C'est à seulement quelques rues de la rédaction que nous avons en effet pu découvrir une toute première version encore balbutiante de l'incroyable projet Streets of Rage 4 porté par trois entreprises hexagonales : LizardCube, Guard Crush Games et DotEmu.

Triple Axel

Et si bon nombre d'éléments étaient encore absents dans cette démo composée de trois stages rapidement parcourus, nous l'avons copieusement essorée pour vous offrir sur un plateau nos premières impressions de ce revival en bonne et due forme, et autant vous dire que nous sommes repartis le coeur plein d'espoir. Si seuls les iconiques Axel et Blaze étaient pour le moment jouables (bien que l'on nous ait promis un "roster généreux", la découverte de leurs nouveaux looks et la finesse de leur animation suffit déjà à ravir les pupilles lorsque commence le jeu. Fidèle à l'identité visuelle des trois premiers Streets of Rage, ce quatrième épisode opte pour une 2D tout ce qu'il y a de plus authentique, même si la direction artistique prend de nombreuses libertés, histoire de ne pas se contenter d'un hommage un peu trop révérencieux.

La sombre ruelle dans laquelle nous avons immédiatement été projetés fait forcément écho aux premières minutes de l'opus fondateur, sorti sur Mega Drive en 1991. Après le succès d'un certain Wonder Boy : The Dragon's Trap, le studio LizardCube fait encore une fois des merveilles en termes de direction artistique : Axel et Blaze fourmillent de détails et profitent d'une animation sans faille, qui sublime un peu plus une palette de coups encore un peu trop fidèle à l'originale pour véritablement surprendre. Très colorés et délimités par une épaisse ligne noire aux angles saillants, les personnages se situent quelque part entre la BD franco-belge et le design japonais d'époque, un style percutant qui vise juste et confère immédiatement une identité visuelle singulière tout en respectant les codes de la série.

À l'aise Blaze

Les environnements et les ennemis bien connus des joueurs de l'époque ont eux aussi fait l'objet d'un travail minutieux, et si les punks iroquois multicolores ne courent plus autant les rues que dans les années 1990, le relooking du personnage de Big Ben fonctionne à merveille, et laisse espérer de très, très belles choses concernant les nouveaux venus. Chacun des trois environnements que nous avons eu le loisir de parcourir fourmillent également de détails qui ne sautent pas aux yeux dès la première partie, pour mieux se découvrir au fur et à mesure. Les bureaux de la police qui font suite à la première ruelle jouent par exemple à fond la carte du background composé de nombreuses couches aux scrollings parallaxes différenciés, qui laisse apparaître ici une urbanisation à marche forcée, ici un joli point de vue sur le Golden Gate.

Les intérieurs ne sont pas en reste, en proposant des bureaux bordéliques plein de vie aux écrans cathodiques bien dans leur époque, et de grandes baies vitrées qui éclairent les lieux et profitent d'une gestion de la lumière fort plaisante à l'oeil. Quel dommage en revanche que les éléments destructibles soient pour le moment si peu nombreux. Le dernier niveau nous propulsait sans transition dans les rues de Chine, entre quelques joueurs de mah-jong casual et des restaurants de rāmen ayant pignon sur rue. Le client affairé qui nous fait penser à la délicatesse de ce cher Son Gokū devant un bol de nourriture ne s'arrête d'ailleurs pas de manger lorsque l'on let le jeu en pause, un détail amusant qui laisse en espérer bien d'autres. En exclusivité mondiale, nous avons d'ailleurs fini par faire cracher aux représentants (à force de répétition) qu'un stage se déroulerait bien sur une plage, comme un hommage à la cultissime Moon Beach du premier épisode. Malheureusement, en ce qui concerne la bande-son, rien n'a pour le moment filtré sur la participation des maîtres Koshiro et Kawashima...

Les coups et les couleurs

Mais si tout le décorum nous a, vous l'aurez compris, tapé dans l'oeil, que se passe-t-il une fois que l'on colle ses premiers bourre-pifs dans la jolie tronche de ses ennemis d'antan ? À première vue, les nouveautés ne se bousculent pas au portillon : basé sur les trois mêmes commandes que Streets of Rage 2, il faudra composer avec les rapides coups de base, le coup spécial qui consomme de l'énergie, et le saut qui se passe évidemment de commentaire. Si nous espérons que la palette sera amenée à évoluer pour proposer bien plus de variété de mouvements, les quelques subtilités de gameplay découvertes lors de cette première session nous rassurent quand à la direction qu'entend prendre LizardCube.

La vie consommée par l'utilisation de la fury (qui déclenche un combo visuellement très satisfaisant) peut finalement vous revenir si vous parvenez à enchaîner un combo sans prendre de coup, à l'instar d'un Focus bien exécuté dans Street Fighter IV, par exemple. Un coup spécial moins violent mais également moins risqué pourra s'intercaler à n'importe quel moment de votre combo en exécutant un dash suivi d'un coup faible, ce qui laisse quelques libertés quand à la manière de se débarrasser sans ménagement des Glasia, Raven et consorts. Axel et Blaze peuvent également briser la garde adverse en insistant un peu, ce qui donne lieu à une animation qui vous invite à faire ensuite parler les poings.

Juggle pas, j'explique

En revanche, il est pour le moment regrettable de ne pas pouvoir s'amuser avec les armes de poing et de jet auxquelles la série nous avait habitués, et nous espérons que ces dernières feront leur apparition dans la version finale du jeu. En attendant, quelques améliorations apportent une nécessaire touche de modernisme à la formule, comme la possibilité de juggler son ennemi, seul ou à deux. En solo, il est ainsi tout à fait possible de coincer n'importe quel gusse contre le bord de l'écran pour s'en servir comme d'un mur invisible, car comme nous l'avons entendu de la part de l'un des développeurs présent sur place "il n'y a rien de pire que d'attendre un ennemi qui n'est pas à l'écran".

À deux, c'est évidemment toujours mieux, et surtout plus amusant : pour peu que votre partenaire lise dans vos pensées, il sera tout à fait possible de juggler face à face, jusqu'à ce que mort s'en suive. Après avoir enchaîné plusieurs fois les trois stages disponibles, la courbe de progression se fait déjà sentir, et notre dernière partie nous aura permis de varier les coups, d'esquiver les glissades ennemis avec maestria, et de comboter avec une certaine classe qui nous laisse espérer de sympathiques après-midis vautrés dans un canapé, car nous ignorons à l'heure actuelle si Streets of Rage 4 sera jouable en ligne. Quoiqu'il arrive, il faudra que les français rivalisent d'imagination pour réussir à renouveler un genre quelque peu tombé dans l'oubli, à l'heure où les crédits n'ont plus vraiment lieu d'être, et où la seule répétition ne peut justifier une durée de vie devenue trop brève pour l'époque.

ON EST... TRÈS IMPATIENT DE LE REVOIR !

Ce tout premier contact avec une version jouable de Streets of Rage 4 nous laisse plutôt rêveurs quant à l'ambition affichée par LizardCube, Guard Crush Games et Dot Emu. Visuellement somptueux grâce à une direction artistique de très haute volée qui n'hésite pas à mélanger les inspirations de l'archipel et du plat pays, le jeu transpire l'amour du beat'em all à l'ancienne et l'envie d'offrir au joueur une suite digne de ce nom. Si nous attendons encore des gages concernant la durée de vie et l'envie d'y revenir plus de quelques heures, nous pouvons d'ores et déjà rassurer les fans de la série : Streets of Rage est bel et bien de retour.