque côté. Les noms varient, mais les fonctions sont exactement les mêmes : Soldier / Medic / Engineer / Field Ops / Covert Ops d'un côté, Aggressor / Technician / Constructor / Oppressor / Infiltrator de l'autre. Le plus compliqué est d'intégrer précisément qui fait quoi. Notez que chacune de ces classes dispose d'une puissance de feu suffisante pour faire mal en toute circonstance. Je dis ça particulièrement pour l'ingénieur et le toubib qui, entre de bonnes mains, peuvent parfaitement se défendre. Mais évidemment, leur vraie force est ailleurs...

Sens unique !

Une fois la classe choisie, on se retrouve parachuté sur le point de spawn de l'action. Ce dernier varie régulièrement sur le niveau et pour cause : les 12 maps (réparties en 4 campagnes de 3 cartes) sont construites de façon à obliger chaque camp à attaquer ou défendre, le tout avec la pression du chronomètre, généralement réglé sur 20 minutes. Le cas classique sera d'obliger le GDF à construire un pont, pour ensuite faire passer sa base mobile et enchaîner par l'invasion du QG local des Stroggs, pour leur voler une technologie. Si vous lambinez pour construire le pont, il restera moins de temps pour la suite. Du côté des Stroggs, il n'y a pas d'issue possible : il faut résister ou mourir, on ne peut pas reprendre un point perdu (détruire un pont fraîchement reconstruit par exemple).

Des ingrédients épicés

La richesse et le fun de Quake Wars viennent d'abord de la rapidité des combats, qui sont meurtriers et nerveux. Il faut être agile de la souris et ajuster les importuns d'un geste sûr pour ne pas se faire dessouder en boucle. Un aspect relativement "réaliste", en fait. Si vous croisez un shotgun à bout portant dans un couloir, deux coups maximum suffiront à vous faire mordre la poussière. L'autre atout de ce titre vient évidemment de l'utilisation des véhicules, variés et intéressants. Ils ne sont pourtant pas aussi puissants que dans BF2142, ce qui est particulièrement bien vu en terme d'équilibrage... Forcément, un piéton qui croise un Cyclops Strogg (sorte de gros mécha bipède) va passer un sale quart d'heure. Mais le Cyclops contre un lance-missile à l'épaule n'est pas si blindé que ça... Encore moins si un field ops lance un bombardement sur sa position.

Les bonnes idées sont partout

Empruntant à divers autres titres du genre, Quake Wars donne à plusieurs classes la possibilité de placer des objets sur le terrain. Radars, canons antipersonnel, antivéhicule, mines, artilleries (ou canon antimatières longue distance...), il est possible de préparer tout plein de gâteries pour le camp adverse. La stratégie commence à vraiment devenir pointue avec leur placement, mais aussi leur utilisation. Car si les canons à courte portée sont automatiques, les armes à longue distance utilisent un système de désignation de cible. Et autant vous dire qu'un "friendly fire" au canon antimatière ne va pas jouer en faveur de votre cote de popularité... Il faut donc être prudent, utiliser les armes à bon escient (les temps de recharge peuvent être assez longs) et surtout surveiller ces petits bijoux : un espion camouflé avec l'armure de votre camp aura vite fait de les désactiver temporairement, par exemple...

Plaisir d'offrir

Spash Damage a été inventif pour varier les façons d'atomiser ses ennemis. Mon cadeau préférée est sans aucun doute le drone téléguidé, équipé d'une petite charge explosive. Un tireur embusqué ? Vvrrrrrr BOOM ! Imparable, sauf si on arrive directement dans son champ de vision : le drone est tout sauf blindé... Les espions peuvent aussi jouer du backstab quand ils sont déguisés (exactement comme dans Team Fortress 2, mais en plus rapide), etc. Chaque classe dispose ainsi de plus ou moins de gadgets pour varier les plaisirs, et surtout pour se rendre utile dans de multiples situations.

Robots formateurs

Techniquement, ce titre se distingue surtout par la qualité de ses textures. L'animation est très correcte mais n'a rien d'exceptionnel, tandis que les bruitages sont assez classiques. Pour les bleus qui débarquent, le plus compliqué est de suivre tout ce qui se passe sur l'interface, pour savoir quoi attaquer ou défendre rapidement, le tout dans le feu de l'action. Du reste, avant de polluer les serveurs publics, une bonne idée consiste à jouer avec des bots. Passez en custom skill sur ces derniers et réglez leur "tactical skill" sur "high" et "aim skill" sur "low". De quoi explorer les différentes cartes et se familiariser avec les armes et véhicules sans pour autant mourir tous les deux mètres.

The Makron will be pleased

Si les FPS par équipe - surtout avec véhicules - vous branchent, vous aurez compris qu'il faut absolument s'investir dans Quake Wars. Il mérite amplement qu'on s'y intéresse de près. Certes, sa maîtrise demandera du temps et il faudra un minimum de volonté pour jouir de ce titre à 100%, mais quel plaisir de se frayer un chemin sur le remake de la map du débarquement, de coordonner une attaque globale pour faire reculer l'ennemi, de pilonner une position à coup de mortier... Alors pourquoi pas cinq étoiles ? Simplement parce que mon coup de coeur pour ce titre ne doit pas me faire oublier certains défauts, comme le manque d'impression de puissance de certaines armes, une absence totale de mode solo et, surtout, un système d'expérience un peu gadget et finalement frustrant (pas de persistance, remise à zéro après chaque partie). Quake Wars est un titre sans conteste élitiste et c'est finalement son seul défaut sérieux. À moins que ça soit un atout ? Tout dépend du point de vu de chacun. Le tout est de prendre le temps de s'en faire un.