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La "lettre aux collaborateurs de Gameloft," que vous pouvez retrouver en intégralité dans notre galerie ci-dessous, reflète l'approche généralement utilisée par Vivendi lors d'un rachat. Signée par Arnaud de Puyfontaine, le Président du Directoire de Vivendi, et Stéphane Roussel, son Directeur général en charge des opérations, cette lettre insiste sur les synergies que ce rachat hostile permet : 

Dans un contexte numérique porteur qui favorise la convergence entre industries créatives, le rapprochement entre Vivendi et Gameloft offre des opportunités de coopération dans de nombreux domaines : la co-création de contenus, le développement de nouvelles franchises, la constitution de communautés et d'audiences élargies, la mutualisation de nos réseaux de distribution, entre autres exemples. 

Aux créatifs de Gameloft, Vivendi tient à réaffirmer son soutien total : 

Notre groupe a montré son savoir-faire dans l'accompagnement des talents. Lorsque nous avons acquis EMI Recorded Music en 2012 par exemple, l'immense majorité des artistes nous a suivis sans hésitations. Nos deux sociétés ont donc en commun de valoriser tous les talents, en particulier les créateurs, leurs éditeurs, les concepteurs et les développeurs. [...]

Nous avons beaucoup à gagner à collaborer étroitement avec les équipes et l'ensemble des partenaires de Gameloft. Vous allez faire désormais partie d'une grande aventure collective qui s'inscrit dans un ambitieux redéploiement de Vivendi dans les contenus et médias. Ce projet s'appuiera avant tout sur vos talents et votre liberté de création. 

Le géant français n'évoque évidemment pas la vague de départs et de licenciements qui a touché le Groupe Canal+ au cours des derniers mois. En revanche, le groupe de Vincent Bolloré profite de cette lettre pour glisser un petit tacle destiné à la direction actuelle de Gameloft : 

Nous sommes convaincus que Gameloft, adossé à Vivendi, peut se montrer plus ambitieux dans ses projets de croissance. Sur un marché en pleine évolution, votre entreprise, qui a besoin de moyens industriels et financiers pour se développer, pourra compter sur notre engagement plein et entier. 

Comme l'a prouvé Vivendi par le passé, cet engagement "plein et entier" ne dure cependant qu'un temps. Pour rappel, Vincent Bolloré a récemment menacé de fermer Canal+ si la chaîne ne parvient pas à améliorer rapidement ses résultats. 

(Presque) fini de manger

En parallèle à cette lettre, Vivendi a, dans un communiqué publié sur son site officiel, confirmé la réussite de son offre publique d'achat (OPA) et donc de sa détention des la majorité des actions de l'éditeur français de jeux mobiles Gameloft.

Au cours de cette OPA lancée le 18 février dernier, le groupe de Vincent Bolloré a récupéré 28.155.587 actions de Gameloft, ce qui va lui permettre de détenir 61,71% du capital et au moins 55,61% des droits de vote de l'éditeur. Vivendi précise cependant que ces chiffres sont toujours provisoires et que les résultats définitifs seront communiqués par l'Autorité des Marchés financiers (AMF) d'ici le 2 juin prochain. 

À noter que cette participation de Vivendi a encore des chances de gonfler. Comme le stipule le règlement général de l'AMF, l'offre va prochainement être réouverte au même prix que le dernier tarif proposé par Vivendi (8 euros par action) pendant une période d'au moins dix jours de bourse. Cela a pour but de permettre aux actionnaires de Gameloft qui n'ont pas encore vendu leurs parts de le faire s'ils le souhaitent. 

Dans ce communiqué, Vivendi clame là aussi son intention de prendre le contrôle de Gameloft dès la prochaine Assemblée générale de l'éditeur : 

En fonction des résultats de cette réouverture, Vivendi fera nommer par l'Assemblée générale annuelle de Gameloft convoquée le 29 juin 2016 au moins la majorité des administrateurs de Gameloft et décidera du nombre exact et de l'identité de ses candidats.

Avec cette possession de la majorité des actions de Gameloft, le feuilleton Vivendi-Gameloft entre clairement dans une nouvelle phase. Il est évident que cette affaire n'a pas fini de faire parler.

[Source : Vivendi]