Figurez-vous que ce test de Halo 3, nous n'avons pu l'initier qu'en toute dernière minute. Non pas que ça ne soit pas dans nos habitudes de tout faire au dernier moment, mais Microsoft est tellement flippé à propos de ce titre, qu'on a à peine eu le droit de dire qu'on avait joué à la campagne solo avant la date fatidique de sa sortie. Signature de NDA, interdiction formelle d'en parler avant... comme si les ambitions commerciales d'un titre comme celui-ci pouvaient être menacées par de petits sites internet français. À moins qu'il n'y ait anguille sous roche ?

Mais quelle anguille ?

Les critiques à l'égard de la beta multijoueurs furent effectivement vives. Réalisation décevante, catastrophique pour un titre de cette envergure, disaient certains... beaucoup craignaient pour la fameuse campagne solo, d'autant plus attendue qu'elle annonçait la clôture d'une trilogie soit-disant épique, jouant à jeu égal avec les grosses productions d'Hollywood, au moins en terme de chiffre d'affaires. À l'arrivée, Halo 3 joue la carte de la prudence, privilégiant une animation sans faille dans des environnements parfois gigantesques. Ce n'est pas aussi beau et fouillé qu'un Gears ou un Bioshock, mais on ne peut pas dire que ce soit graphiquement raté (du moins techniquement, le style visuel restant ce qu'il est). Les limites du moteur se font sentir sur les cinématiques, avec des visages qui accusent un autre âge (surtout après le passage d'un Heavenly Sword), mais pour l'essentiel du gameplay, armes en mains, l'ensemble est léché, propre, doté d'effets spéciaux et visuels magnifiquement implémentés. Bungie a pu ajouter pas mal de couches de polish sur tout ça, et ça se sent d'autant plus quand on joue sur une image de 116cm en HD kitutou... Bien sûr, il y en aura toujours pour ne pas s'en satisfaire, mais pas de quoi râler.

La campagne, ça vous gagne

Qu'en est-il du coeur de la campagne ? Je vais être tout à fait franc : les ultra fans de Halo ne risquent pas d'être déçus, ses détracteurs non plus - tant on y retrouve ce que les uns adorent et les autres détestent. On enchaîne en tout cas moments de bravoure sur batailles épiques, avec un rythme bien mieux maîtrisé que dans le second épisode. Nouvelles armes, nouveaux véhicules, nouveaux ennemis... l'essentiel est là, mais Bungie n'a pas pris le moindre risque avec la formule. Ce mode solo n'est pas exempt de critiques, loin s'en faut : d'abord, les niveaux face au Parasite sont toujours assez pénibles, le syndrome de la linéarité trop présent pour ceux qui ne rentreront pas à fond dans le trip, on se tape toujours des allers-retours... mais ce n'est pas là le plus gênant.

Mêmes défauts, mêmes qualités

On retrouve par exemple des coéquipiers toujours aussi cons, qui foncent dans les rochers avec leurs véhicules ou vous balancent parfois des grenades à la gueule sans raison valable, ou encore - le grand classique - qui restent sous le feu d'une Apparition Covenant sans sourciller jusqu'à se faire propulser dans les airs vers la mort. Heureusement, les ennemis sont bien plus futés, sans pour autant renouveler le tour de force de l'original en son temps. La VF très inégale et le scénario presque convenu seront tous deux mis de côté en faveur d'une mise en scène épique au sein des phases de jeu elles-mêmes, visuellement mais également via une bande-son exceptionnelle depuis les piques des soldats (il y a même un "DTC le Covenant !") jusqu'à la musique. Mais difficile pour une conclusion de trilogie de se contenter de ça : OK c'est très jouable, bien foutu, trippant par moments, mais ça n'arrive toujours pas à égaler le premier et sa découverte du Halo, ça manque de révélations intéressantes et d'environnements exotiques... ce n'est, pour résumer, que du Halo 2 mieux calibré. Les équipements sont un ajout important pour ceux qui joueront en légendaire ou héroïque - ce qui est à d'ailleurs à conseiller à tous les joueurs qui progressent tactiquement plutôt qu'en force, pour bien profiter du solo. Côté durée de vie, enfin, tout dépend de son style, mais sans être très longue, cette campagne livre le quota d'heures de jeu qu'on attend d'un titre du genre.

Le Duracell du FPS

Vous l'aurez compris, j'ai apprécié la campagne, mais pas à m'en taper le fondement par terre non plus. Difficile en même temps de surpasser les attentes suscitées. En revanche, tout le reste de ce que contient le disque de Halo 3 force le respect. Particulièrement bien pensée, l'interface permet d'ouvrir ses moments sur Halo 3 à d'autres joueurs, quel que soit ce qu'on y fait. Vos potes peuvent vous rejoindre en pleine campagne (boostant de manière significative son intérêt), ou bien entendu pendant les parties multijoueurs, mais aussi pour mater un replay. Replays qui sont tout bonnement une bénédiction : on passe des heures à regarder son dernier petit Snowbound sous tous les angles, à enregistrer des vidéos de ses plus beaux carnages et de ses meilleurs lancers de grenade. La multitude de modes de jeu, déjà impressionnante, n'est pas prête de perdre de sa superbe avec le mode Forge, lui aussi un appeau à temps libre diabolique. On pourra l'utiliser pour se créer des dispositions de cartes aux petits oignons, ou encore jouer en couple d'une toute nouvelle manière : un pour tirer, l'autre pour créer des objets qui soutiendront les efforts du premier.

Il paraît que YouTube ça cartonne

Cette myriade de possibilités prend tout son sens avec les outils communautaires mis en place par Bungie. Un mode de jeu inédit, façon baseball, avec des marteaux à gravité pour battes et des roquettes en guise de balles ? Je télécharge ! Un replay d'une équipe de no-life qui cartonne tout sur son passage ? Je télécharge ! Une vidéo géniale d'un kamikaze en Banshee, qui va s'écraser sur un groupe de joueurs pour mettre tout le monde d'accord ? Je télécharge ! Bref, on se bouffe la campagne comme amuse-gueule, peut-être un peu déçus de ne pas y avoir trouvé plus de grandiloquence et d'audace, pour se reporter finalement sur ce qui fera le succès de cet ultime volet : le multi. Soutenu par un gameplay admirablement réglé, des cartes impeccables et une interface absolument géniale, tous ceux qui n'avaient pas pu lâcher Halo 2 sur le Live pendant ces deux dernières années n'ont plus le choix : le deux prochaines se joueront à n'en pas douter sur Halo 3.