Chaque année, j'écris que chaque année j'écris que chaque année c'est la même salade. Au moment où les préversions des jeux de football de la saison à venir se laissent approcher, on entrevoit la possibilité de l'éventualité d'un turnover. Celui entre FIFA et PES, où ce dernier récupérerait son trône perdu depuis près de 10 ans. Mais à chaque fois, les efforts d'EA Sports et l'incapacité de Konami à surpasser les attentes, surtout du côté de l'essentiel jeu en ligne et des modes, font tout capoter. Et si cette fois c'était la bonne ? Le développeur japonais a semble-t-il déployé de nouveaux moyens pour cette édition et déjà fait quelques annonces, dont le retour d'un mode Match Aléatoire scandaleusement disparu depuis PES 6 et l'arrivée d'une Bêta online entre les 20 et 31 juillet pour tester son infrastructure. Et puis il y a des retours enjoués. Dont celui de Julo. Dont celui de joueurs chevronnés de la communauté. Et même de déserteurs. Bref, en tant que très ancien fan, et préposé au ballon rond chez Gameblog, je me devais d'aller vérifier cela chez Konami France. Calmement.

Un PES qui pèse

Joueurs plus ancrés sur le rectangle vert, sensation de lourdeur dans les déplacements, inertie plus prononcée, vitesse globale revue à la baisse, placements plus judicieux, frappes peinant à trouver le cadre dans toutes les situations... Les premières minutes passées sur ce titre loin d'être achevé donnent une indication satisfaisante de ce qu'il pourrait être au moment de sa sortie : un jeu qui veut pousser encore le curseur davantage vers la simulation et, pardon d'employer ce terme, le réalisme. Non sans oublier qu'il demeure un jeu vidéo et qu'il est souhaitable de pouvoir autoriser aux joueurs les plus habiles un football agressif et porté sur l'attaque et le spectacle, PES 2018 rappelle la nécessité d'une vision constructive dans la pratique de ce sport populaire. Les positions des milieux et des défenseurs paraissent plus plausible - tant que vous savez ce que vous faites sur le plan tactique et avec le double pressing -, les animations plus nombreuses, plus cohérentes, et mieux contextualisées. Cela oblige à bien plus soigner ses contrôles, compliqués en cas de placement hésitant mais qui ont l'air d'une facilité déconcertante en pleine course pour les athlètes les plus techniques, et ses transmissions de balle. A ne pas rusher comme un bourrin vers l'avant et pratiquer des séquences de manière robotisée.

La main ferme ? Quelle ferme ?

Bien sûr, une fois ses marques prises et la capacité d'anticipation revenue à son meilleur, cela n'empêchera pas les petits exploits qui font s'empourprer l'adversaire, d'effacer ses vis-à-vis et de zigzaguer entre trois adversaires maladroits avec Neymar, aidé par un petit contre favorable. Et l'on est déjà témoin de petits ponts à la pelle et de centres tendus à ras de terre meurtriers qui rappellent PES 4. Mais en l'état, on décèle cette volonté, bienvenue, de s'arranger pour qu'un but reste quelque chose d'exceptionnel et festif. De calmer l'ensemble avec des outils plus affûtés. Comme un gardien qui, s'il reste un peu trop fébrile face aux enroulées et aux lobs, et se montre tristement hésitant sur des sorties dans les pieds, réalise des parades franchement enthousiasmantes sur les frappes lourdes et placées. Et des arrêts en deux temps, lorsqu'il ne repousse pas le cuir dans les petons du renard qui traînait dans le coin, assez épatants. Lorsque sa main intervient fermement sur un missile sol-air, on n'a pas le sentiment que le ballon part n'importe où. Ce qui nous permet d'embrayer sur une physique de balle qui, mariée à un moteur physique neuf et des collisions qui ne manqueront pas de faire pleurer de joie ceux qui aiment protéger la sphère comme un enfant qui vient de naître, s'avère tout simplement ahurissante. Le mot semble fort. Mais ce qu'il m'a été donné de voir sur certaines transversales ou cacahuètes, avec un léger flottement pour décrire une trajectoire non rectiligne, laisse une forte impression.

