Cela fait plusieurs semaines maintenant que le papa de Metal Gear fait l'éloge du nouveau film de Damien Chazelle (Whiplash) sur les réseaux sociaux. Mais cette fois, c'est plus sérieux.

Voilà le japonais devenu contributeur de Glixel, le portail jeux vidéo du célèbre magazine rock Rolling Stone. Et c'est pour parler de cette comédie musicale largement favorite des Oscars après son carton aux Golden Globes (7 récompenses). Enfin, parler. Disons plutôt pour déclarer sa flamme intense à cette comédie musicale dans laquelle sont réunis - après Crazy, Stupid, Love et Gangster Squad - Emma Stone et Ryan Gosling.

Voici sa missive, que vous pouvez retrouver en langue de Shakespeare en cliquant ici :

"Qui sommes-nous ? Et qu'est-ce que Hollywood au fond ? Juste un tas de gens qui viennent d'endroits différents". Ces mots de l'actrice Meryl Streep après avoir reçu le prix Cecil B. DeMille lors de la 74ème cérémonie des Golden Globes ont sonné comme un appel à réaliser l'importance des arts et leur pouvoir - le pouvoir des films à lutter contre la violence véritable de notre monde. "Hollywood est plein d'étrangers, de gens en marge", a-t-elle dit,"et si nous les mettons dehors, vous n'aurez plus rien à regarder que du football et du MMA, qui n'ont rien à voir avec l'art."

Mais quel pouvoir ont les films sur nous ? Quels pouvoirs ont les rêves ? Je crois avoir trouvé la réponse dans La La Land.

Le film débute avec une scène musicale énergique évoquant l'agitation des autoroutes de Los Angeles, et sa magie m'a immédiatement captivé grâce à sa musique joyeuse et ses couleurs éclatantes. Ce genre de séquence d'ouverture rappelle avec force l'âge d'or des comédies musicales d'après-guerre, comme Un Américain à Paris, Chantons sous la pluie et Tous en scène.

Les films hollywoodiens récents proposent rarement ce type de composition si brillant ici. Cela démontre instantanément que ce n'est pas notre Los Angeles à l'écran, mais d'un monde rêvé dans lequel les fantasmes cinématographiques et le Rêve Américain marchent côte à côte. C'est là qu'un pianiste de jazz débutant (Ryan Gosling) et une actrice pleine d'espoirs (Emma Stone) se rencontrent, tombent amoureux et partent à la poursuite de leurs rêves ensemble. Il s'agit d'un conte classique, aigre-doux et poignant dans lequel je pense que tout le monde peut se reconnaître.

Cette vision rêvée de LA dans le film est dépeinte à travers le passage de quatre saisons bien distinctes. Et à mesure que le temps passe, les deux amants se rapprochent, font face à des difficultés, pour petit à petit parvenir à accomplir leurs rêves. Cependant, à mesure qu'ils avancent, les couleurs vibrantes se ternissent. A mesure que le rêve devient réalité, le véritable LA s'immisce. Les couleurs du monde qui s'effacent signifient que les rêves ne peuvent se matérialiser sans sacrifice - mais où cela nous laisse-t-il ? Dans une réalité inoffensive ? Je ne crois pas, et je pense que là est le vrai message du film.

Observerle voyage de ce duo amène le public à réaliser que ce n'est, malgré tout, pas un monde de rêve. A la fin, nous voyons le personnage d'Emma Stone dans une voiture qui quitte l'autoroute pour retourner à LA, et l'on se demande ce qui nous y attend.

Les comédies musicales - qui à mon avis sont l'incarnation du rêve américain - ont commencé à décliner à la fin des années 60. L'Amérique se débattait avec la guerre du Vietnam, et le cinéma classique a laisse sa place à un nouvel Hollywood, mais ce changement n'a pas signifié la fin de tous les films. Bien que les comédies musicales aient pratiquement disparu, les films continuent de nous proposer de nouveaux rêves. Si La La Land n'avait été qu'un revival de l'âge d'or d'Hollywood effleurant le passé idéologique des États-Unis, il ne m'aurait pas touché, mais il m'a captivé car il file le long de l'autoroute des rêves et se faufile à travers le vrai LA avant de se diriger vers un nouveau rêve.

La La Land nous montre la douceur et l'aigreur de la création et du visionnage de films en tant qu'habitants du monde actuel, d'avoir un rêve et de le rendre réalité. C'est pourquoi il faut aller le voir, encore et encore. C'est l'histoire d'un indéfectible rêve éveillé que seul un film pouvait

De quoi donner envie d'aller découvrir ce film chantant et dansant ? A vous de nous dire.

Rappelons que Hideo Kojima entretient des liens très étroits avec le cinéma. Il a recruté Kiefer Sutherland pour Metal Gear Solid V : The Phantom Pain, initié le très annulé Silent Hills avec Guillermo del Toro (Hellboy, Pacific Rim...)et Norman Reedus (Blade II, The Walking Dead), qui l'ont rejoint depuis pour Death Stranding, son dernier projet, dans lequel Mads Mikkelsen (Hannibal, Doctor Strange...) tapera lui aussi l'incruste. Et il ne serait pas fou de penser que le casting s'enrichisse, grâce à ses connexions. Pourquoi pas avec un des deux protagonistes de La La Land ?

Au passage, notre bon Julien a eu l'occasion de voir la pellicule, attendue chez nous pour le mercredi 25 janvier, et il ne devrait pas tarder à vous dire s'il pense que, oui ou non, c'est bien le grand film que tout le monde encense depuis des mois.