Hades raconte une histoire simple. Zagreus veut quitter l'Enfer Grec, dont son père, qui donne son nom au jeu, est, vous le savez, le taulier. La raison nous est inconnue. Mais la détermination de l'insolent gamin inébranlable. Peu importe que se dressent face à lui des armées d'âmes tourmentées et de monstres fantomatiques ayant pour ordre de l'occire et qu'il tombe. Il recommencera. Inlassablement. En même temps, il n'a que ça à faire et en mourir le ramène instantanément devant le bureau de papa, en charge de faire le tri des nouveaux arrivants tel le Roi Enma de Dragon Ball. D'abord motivé par le challenge quasi-insurmontable, le joueur va petit à petit être amené à découvrir des éléments qui vont le captiver et le pousser à accompagner Zagreus dans sa folle entreprise, jusqu'à ne plus voir le temps s'écouler.

I Want to Grec Free

En vue isométrique façon Transistor et Bastion mais autrement plus nerveux grâce à un dash proposé d'office et des coups portés avec une certaine violence, Hades se présente comme un jeu d'action assez rapide, où il est nécessaire d'appréhender le timing de ses attaques et des ruées ennemies. Il vous voit tenter de traverser différentes pièces blindées de créatures hostiles et de pièges vicieux, avec des moyens très maigres. En gros, vous allez décéder plus que de raison. Ne jamais revivre la même partie. Et apprendre tout en vous renforçant... Mais pas trop. Voilà qui en fait une sorte de The Binding of Isaac qui aurait croisé Dead Cells dans un univers proche des premiers God of War. Oui, il y a pire comme points de comparaison.

Débutant avec 50 points de vie et une épée efficace mais pas surpuissante, le protagoniste a l'occasion de ramasser plusieurs choses à chaque parcours - qu'il peut choisir partiellement lorsque deux issues lui sont proposées, grâce à des emblèmes. D'abord de l'argent, qui lui permettra, à l'occasion, de faire des emplettes cosmétiques, pour sa piaule, ou ayant des effets temporaires : un regain d'énergie, des bonus d'attaque ou de défense... Ensuite, des clés. Grâce à elles, il débloquera d'autres armes (disponibles pour l'instant : un arc, un bouclier et une lance) aux maniements, avantages et inconvénients divers. Mais aussi des compétences du Miroir de la Nuit qui pourront être adoptées et améliorées avec une troisième monnaie d'échange : la pierre de ténèbres. Des quantités respectables permettent, par exemple, d'enchaîner jusqu'à 3 Dash, de cogner plus fort dans le dos ou en bout de course, d'ignorer un coup fatal, ou de débuter un run avec quelques piécettes. Et pas de panique, vous pouvez redistribuer les pierres comme vous le souhaitez avant de retourner au turbin.

Sisyphe la famille

L'expérience aidant, on parvient évidemment à aiguiser ses réflexes, à employer la destruction des piliers à bon escient, à mieux accepter de sacrifier un peu sa jauge de vie dans des puits promettant quelque richesse secrète, à se lancer dans des défis optionnels, à se débarrasser des ennemis protégés par une couche de protection qui fait qu'ils ne peuvent être interrompus au cours d'une action. Mais est-ce suffisant ne serait-ce que pour battre le boss de la région du Tartare, la furie Megaera ? Pas forcément. Et vous allez réaliser qu'en dehors du maître des Enfers et de ceux qu'il a mandaté pour vous mettre des bâtons dans les roues, tout le monde est d'accord pour vous laisser rejoindre le monde des humains.

Des pouvoirs divins vous sont proposés aléatoirement et ponctuellement par Zeus, Athena et compagnie. Comme à peu près tout, ils ne concernent que l'échappée en cours. Mais il s'agit de véritables game changers. Glisser en infligeant des dégâts grâce à Ares, cogner en repoussant très loin parce que Poseidon est sympa, laisser Aphrodite affaiblir l'opposition... Il y a l'embarras du choix et mêmes quelques combinaisons sympathiques qui laissent envisager d'atteindre la 27ème et dernière salle de ce jeu en accès anticipé déjà fort accrocheur... Sans oublier qu'un certain nectar a la possibilité de révéler d'autres artefacts à équiper. Bref, vous avez de quoi expérimenter.

Tartare aller-retour

Qu'est-ce qui fait qu'on se laisse aller à répéter sensiblement les mêmes routines indéfiniment, en dehors d'un gameplay qui semble avoir tout compris pour motiver au dépassement de soi ? La réponse tient autant dans la finition, déjà impeccable, que dans le nom du studio qui développe Hades. Supergiant Games a dans son écurie de véritables dieux dans le domaine artistique. On évoquera la réussite du character design, amis comme bestiaire, celle de décors magnifiques et aux couleurs vibrantes, celle des compositions d'un Darren Korb toujours aussi inspiré dès lors qu'on lui donne un instrument à cordes. Mais au-delà de la direction artistique générale, splendide et cohérente, on n'oubliera pas non plus l'écriture et l'interprétation des différents interlocuteurs. Certains mystères planent volontairement du côté d'Oprhée ou de Nyx, et de la relation conflictuelle entre le père et le fiston. On nous donne aussi de quoi nous amuser, lorsque le narrateur voit le héros le rembarrer ou que l'on constate que Medusa, tête volante devenue femme de ménage, rougit à son approche. L'invocation de tout un tas de figures de la mythologie grecque, caractérisées et humanisées avec talent, achève de rendre ce monde fascinant. Même après 10 heures de péripéties plus ou moins récompensées, on a toujours envie de savoir si elles n'ont pas d'autres choses à nous révéler, un peu comme les deux portes qui demeurent scellées près de la salle du trône.

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INDICE DE CONFIANCE : 90%

Un investissement que vous ne regretterez pas.

C'est sûr, mettre 19,99€ dans un jeu qui n'est pas terminé, ça peut faire peur. Mais on vous rassure : à l'instar de Dead Cells à ses balbutiements, Hades fait déjà montre d'une base incroyablement solide. Bien qu'il n'ait pas encore tout son contenu, le jeu de Supergiant Games propose déjà de quoi s'occuper avec du très bon sur le plan des mécaniques ainsi que dans les domaines artistique et scénaristique. De quoi l'imaginer finir au Panthéon. Reste à voir comment chaque mise à jour majeure (environ une par mois) va influer sur l'expérience de ce Rogue-like punchy prévu pour 2019. Mais rien que là, vous en avez plus pour votre argent qu'avec certains AAA complets. Hades, comme l'Enfer qu'il met face à nous, est pavé de bonnes intentions et de belles attentions. Si le style vous attire et que vous n'êtes pas rebutés par la langue de Shakespeare, seule disponible pour le moment (le français est prévu), n'ayez aucune crainte et filez sur l'Epic Games Store.

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ON A AIMÉ : ON N'A PAS AIMÉ :
  • La direction artistique globale, tout simplement somptueuse.
  • Le système de jeu déjà efficace et riche.
  • Les échanges avec les différents personnages.
  • Le mystère qui entoure cette évasion.
  • Forcément, pour le moment, les plus habiles trouveront le contenu trop juste (quoique).