Et c'est auprès de nos confrères du très sérieux GameIndustry.biz que le barbu rendu célèbre par ses larmes de bonheur lors de la conférence Ubisoft a levé une partie du voile.

Et bien que Soliani ait évidemment été ravi de travailler pour l'un de ses héros d'enfance, le challenge était d'envergure :

Depuis le premier jour, je sais que les joueurs Nintendo sont très exigeants, parce que j'en suis un. Ils se considèrent comme une élite. Je savais donc que la barrière serait difficile à franchir, car ils allaient discuter du fait que Nintendo n'était pas derrière un jeu estampillé Mario. La seule manière de faire était donc de proposer un jeu de qualité.

Bien que préparé à encaisser des retours critiques une fois le jeu dévoilé, le directeur créatif de Mario + Rabbids est quand même tombé de haut au moment de l'annonce officielle :

Je m'attendais à des retours négatifs de la part des joueurs, mais pas aussi durs. Lorsque la fuite est survenue je suis allé sur Neogaf, et j'y ai vu des commentaires comme "Nintendo est condamné", "ce jeu ne se vendra jamais", ou encore "la direction artistique est à chier" et d'autres messages très, très agressifs qui m'ont profondément déçus.

Ces réactions sont allées jusqu'à faire douter Soliani, qui a tenté devant ce flot de critiques désobligeantes de faire machine arrière :

Je ne m'attendais pas à me prendre un tel mur. Alors j'ai commencé à envoyer des messages à Grant [Kirkhope, le compositeur du jeu]. Je lui ai dit que j'allais dans la mauvaise direction parce que les gens nous haïssaient. Il m'a traité d'imbécile, et m'a dit de ne pas m'inquiéter.

La suite est bien connue, puisqu'elle s'est déroulée devant nous, en direct, lors de cette fameuse conférence qui dévoilera en présence de Shigeru Miyamoto les premières séquences de jeu :

Tout a changé lors de la conférence, et pas seulement grâce au jeu. Et certainement pas à cause de moi. Le fait d'avoir Mr Miyamoto sur scène était une manière de dire au public que si le père de Mario était là, c'est qu'il s'agissait d'un jeu de qualité. Ensuite, les joueurs ont pu l'essayer, et c'est là que leurs avis ont commencé à changer.

Voilà de quoi comprendre un peu mieux les larmes versées par le directeur créatif du jeu lors de l'apparition scénique de Miyamoto : difficile de ne pas craquer après avoir encaissé plusieurs mois de critiques visiblement négatives voire insultantes.

Et n'oublions pas que derrière chaque jeu se cachent des équipes qui travaillent souvent dans l'ombre durant des années, avant de subir de plein fouet les retours des joueurs sur Internet... Heureusement pour la branche milanaise d'Ubisoft, l'histoire se termine véritablement bien.