Nous avons ainsi pu découvrir les deux premières heures de Trials of Mana sur PlayStation 4 en constituant librement notre équipe de trois aventuriers, histoire de pouvoir comparer plus en profondeur cette version plus ou moins réactualisée. Et parce qu'il n'y a rien de plus efficace qu'un trio équilibré, c'est en compagnie de Duran, Angela et Charlotte que nous nous sommes lancés à l'aventure.

À l'épreuve du temps

Contrairement à un certain Final Fantasy VII Remake, Trials of Mana se veut une transposition très fidèle de l'original sorti en 1995 sur Super Famicom. N'espérez pas ici trouver une quelconque réinterprétation d'un classique méconnu : tout est ici tiré du matériau d'origine, à commencer par le ton. Ancré dans son époque et sa japonaiserie, cet action-RPG se la joue résolument premier degré, quitte à fâcher. Les personnages sont archétypaux comme pas, et le doublage japonais qu'il nous aura été proposé d'essayer coche toutes les cases avec la minutie d'un horloger. Les personnages féminins montent sans raison dans les aigus, tandis que les aventuriers mâles font preuve d'un courage à toute épreuve, en plus d'être le digne fils de leur père disparu, ce qui conditionne à priori toute leur existence.

Mais la fidélité ne s'arrête pas à cette interprétation assurément clichée, puisque la patte Mana se retrouve immédiatement dans les nombreux environnements de l'aventure. Coloré et cartoonesque, Trials of Mana s'avère être une fidèle transposition de la version originale, non sans tracer visuellement une certaine forme de continuité avec Dawn of Mana. Le ravalement de façade s'avérant moins travaillé que certains autres RPG du même acabit, il ne faut tout de même pas s'attendre à tomber à la renverse : les textures qui habillent les différents bâtiments restent limitées, et la profondeur de champ lors des phases d'explorations dévoile bien vite les retards de chargement qui ponctueront l'aventure.

Rhythm Paradise

Mais la fidélité a parfois du bon : toujours autant tournée vers l'action, cette version 3D conserve le rythme soutenu et maîtrisé de Seiken Densetsu 3, sans traînasser. Passées les mésaventures cinématiques de l'introduction, nos héros progressent à toute vitesse dans les différents environnements proposés. Les combats, bien qu'un peu répétitifs, s'enchaînent suffisamment rapidement pour ne pas lasser, et les rôlistes pressés pourront de toutes façons rapidement s'en échapper. Le contact avec les ennemis visibles sur la carte matérialise une zone d'affrontement qui compense un peu l'absence de lock, mais les joutes conservent au moins durant ce début d'aventure un petit côté bouillon.

Heureusement, les raisons de s'y atteler restent bien présentes, à commencer par les attaques spéciales, ciselées comme une furie de versus fighting : l'animation qui les accompagne les rend suffisamment travaillées pour constamment donner envie d'y revenir, tout en optant pour le bon dosage de brièveté. Mais la bonne surprise de Trials of Mana, c'est de constater que vos compagnons sont désormais dotés d'un véritable cerveau, et ne se cantonnent plus aux rôles de boulets qu'ils occupaient autrefois. Les paramètres permettant de régler leur tactique se veulent ici encore plus précis, et en attendant de pouvoir tester le fonctionnement de ce trio a priori bien huilé une fois les magies débloquées, la facilité avec laquelle il est possible de passer de l'un à l'autre rend le tout plutôt agréable à jouer. Bon, en revanche, le nombre d'attaques pour le moment limitée nous oblige à une certaine retenue, en attendant de découvrir ce que cela pourra donner sur la durée. Heureusement, les bonus d'expérience qui résultent de votre rapidité ou de votre capacité à esquiver les attaques ennemis offrent une bonne raison de s'appliquer un minimum.

Bonus Track

Cette durée, justement, s'annonce assez similaire, mais la progression sera assurément plus facile dans Trials of Mana, qui profite des 25 ans le séparant de l'original pour aiguiller les joueurs grâce à des pastilles présentes sur chaque carte, un ajout nécessaire pour ceux qui se souviennent du cheminement parfois cryptique de Seiken Densetsu 3... Il est ainsi possible d'aller droit au but, ou au contraire de s'éloigner en parfaite connaissance de cause du chemin principal, histoire de glaner ici et là quelques items et PO, ou de farmer avant un combat de boss. Les premières heures vous permettront également de découvrir le tragique passé de vos co-équipiers en jouant leur introduction accéléré via des flash-back optionnels, qui ne tiendront toutefois pas compte de l'expérience accumulée.

Mais parmi les vraies nouveautés de poids qui accompagnent Trials of Mana, nous avons découvert sans toutefois pouvoir l'essayer une quatrième classe inédite à souhait, qui arrivera via un chapitre additionnel inédit situé après l'aventure principale, et qui s'accompagnera d'un New Game + bienvenu, surtout lorsque l'on connait la rejouabilité du titre. Les plus jusqu'aux-boutistes pourront également se lancer dans une vaste partie de cache-cache avec P'tit Cactus, la mascotte héritée de l'épisode Legend of Mana, qui se dissimulera tels les Kerotan de Metal Gear Solid 3 dans les différents environnements.

Hiroki Écouta

Comment ne pas finir sans en placer une pour la bande-son, supervisée par le compositeur de l'époque Hiroki Kikuta, et qui propose sur le menu d'accueil d'opter pour le charme chiptune de la version Super Famicom, ou de profiter du dépoussiérage effectué pour l'occasion. Dépoussiérage plus que réorchestration, car les thèmes, toujours aussi efficaces au demeurant, n'ont finalement fait l'objet d'aucune réflexion. Ne vous attendez pas à découvrir de versions transformées des mélodies de 1995, d'autant plus que le choix d'opter pour des instruments synthétiques ne leur permet pas de véritablement décoller. Pour un peu, on en viendrait presque à se demander pourquoi il aura fallu créditer quatre (!) arrangeurs au générique...

ON L'ATTEND... TRANQUILLEMENT !
Trials of Mana ne ment pas sur ses prétentions : ce remake 3D de la version Super Famicom se veut à tous points de vue une rigoureuse transposition de l'action-RPG d'antan. Simple, plutôt efficace et doté de ce charme désuet des productions nippones de la fin des années 1990, le jeu parvient à conserver le rythmé haletant de Seiken Densetsu 3, même s'il nous tarde de complexifier un peu les combats pour juger de leur pertinence tactique sur la durée. Si vous êtes allergique au pixel art de l'original, vous trouverez là une lecture modernisée d'un classique méconnu, qui aurait toutefois mérité un peu plus d'audace concernant sa bande-son.