Ray Muzyka, co-fondateur de BioWare, ne passe pas par quatre chemins pour décrire Dragon Age : "c'est, dans l'esprit, le digne héritier de Baldur's Gate". Pas besoin d'en dire plus, ou de vouloir le faire passer pour un titre fondamentalement novateur : ce n'est tout simplement pas le cas. Faut-il s'en plaindre ? En la matière, on n'a plus rien eu ou presque d'approchant depuis.

Tout pareil, en 3D d'aujourd'hui

S'il a perdu la licence Advanced Dungeons & Dragons qui constituait pour beaucoup une partie importante de l'intérêt des Baldur's Gate (et consors tels qu'Icewind Dale ou Planescape Torment), le nouveau monde de Dragon Age, Ferelden, conserve l'essentiel de ce qui a fait de ce jeu de rôle papier un classique parmi les classiques du médiéval fantastique. "Avec une approche mature, autant graphiquement que dans le reste" ajoute Muzyka, tandis qu'à l'écran joue une cinématique entre l'équipe d'aventuriers contrôlée par le joueur, et une petite troupe d'elfes qui expliquent leurs souci avec une tribu de garous qui semble bien partie pour les décimer. "Les PNJs reconnaîtront d'office votre race", explique Muzyka, "Là, par exemple, le personnage principal est un elfe, mais qui s'est associé avec des humains pour accomplir sa quête. C'est très inhabituel, et le chef du village vous interroge donc à ce sujet" : s'il avait été humain, ses réactions auraient probablement été pires encore. Quêtes et dialogues tiennent donc compte non seulement des actions du joueur, mais aussi du type de personnage qu'il incarne, et de ses compagnons. Comme dans Baldur's Gate.

Comme Baldur's Gate, on vous dit

Ses compagnons aventuriers, le joueur aura probablement besoin de les recruter avec soin, car c'est évidemment une menace gigantesque qu'il faudra repousser, comme le veut la tradition - mais en réussissant à reforger d'anciennes alliances brisées, et parfois contre nature, tout au long de l'aventure. La maturité tant mise en avant par BioWare réside également dans un aspect relationnel qui découle de cette quête principale, traitée avec, nous promet-on, toutes les nuances que pourront apporter haines raciales, sacrifices d'innocents et autres décisions difficiles, retournements de situations et brouillage des habituelles valeurs très manichéennes de ce genre de jeux. Le joueur devra jongler entre des influences diverses, extérieures bien sûr, mais aussi intérieures. Le groupe lui même exprimera en effet ses préférences, et les décisions prises, ou même leur disponibilité, influeront à l'évidence sur les relations intra-groupe, autant qu'extra-groupe.

Du RPG 100% PC ?

Oubliés les Mass Effect, rangés les Knights of the Old Republic, Dragon Age est un jeu "à la PC", et si du point de vue de la réalisation il hérite du savoir faire accumulé depuis (sans pour autant briller au-delà de toute raison), en termes de jeu on revient aux fondamentaux. Vue isométrique des combats, interface clavier-souris familière, combats stratégiques avec pause à la discrétion du joueur qui souhaitera micro-manager ses aventuriers avec soin, traditionnels dialogues à choix multiples... rien de plus classique. Mais pourquoi par exemple ne pas avoir repris le fabuleux système de Mass Effect pour gérer les dialogues, en affichant ces choix en avance pour que le joueur tienne une conversation fluide avec ses personnages ? "Nous voulions que le joueur garde sa propre voix en tête, plutôt que de lui en imposer une comme dans Mass Effect," explique Muzyka, "nous avons préféré nous concentrer sur les PNJs et le monde qui vous entoure pour refléter vos actions". Soit. Mais si la proposition d'un héritier de Baldur's Gate a de quoi séduire, en regardant la date du jour, on ne peut pas non plus s'empêcher de se demander si BioWare ne la joue pas *un peu trop* tradition. Réponse a priori quelque part au second semestre 2009, sur PC, Xbox 360 et PS3 - même si les versions pour consoles n'ont pas encore été dévoilées et seront probablement très différentes.