Vous le savez certainement et en profitez peut-être : il existe des boutiques en ligne spécialisées dans la revente de clés d'activation de jeux à des tarifs plus compétitifs que sur les stores officiels.

Parmi les plus célèbres et actifs dans ce mode de distribution non-officiel, sans accord avec les ayant-droits et illicite on trouve Instant Gaming ou encore G2A. Cette société polonaise immatriculée à Hong Kong à la réputation pour le moins sulfureuse, son opacité et ses sources d'approvisionnement (on parle d'achats effectués avec des cartes bancaires volées) étant souvent dénoncées par les acteurs de l'industrie, est depuis quelques jours visée par des développeurs qui en ont, comme on dit, ras la casquette.

Appel au piratage

Mike Rose, du studio indépendant NoMoreRobots, dénonçait fin juin une pratique des plus douteuses, illustrée avec une recherche de son dernier jeu sur Google, Descenders.

Dans le dernier épisode de FUCK G2A :
G2A a pris des publicités sponsorisées sur Google. Cela signifie que lorsque vous cherchez nos jeux, c'est G2A qui apparaît avant nos propres liens - et l'on ne récupère pas d'argent si les gens achètent par le biais de ces pubs. Et quand vous essayez de les retirer...

Vous aurez remarqué que le curseur refuse assez étrangement de bouger.

L'anglais, ancien de Tinybuild et Gamasutra, fait ensuite une demande tout aussi étrange :

S'il vous plait, si vous songez à acheter sur G2A, piratez nos jeux à la place ! Vraiment ! Les développeurs ne récolteront pas un centime de toute manière, nous préférons que G2A ne récolte rien non plus.

Il sera rejoint par d'autres, dont le très influent Rami Ismail ou encore l'ex-Valve Chet Falizsek. Une pétition a été lancée par Rose vendredi 5 juillet pour que G2A cesse officiellement de revendre des clés de jeux indés.

Proposition indécente et réponse commode

La compagnie tente depuis d'adoucir son image auprès des développeurs. Ce 5 juillet, en toute bonne foi, G2A publiait un billet expliquant son intention de reverser 10 fois la somme perdue à ceux prouvant que les clés proviennent de cartes de crédits dérobées.

Puis ce lundi 8 juillet, Thomas Faust, du site Indie Games Plus a reçu de la part d'un représentant de G2A, prénommé Adrian, un e-mail pour le moins surprenant. Qu'il n'a pas hésité à partager sur les réseaux sociaux.

Nous avons rédigé un article objectif qui explique "que vendre des clés volées sur les marchés gaming est pratiquement impossible" et nous voudrions que vous le publiiez sur votre site sans que cela soit mentionné comme sponsorisé ou associé à G2A. Il s'agit d'une explication transparente et juste du problème du recel de clés volées.

Lorsque l'on commence à écrire les articles pour les médias, et que l'on demande en plus à ce qu'il soit intégré comme un papier normal, il y a un problème. Mais le plus sympathique est à venir. En conclusion de la missive électronique, comme le rapporte Kotaku, qui confirme qu'une dizaine de rédactions l'ont reçue, Adrian demande qu'en réponse lui soient indiqués les tarifs et options à prévoir pour ce genre de publication. Donc, un publi-reportage sans être signalé comme tel. Illégal.

G2A a réagi pour se sortir de cet embarras visible aux yeux de tous.

Ces e-mails ont été envoyés par notre employé sans autorisation. C'est pourquoi nous présentons nos excuses à Thomas Faust et les 9 (!) autres médias auxquels il a fait ces propositions. Il devra faire face à des conséquences strictes, cela est absolument intolérable.

Il apparaît très difficile d'imaginer qu'un seul employé ait pris une telle initiative sans avoir consulté ses supérieurs au préalable... La communication n'est décidément pas le fort de G2A, qui risque une fois encore d'avoir du mal s'extirper de la controverse, même si l'on imagine mal la majorité des acheteurs habituels faire volte-face.

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