Depuis que la direction de Naughty Dog a changé (notamment avec le départ du copaing Jason Rubin), depuis les premières images de ce rendu graphique un peu particulier, et de ce héros américain moyen, sympathique mais tellement commun, puis de ces vidéos et présentations bien moins enthousiasmantes que celles d'un Killzone 2, je prédisais secrètement la déchéance prochaine d'un des studios les plus talentueux de sa génération. Aujourd'hui, je doute fort d'être un bon marabout.

Indy et Lara sont dans un bateau

Voyez-vous mes chers lecteurs, je suis souvent le premier à dire qu'un jeu n'a pas besoin d'être révolutionnaire ou même fondamentalement novateur pour mériter sa place dans ma ludothèque. Au vu du début de l'aventure d'Uncharted, j'ai bien l'impression que c'en est une preuve criante. Tout commence sur les chapeaux de roues, alors que Nate, notre héros à la coupe de gendre idéal, flanqué d'une journaliste TV blonde, se fait agresser sur sa bicoque par des pirates des mers. Action à fond, tirs et corps à corps, plaquage derrière les caisses et autres éléments présents sur le pont pour se mettre à couvert : ce premier niveau tutorial fait vite le tour des bases de l'action d'Uncharted, qui empruntent allègrement à des titres comme Resident Evil 4 ou Gears of War. Efficace, bien implémenté, mais un peu destabilisant. La scène est pourtant de courte durée, alors qu'à bord d'un hydravion, l'ami british de Nate, Sully, débarque façon cavalerie pour tirer les deux jeunots de cette situation peu enviable... Une cinématique plus tard, et la blonde se retrouve larguée sur un ponton vite fait bien fait, tandis que les deux hommes foncent sans elle pour une chasse aux trésor déjà envoûtante.

Quand la base est bonne...

Je suis rentré direct dans l'ambiance. Pourtant, Dieu sait qu'Uncharted n'a rien d'exceptionnel de prime abord. Sa réalisation va du clairement perfectible (le rendu des visages, beaucoup trop plastoc), au détail qui tue (les vêtements de Nate qui sont mouillés et sèchent après un passage sous une cascade), en passant par le curieux mais joli (des explosions pétrolifères très agréables à regarder mais très irréalistes). Le gameplay ne semble vraiment pas comporter de traits de génie, ou de mécaniques qu'on n'ait pas déjà vues depuis Flashback, et quantité d'autres titres qui se rappellent à notre mémoire. Mais avec du recul, et en le refaisant, le pourquoi du comment apparaît inévitablement : l'ambiance est là. De petits éléments très bien implémentés nous transportent dans l'atmosphère du chasseur de trésor, depuis la perte d'équilibre scriptée sur une dalle aux abords extérieurs de ruines Maya qu'on escalade, jusqu'à la vitesse de marche imposée du personnage qui découvre une salle mystérieuse tout juste éclairée par la lueur des lampes torches, en passant par une ambiance sonore sans la moindre fausse note. Le duo Nate / Sully, alors que ce dernier est contrôlé par la console, est redoutablement bien exploité, depuis les remarques que se font les deux compères en progressant ensemble, jusqu'à certaines petites scènes où ils recoupent leurs efforts. Enfin, les cinématiques impeccablement mises en scènes et admirablement jouées (en V.O.), bouclent le premier tour de table des forces déjà apparentes d'Uncharted.

... on a hâte de découvrir la suite !

J'attendais d'Uncharted plus de déception que d'enthousiasme. Après quelques heures passées en sa compagnie, j'ai certes des craintes : que la suite ne soit que trop orientée action et fusillades et pas assez puzzle / exploration, par exemple. Mais je n'ai qu'une envie : la découvrir. J'adore les ambiances archéologie hollywoodienne façon Diamant Vert et autres Indy, Nate Drake est un personnage très vite attachant (comme les autres d'ailleurs), et dès le début, la qualité de l'écriture et du scénario font mouche (le coup de la blonde plantée sur un quai en fourbe, déjà, j'adore). Alors, la chasse au trésor de la PlayStation 3 qu'on attend depuis quelques temps semble enfin révéler une piste fraîche qui vaut la peine d'être suivie ; Uncharted Drake's Fortune paraît bien parti pour être la première vraie super-production, sans doute perfectible du point de vue visuel, mais qui sait en jeter, tout en proposant une aventure plus que solide. La réponse définitive ne se fera pas attendre, puisque la version finale devrait arriver le mois prochain à la rédaction... et croyez-moi, je vais me jeter dessus.