Silent Hill : Homecoming n'aura été qu'une étoile filante. Un feu de paille pour les amateurs d'angoisses numériques. C'est une certitude, après avoir passé plusieurs heures au cœur de ce Shattered Memories, ce nouvel épisode aura le mérite de laisser une trace. Car les développeurs de Climax ont osé. Osé reprendre l'histoire à zéro. Briser nos repères jusqu'à changer certains des codes de Silent Hill. Fini la brume et les cendres, place à la glace. Adieu aux armes, place à la fuite. Déroutant ? Assurément. Intéressant... clairement.

Fidèle... et différent

En effet, l'essentiel est préservé, voire même magnifié, tant l'aspect psychologique se voit mis en avant. Vous allez ainsi revivre l'aventure du premier épisode à travers les souvenirs d'Harry Mason... et forcément les souvenirs évoluent, se désagrègent et finissent par faner. Une intelligente manière d'éviter une redite/remake du premier opus. Découpée en chapitres, chaque section débute chez votre psy. Harry suit une thérapie et tente de lui raconter ce dont il se souvient... en se trompant finalement sur de nombreux éléments s'étant produit en 1999. À l'aide de quelques questions, le psy va tenter de mieux vous cerner... Des réponses ou des actions (colorier un dessin de tel ou tel manière, indiquer vos préférences scolaires) qui auront des répercussions sur le jeu à proprement parler. Certains protagonistes porteront ainsi des vêtements... dont la couleur est celle que vous aviez choisie plusieurs heures auparavant. Vous avez dit ne pas aimer l'alcool ? Les bouteilles de bières sont remplacées par des canettes de soda. Anecdotiques ? Au contraire. Cette fraction de seconde où vous vous rendrez compte que le jeu s'adapte à vous, se connecte à votre psyché, se montre des plus troublantes.

Et là, c'est le drame

Silent Hill : Shattered Memories fait le pari des consoles SD. Ainsi il sortira sur Wii, PS2 et PSP. Un choix audacieux mais qui permet d'obtenir, sur Wii, une prise en main originale. Le combo Wiimote/Nunchunk est constamment sollicité pour résoudre des énigmes, pour interagir avec des éléments du décor. Reste que si l'utilisation est souvent judicieuse, elle se révèle parfois diaboliquement pénible. Une sensation d'autant plus perceptible lors des séquences de fuite. Rappelons qu'au cours de l'aventure, vous n'obtiendrez pas d'arme et que face aux créatures qui vous harcèleront vous n'aurez d'autre choix que la course en avant. Il en résulte des séquences dynamiques (vous poussez brutalement les portes, le tout sans chargement) mais souvent frustrantes. En effet, il est difficile de se repérer, de courir, de voir où se trouvent vos ennemis et de vous diriger. On se trouve ainsi souvent bloqué par un angle de caméra mal géré, ou agrippé par un ennemi sorti de nulle part. La jouabilité Wiimote trop molle et peu réactive trouve ici définitivement ses limites.

Encore embrumé

Comme pour prouver que le titre n'a rien de simple remake, quelques "nouveautés 2009" font aussi leur apparition comme la possibilité d'utiliser votre téléphone portable pour garder des souvenirs des lieux... mais surtout pour accéder à des indices ou découvrir des choses invisibles à l'œil nu à l'image des Project Zero. Sur Wii, les communications téléphoniques transitent d'ailleurs par le haut parleur de la Wiimote pour plus de réalisme... et plus de grésillement audio. À noter que si vous jouez au casque, il faudra l'enlever rapidement pour pouvoir entendre ce genre de conversations.

Si Silent Hill : Shattered Memories sortira le 8 décembre aux États-Unis, il faudra attendre le premier trimestre 2010 (tiens donc, un de plus) pour le voir débarquer chez nous. Espérons juste que le gameplay aura été affiné d'ici là, car il serait rageant de voir cette intéressante réinterprétation de Silent Hill parasitée par de tristes défauts de jouabilité.