Il ne nous a fallu que quelques secondes pour nous en apercevoir. Gaël Monfils est un gamer. Un vrai. La preuve ? L'expression de son visage à la seule idée de pouvoir se poser prochainement sur son canapé et se lancer sur... FIFA 18? Non. Tennis World Tour ? Certainement. Vous séchez ? La bonne réponse n'est autre que... God of War.

Après Roland-Garros, j'ai encore un tournoi et après... God of War. Je suis jour et nuit dessus. J'attends que ça. Je vais être comme ça sur mon canap' '(il mime une partie). Ma femme ? Ca va être un peu compliqué mais elle le sait (rires).

Fan de Kratos mais pas que (notamment de Naruto aussi sur consoles), Gaël Monfils a un regard bienveillant sur l'eSport, ce phénomène qui divise pourtant le milieu du sport traditionnel.

L'eSport ? Je trouve ça vraiment bien. Ça a explosé avec des jeux qui n'ont rien à voir avec le sport comme League of Legends, Starcraft. Je trouve ça cool, ça amène une autre communauté. Dans le cas de Tennis World Tour, certains ont peut-être rêvé de jouer à Roland-Garros, c'est une manière pour eux de venir ici et de faire un sport. Virtuel mais un sport quand même.

Vraiment ? Car c'est au moment de l'associer à un sport que l'opinion publique tique.

Pour les gens, le sport, c'est forcément se dépenser, courir. Mais quand tu joues, il y a vraiment du stress. On est vidé à la fin. C'est super physique. C'est un sport différent. Il faut une certaine concentration, être prêt physiquement. A partir du moment où tu dois connecter tous ces éléments, ça devient du sport. Est-ce que tu transpires quand tu joues à FIFA ? Oui, donc tu as fait du sport. Tu as stressé, tu as parlé, tu as joué, tu as transpiré. C'est le métier de certains aujourd'hui. Les gens ont l'impression que c'est facile. Tu joues un esportif, tu ne vois pas le jour. C'est son métier et même si tu joues très bien à FIFA ou à un autre jeu, tu ne vois pas le jour.

"L'Esport doit répondre à pas mal de questions et prouver pas mal de choses avant de toucher l'Olympisme"

Forcément, on se devait de poser LA question à la Monf'. Celle qui secoue bien plus que toutes les autres le microcosme du jeu vidéo en général et de l'eSport en particulier: ce dernier a-t-il sa place aux JO ?

Et de rappeler avant toute réponse au showman du tennis français que le judoka et légende de son sport Teddy Riner avait fait un ippon tout ce qu'il y a de plus autoritaire sur la question, affirmant au micro de RMC Sport, lors de la sortie de FIFA 18, que la discipline n'avait rien à faire aux Jeux.

L'eSport aux JO de Paris 2024 ? Je pense plutôt à ceux d'après. 2024, ça arrive un petit peu trop vite. 2028 pourquoi pas ! La vraie vérité, c'est que le jeu vidéo, grâce à l'esport, se démystifie un peu. On connait tous ça "joue pas plus de deux heures" "va plutôt jouer dehors". On se déplace à un endroit pour une compétition, il y a du monde. On ne pense plus au simple geek, on ne joue plus seul dans sa chambre.

Maintenant, il faut déjà savoir ce que les gens de l'eSport veulent que ça devienne, qui ils ont envie de toucher, quelle éducation ils ont envie de donner, où ils veulent aller. L'eSport doit répondre à pas mal de questions, d'attentes, prouver pas mal de choses avant de toucher l'Olympisme. Petit à petit, ça évolue. Il y a trop de personnes encore qui sont contre le jeu vidéo. Ils ne vont pas te parler d'eSport mais de jeu vidéo.

L'eSport a besoin de grandir, de montrer des valeurs. Dans l'Olympisme, il y a plein de sports qui viennent de temps en temps. Quand on va voir Teddy, qui est comme un frère pour moi et qui a vraiment les valeurs des Jeux Olympiques, je peux comprendre sa réaction. Mais dans un futur, et c'est quelqu'un qui est très ouvert, la perception elle évolue.

Alors Gaêl Monfils, bientôt joueur d'eSport aux JO ? On en revient une fois de plus à son amour pour le jeu vidéo Naruto.

Je m'étais qualifié aux championnats de France. J'avais gagné un tournoi en ligne puis un tournoi à la Fnac en "loucedé"... A l'époque j'étais bien. Je "saignais" en ligne. Il y a certains jeux où je suis une brute. Si j'ai le niveau sur un jeu, j'irai. Si je peux, ne t'inquiète pas que j'y suis.

Pari tenu.