Kirby's Dreamland

Genre :

Plateforme
Editeur : Nintendo
Année de sortie : 1992
Support : Game Boy

Kirby's Dreamland propose un chouette voyage roboratif au pays merveilleux de l'anorexie en abordant des problématiques psychanalytiques telles que le schéma corporel, l'imagerie spatiale du corps et l'estime de soi selon Piaget , Lacan  et Dolto. Une petite boule rose proto-organique anxiogène particulièrement vorace souffrant de dysmorphophobie (une phobie créée par le regard d'autrui qui fait croire au malade qu'il est atteint de déformations physiques) décide dans une crise de démence boulimique, de dévorer toutes les créatures qu'il croisera sur son chemin, puis de se faire sciemment vomir pour respecter scrupuleusement le dictat érigé par les canons de la beauté moderne. De là commencera une longue et vaillante marche de l'anorexie-pride durant laquelle Kirby tentera de cultiver courageusement ses idéologies pro-ana  malgré une horde de créatures moralisatrices à tendance gauchisante. Son système digestif très sélectif présente une particularité darwinienne fort intéressante : celui-ci ne peut assimiler que les glucides ; les protéines et autres lipides chosiques étant automatiquement régurgités façon boulets de canon. Ainsi en guise d'alimentation, il ne pourra digérer uniquement que des fruits à très faible teneur calorique pour assurer ses fonctions vitales et cognitives.

Kirby's Dreamland nous offre sur un plateau en adamantium toute une pléthore d'idées lumineuses et révolutionnaires. Comme une leçon de diététique insolite, en nous apprenant que manger de l'air ne fait pas grossir. Que l'on peut se goinfrer à foison sans prendre de poids à condition de savoir comment se faire "renarder" à volonté. Autrement dit, que vomir est une superbe façon de maigrir. Mais également qu'un bon étron digestif puissamment rendu peut pourfendre un mur de briques ou faucher vos hypothétiques agresseurs... Bref, Nintendo est allé très loin dans son délire Merleau-Pontyesque. Mais finalement, c'est à ce prix avec beaucoup de réalisme, que nous pourrons bâtir un monde de rêve (ou Dreamland) ensemble avec uniquement des gens râblés à la plastique parfaite. Le créateur du jeu, Masahiro Sakurai, revisite donc ici de façon savante et à peine déguisée le concept d'übermensch cher à Nietzsche en donnant à nos chères petites têtes blondes les clés indispensables pour ériger un monde parfait. Moi je dis bravo... Ou pas. Clap ! Clap ! Clap !

Kirby renarde un vieil étron en forme d'étoile sur ses ennemis gauchisants et mal gaulés.