Le temps imparti pour filmer cette interview étant limité, nous avons poursuivi notre entretien sans caméra. Voici donc la suite de notre échange avec Yujii Horii et Hokuto Okamoto.


Gameblog : Dans la version originale de Dragon Quest XI sortie sur PS4 et 3DS, il était possible une fois le jeu terminé de télécharger gratuitement le tout premier Dragon Quest : sera-ce également le cas sur Switch ?

Okamoto : Euh... Euh... Attendez... No comment (en anglais dans le texte)

La série reste année après année attachée à ses racines, et évolue très lentement : est-ce un choix volontaire de votre part, ou essayez-vous de ne pas déclencher l'ire du public ?

Okamoto : Il est vrai que la série résulte d'une longue tradition, et que certains joueurs nous accompagnent depuis très longtemps. Une partie d'entre eux reste en effet attachés à la formule de base, et souhaiterai ne jamais la voir évoluer, mais nous ne pouvons pas refaire encore et encore le même jeu ! Je dirais que tant que la qualité est au rendez-vous, nous pouvons nous permettre quelques libertés. Prenez par exemple l'ajout des voix japonaises : certains ne veulent toujours pas en entendre parler, et nous avons du proposer une option pour les désactiver afin de ne froisser personne.

Horii : Je me souviens que lorsque nous développions Dragon Quest VIII, nous avons annoncé que le jeu serait intégralement en 3D, et une partie des joueurs nous a fait part de son opposition. Mais ensuite, lorsque le jeu est sorti, ils ont réalisé qu'il s'agissait toujours d'un Dragon Quest. Je pense donc que malgré les retours négatifs que nous observons à chaque fois que nous annonçons une nouvelle mécanique ou une évolution dans la série, il en faut pas modifier ses plans : tant que les nouveaux Dragon Quest resteront dans l'esprit de la série, tout finira bien.

Les joueurs occidentaux - et les joueurs français pour ce que nous en savons - se demandent toujours s'ils pourront un jour jouer à Dragon Quest X, qui n'est encore jamais sorti du Japon : que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Okamoto : Nous avons effectivement entendu ce genre de discours de la part du public occidental, mais le problème est qu'il nous faudrait maintenant des serveurs pour chaque région du monde, ce qui nous pose encore problème. Mais à l'avenir, nous y réfléchirons en amont, et ce serait donc techniquement possible. Nous restons donc positifs à ce sujet.

Monsieur Horii, vous avez notamment travaillé avec Hironobu Sakaguchi sur Chrono Trigger : je me demandais avec quel game designer vous aimeriez collaborer aujourd'hui ?

Horii : C'est difficile ! J'ai eu l'occasion de très brièvement travailler avec Monsieur Miyamoto, et j'aimerai beaucoup que cela se reproduise. Mais je sais qu'il est constamment occupé, et qu'il n'a pas vraiment de temps à me consacrer. (rires)

La série connaît aujourd'hui un succès toujours grandissant en dehors du Japon : ce nouveau public a-t-il changé votre manière de travailler sur les nouveaux épisodes ?

Okamoto : Bien sûr : c'est par exemple pour cela que nous avons ajouté un doublage à partir de Dragon Quest VIII. Il était d'abord destiné aux joueurs étrangers. Nous y pensons également lorsque nous écrivons le scénario d'un nouvel épisode, car nous nous interrogeons sur la manière dont celui-ci sera perçu à l'étranger. Concernant Dragon Quest XI, nous avons augmenté le niveau des Quêtes Draconniennes, l'endgame de cet épisode, car nous souhaitions proposer un contenu conséquent pour nos fans occidentaux. Et vous savez, notre équipe n'est plus exclusivement japonaise, et je pense que nous réfléchissons désormais pour un public mondial, et plus seulement japonais.

Horii : Il existe une différences notable entre les fans japonais et les autres : au Japon, tout le monde peut jouer à Dragon Quest, mêmes les joueurs occasionnels. À l'étranger, notre public est plus orienté core gamers, et j'aimerai donc à terme que des joueurs occasionnels étrangers aient eux aussi envie de partir à l'aventure.

La série a donné lieu à d'innombrables spin-off : Builders, Torneko, Heroes, Theaterhythm... Y a-t-il un genre que vous aimerez explorer ?

Okamoto : Lorsque nous développons un spin-off, l'idée est de proposer quelque chose que nous ne pouvons pas intégrer dans la série principale. Le prochain spin-off partira donc de cette idée... [Le responsable de la communication japonais intervient dans la conversation]... mais nous ne pouvons évidemment pas vous dire quelle forme cela prendra ! (rire gêné)