Le n°1 français avait publié un communiqué et présenté publiquement des excuses, avant de suspendre les responsables de la ligne éditoriale Tommy François et Maxime Béland dans la foulée, non sans annoncer un "passage en revue" du fonctionnement des différents services afin de "mettre fin à des pratiques" et de "punir des comportements inappropriés".

Aujourd'hui, le journal Libération publie une enquête, après avoir recueilli la parole d'une vingtaine d'employés ou d'ex-employés d'Ubisoft, sous couvert d'anonymat. L'article de quatre pages s'attarde sur Tommy François, l'ex-animateur de la chaîne Game One devenu vice-président de l'équipe éditoriale à Paris, décrit par de nombreux témoignages comme un responsable "prédateur", "à la tête d'un boys club", qui multiplierait les remarques sexistes à l'encontre des femmes au sein de l'entreprise, agressant plusieurs d'entre elles lors des soirées de Noël organisées chaque année pour les employés.

Image de Une de Libération du 2 juillet 2020 (DR).

À l'inverse de l'attitude affichée publiquement par Ubisoft, certains témoignages dépeignent un système qui protège à chaque fois le responsable, bien entouré au sein de l'entreprise, notamment par Serge Hascoët, directeur créatif, qui serait un intime de François, et l'aurait ainsi couvert malgré les nombreux témoignages en possession des ressources humaines du groupe, qui n'aurait ainsi jamais donné suite. Un ancien assistant d'Hascoët dénommé "M.B." dans l'article de Libération aurait même menacé son assistante avec une arme blanche, avant que celle-ci ne subisse une pression de la part de ses collègues pour ne rien ébruiter.

Selon le journal, si certains employés ont été sanctionnés suite à des comportements déplacés, les cadres de l'entreprise n'auraient jamais été inquiétés, et profiteraient donc de la protection systématique des RH. Certains employés les accuseraient même de "complicité avec Tommy François", Ubisoft ayant pour mission de conserver à tout prix ses "créatifs".

Contacté par Libération, Tommy François a répondu par l'intermédiaire de son avocat, contestant "l'ensemble des faits". Également sollicitée, l'entreprise ne confirme pas sa mise à pied, et rappelle avoir "lancé une enquête en interne [...] dans la plus grande transparence".