Portraits crachés

Pour tout ce qui est de l'impact de l'émotion sur l'effectif (un but d'entrée pourra mettre un coup sur la caboche et décontenancer tout le monde, obligeant à redoubler de vigilance), des retouches apportées aux coups de pieds arrêtés ou à l'interface, autant vous dire qu'on attendra la prochaine prise en mains pour s'assurer que des efforts ont été consentis puisqu'il semble que tout n'était pas encore prêt, en dehors d'un système de coup-franc qui pique moins les yeux. En revanche, ce sur quoi on peut statuer là, tout de suite, maintenant, c'est l'allure du jeu. Si seuls l'Atlético Madrid, Liverpool, le FC Barcelone, le Borussia Dortmund et le Brésil étaient présents avec une poignée de stades, cela reste suffisant pour dire que la réalisation tape fort. Les modélisations de joueurs comme Pierre-Emerick Aubameyang, Lionel Messi, Marcelo ou encore Antoine Griezmann, leurs expressions dans l'effort, sont assez bluffantes. Les stades, s'ils paraissent plus vivants sur le plan sonore que dans les gradins, ont gagné en finesse, pour un rendu global pas dégoûtant du tout. Et je ne vous racontre pas à quel point tout ceci est resplendissant en 4K sur PS4 Pro - laissant envisager une version PC de qualité. On apprécierait toujours que la mise en scène sur les entrées, replays et célébrations soient moins sages et plus variées. Mais qui sait.

"Bah alors, on t'entend plus"

Et là, vous vous dites que je n'ai fait que des duels, contre l'I.A. et quelques joueurs présents. Figurez-vous que cette démo renfermait quelque chose de plus intéressant encore. Pour les joueurs adeptes des soirées Ligue des Champions entre potes, le mode Coopération, qui permet du 3 vs 3 à la cool, a un potentiel fun assez exceptionnel. Sur le papier, ou plutôt l'écran, vous allez trouver ça un peu con. Il s'agit juste de la possibilité de jouer en multi, comme en match simple, avec une jauge individuelle, située en bas de l'écran, permettant de savoir si l'on est plutôt bon et influent durant la rencontre. A cela s'ajoute les statistiques personnelles révélées à la mi-temps et après le coup de sifflet final. Tout est analysé : des passes émises et reçues aux tackles réussis, des courses au positionnement... Et vos exploits ou échecs se retranscrivent en points. De fait, vous savez qui est le meilleur joueur sur le terrain virtuel. Mais aussi le plus mauvais. De quoi se gargariser ou pourrir quelqu'un. Cette nouvelle donnée compétitive va assurément remettre de la vie et du fun sur le canapé.. Restera à voir si tout le contenu suivra, si la Master League et le MyClub sauront se renforcer et les ateliers d'entraînements se renouveler et se diversifier. Si le jeu en ligne va enfin être à la hauteur ou faire s'effondrer tous nos espoirs. Eh oui, aujourd'hui, il faut être complet.

ON L'ATTEND... COMME UNE REMONTADA !
Après environ 3 heures de jeu, difficile de lâcher la manette sans se dire que l'attente de la Bêta online va être longue. Ce que montre PES 2018 avant l'ouverture de la saison est plus qu'encourageant. Il dénote d'une vraie volonté de Konami de ne pas rester dans la peau de l'outsider. Avec un gameplay qui a l'air de savoir sur quels compartiments se concentrer, un moteur sous créatine, et quelques petites idées sympathiques, cette édition a les cartes en mains pour faire que Pro Evolution Soccer redevienne un indispensable de votre salon. Mais ne nous enflammons pas. Il y a encore quelques étapes à valider. Et c'est à la fin du bal qu'on paie les musiciens, comme on dit.