Au milieu des transferts d'inter-saison sur League of Legends, une annonce a secoué la communauté esportive en Corée du Sud et au-delà : Riot Games a émis une déclaration officielle concernant la "controverse de Griffin".

Quelques heures plus tard, trois joueurs et un coach de Griffin ont témoigné des conditions dans lesquelles ils travaillaient chez Griffin, en particulier en rapport avec leur head coach qui est accusé de les avoir harcelé psychologiquement, voire physiquement.

Choi "Sword" Sung-Won, Lee "Tarzan" Seung-Yong, Shin "Rather" Hyeong-Seop et le coach Byun "Chaos" Young-Sub en ont parlé dans une interview sur le média sud-coréen Inven : ils décrivent une atmosphère de travail stressante, sous une pression constante.

Ils citent même des insultes qu'il proférait au moment de mauvaises performances ou de défaite, ainsi que des menaces de mort. Sung-Won affirme également que le coach l'a attrapé par le col et l'a secoué, puis l'a convoqué dans sa chambre avant de le réprimander. Le joueur Seung-Yong explique que cela altérait ses performances au lieu de les améliorer, alors même que lui n'était pas la cible de ce harcèlement, contrairement à certains de ses coéquipiers.

Dans une interview avec Inven Global en février dernier, le coach décrivait sa méthode radicale de coaching en leur demandant, par exemple, de comparer la défaite à leur mort, comme s'ils jouaient pour survivre à la façon "Saw". Il disait que le plus efficace était d'être aussi sévère en cas de défaite que gentil en cas de victoire.

Il comparait également sa méthode à celle de l'entraînement des gladiateurs :

Même si un gladiateur remporte 100 victoires, c'est une seule défaite qui lui coûtera sa tête. Ceux qui avaient vécu la défaite ne pouvaient pas vivre pour voir le lendemain. Mais pour nous qui sommes nés dans cette ère, on survit même en cas de défaite. Les joueurs professionnels sont des cyber gladiateurs. Je leur ai demandé de jouer comme des gladiateurs, et je leur en ai expliqué le sens.

Cela fait suite à une controverse qui a commencé en octobre, où le licenciement du head coach Kim "cvMax" Dae-Ho était entouré de rumeurs sur des tensions internes importantes. Ce dernier avait quitté l'équipe juste avant le World Championship, tournoi duquel Griffin a été éliminée en phase de groupes. Deux semaines plus tard, le directeur Cho Gyu-Nam était licencié à son tour. Riot Games avait alors décidé de faire des recherches sur le sujet avec la KeSPA (Korean e-Sports Association).

Il y a deux jours, Riot Games a annoncé la suspension des deux protagonistes, et a infligé une amende contre la société. Mais cette affaire a aussi été amenée devant la justice sud-coréenne, mettant en avant une affaire de "faux et usage de faux", ainsi que d'autres violations de la loi, principalement à propos du transfert de l'un de leurs joueurs : Kanavi, qui devait être transféré à l'équipe chinoise JD Gaming. Or, le joueur ne souhaitait pas accepter l'offre en l'état, mais le head coach aurait usé de méthodes illégales, en plus de proférer des menaces sur sa vie, pour que lui et ses parents finissent par signer.

Riot Games a annoncé que des changements seraient opérés dans le règlement de sa ligue sud-coréenne (LCK) avant la saison 2020 pour que ce genre de situation ne se reproduise plus. Les contrats des joueurs dans les autres équipes de LCK seront aussi étudiés avec attention par l'éditeur. Mais cette controverse ne s'est pas arrêtée ici : une fuite survenue dans la foulée aurait déjà mis en lumière des contrats contournant la loi, voire illégaux, de joueurs chez Griffin.

Le législateur Ha, en Corée du Sud, a dévoilé des éléments de l'enquête judiciaire impliquant Griffin et a ensuite critiqué la sanction de Riot Games, non pas contre le head coach mais contre le directeur Cho Gyu-Nam. Selon lui, le directeur a été licencié car il avait voulu exposer les accusations contre le head coach. En plus de cette sanction, Riot Games l'a banni indéfiniment, au même titre que le head coach.

Sur Internet, une pétition a même été lancée par les fans d'esport sud-coréens contre les méthodes de coaching de Dae-Ho, qui a dit ne pas se remettre en question et a nié les accusations en streaming.

L'enquête pénale, quant à elle, suit son cours.