Les impressions sur les versions console sont disponibles séparément ici.

Que ce soit limpide pour tout le monde : je n'ai rien testé d'autre que la version bêta accessible à tous pour le moment. Soit une map (Operation Metro), ultra limitée car linéaire et surtout sans véhicules. Un choix discutable pour apprécier la richesse d'un titre comme Battlefield 3, mais DICE était visiblement plus préoccupé par un test d'infrastructure que par l'aspect marketing de cette "démo". Ne boudons pas, ça reste suffisant pour repérer les détails qu'on espère corrigés pour la version finale. Scrutons donc les spécificités de cette version qui déchaine les passions sur les forums.

Origin du conflit

Impossible de parler de Battlefield 3 sans parler d'Origin, la boutique en ligne d'Electronic Arts. Car l'éditeur se sert sans vergogne du pied de biche BF3 pour imposer Origin à ses fans, en jurant que "non non pas la peine d'attendre, le titre ne sera pas dans Steam". Une façon de faire parfaitement détestable, surtout que le vent à l'air de tourner : EA serait en discussion avec VALVe pour ne pas passer à côté de la puissance de feu de Steam. Quand on a précommandé en bon fan docile sa version dans Origin, ça ne donne pas vraiment envie de faire confiance à EA, passé spécialiste dans ce genre de crétinerie marketing. Mais passons : Origin n'est pas plus lent que Steam un jour de promo (...) et finalement l'interface pas si catastrophique.

Si je suis presque trop gentil avec Origin, c'est qu'il faut que je garde des munitions pour Battlelog. Car en fait, une fois lancé votre jeu dans Origin, c'est votre NAVIGATEUR INTERNET qui s'ouvre ! Surprise ! Car par la magie d'un plug-in de plus, votre browser va servir à choisir votre serveur, regarder vos stats, gérer votre liste d'amis (qu'il va falloir rerererefaire), les rejoindre dans une partie, etc. Ça fonctionne, mais côté ergonomie, je vous laisse juger. Personnellement ? Je trouve ça complètement débile : ça rend la phase de lancement du jeu lui-même bancale. On se retrouve avec une micro-fenêtre en bas du navigateur qui va vous prévenir que le jeu est chargé. Hop, clic. Ha merde, il reste encore une manip à faire pour passer en plein écran. Clic. Clic clic clic. Une interface propre INGAME avec tout ça intégré, c'était trop compliqué ?

Le suicide de la résolution

Reste alors la phase la plus rigolote de votre première partie : régler vos options. Je vous promets, je vous parle du jeu dans ce papier... dans un instant ! Pour la blague, les devs de chez DICE ont décidé que pour avoir accès au menu en question, il faut donc être dans le jeu et vivant. Vu le paragraphe qui précède, vous aurez compris qu'être dans le jeu n'est déjà pas simple. Mais vivant EN PLUS ? Dans un titre multi où une balle suffit à agoniser bêtement sans avoir vu personne ? Nan vraiment, une grande idée de la part de DICE... On assiste donc à des scènes comiques, avec des mecs qui spawnent sur vous et cavalent pour aller se mettre à couvert le plus loin possible, pour avoir une chance de changer leur résolution d'écran ou simplement récupérer une interface potable : certains éléments de l'UI comme la carte ou l'affichage des munitions ont tendance à faire n'importe quoi dans certaines résolutions et un menu séparé gère ce détail. J'ai testé pour vous. Je suis mort 4 fois pour avoir le privilège de voir la minimap.

6 pieds sous terre

Une fois tout réglé, on va enfin pouvoir jouer ! Premier point à apprivoiser pour les fans de Battlefield Bad Company 2, un feeling plus "lourd", avec des soldats moins agiles que dans la "fausse version précédente". On ne saute pas tout le temps, on enjambe parfois les obstacles, avec un feeling qui n'est pas sans rappeler certains titres console comme Gears of War ou Killzone 3. Ça ne vous ralentit pas, on voit simplement ses jambes passer par dessus l'obstacle si ce dernier est compatible avec l'animation en question. DICE gère très bien ce système et passé la phase d'acclimatation, on peut enchainer des cascades amusantes. Vu que la map se déroule avec une partie dans le métro parisien, les combos "je passe le portique sans payer, je glisse sur la partie métallique de l'escalator et je me jette à plat ventre en bas" deviennent automatiques. Et indispensables pour éviter de jouer les pigeons d'argile quand l'équipe d'en face est en position. Le feeling devient vite assez naturel. Pas de panique donc, c'est plus "lent", mais pas mou.

Balles à tête chercheuse

Plus problématique, DICE a choisi de gérer la latence avec un système de compensation local. Explication : si un joueur avec un gros ping vous voit alors que vous courez vous mettre à l'abri, il peut y avoir un décalage entre votre vision de l'action et la sienne. Alors que vous êtes persuadé être hors d'atteinte, paf, vous mourrez bien planqué derrière votre mur. Car pour l'autre joueur, vous étiez encore visible une fraction de seconde. Il est même particulièrement content de son coup. Et vous, passablement excédé. J'attends de voir comment la bêta va influencer DICE sur ce point. Pour le moment ce n'est catastrophique que si un joueur est vraiment handicapé par un ping en carton proche de la seconde. Mais dans ce cas, les balles "téléguidées" n'en sont que plus agaçantes. Je vous passe les autres bugs, ça reste une véritable bêta dont le code est relativement vieux : oui certains joueurs se retrouvent SOUS le terrain, oui les retours violents sous Windows sont pénibles. Non je ne pense pas qu'on subisse tout ça à la sortie.

Baptême du feu

La force de Battlefield 3, c'est que ni tous ces problèmes, ni toutes les stupidités de l'interface n'entament l'envie d'y jouer. Même si j'ai oublié de parler du fait qu'on ne peut pas quitter une partie entre deux chargements de carte (pas grave, faites ALT+F4), même si la gestion des squads et des upgrades d'armes est toujours réalisée par le même ergonome aveugle, on veut y retourner. Car le jeu, lui, est bon. Le peu qu'on en voit sur cette map décevante laisse espérer un titre majeur. C'est beau même en détails moyens, c'est magnifique en ultra (mais assez gourmand, prévoyez une carte graphique musclée). Le son est toujours aussi grandiose, avec des bruitages proches de la perfection. Les ajouts graphiques qui servent le gameplay sont bien pensés et gérés, à l'image de ces reflets dans la lunette de visée des snipers.

Même sans savoir ce qui sera réellement corrigé entre maintenant et la sortie officielle, Battlefield 3 se positionne comme LE FPS incontournable de la fin d'année en multi sur PC. Et pourtant, les stupidités d'EA que sont Origin et Battlelog me donnent envie de vous dire que ce n'est pas mérité. Mais ça serait injuste envers le boulot de DICE. Reste évidemment à voir le comportement des véhicules, à peine tâtés à la GamesCom (rhaa, vite les avions de chasse !), les autres maps, etc. Mais quand un titre fait envie avec des défauts pareils pendant sa bêta, c'est rarement mauvais signe.