La première chose qui frappe dans Fire Emblem Fates, c'est l'effort de mise en scène par rapport à Awakening. Au-delà des séquences cinématiques encore plus épiques, cet épisode se veut encore plus immersif sur le champ de bataille. Cela se manifeste par un zoom du plus bel effet au moment de porter l'estocade, la caméra passant alors de façon spectaculaire de la vue aérienne au plan rapproché qui souligne du même coup les animations plus détaillées. Moins impressionnant sur la forme mais nettement plus sur le fond, des "veines dragunaires" s'immiscent dans l'arène. Derrière cette appellation un tantinet mystérieuse (l'étymologie en dit déjà long) se cachent des cases magiques qui permettent de déclencher des événements littéralement phénoménaux, qu'il s'agisse d'assécher les rivières, de créer une zone de soin ou de susciter une tempête. De telles modifications du terrain ont bien évidemment une incidence considérable sur le cours des hostilités, mais si ces interrupteurs sont visibles, encore faut-il pouvoir les activer...

Même pas mort !

C'est le privilège des membres des familles royales, et notamment de l'avatar que l'on incarne, une fois ce dernier personnalisé avec un peu plus d'alternatives esthétiques que par le passé. En parlant d'options, un troisième mode relatif à la faucheuse vient s'ajouter : le bien nommé "Phénix". Awakening avait déjà laissé libre de s'affranchir des décès permanents, Fates va ainsi encore plus loin en réduisant la mort à un simple malaise passager, le temps d'un tour. Cette évolution vise clairement à rendre la série encore plus accessible, à l'instar des armes désormais inusables (sceptres exceptés) et de leur système de forces/faiblesses plus lisible. Pourtant Fates n'en semble pas moins brutal, pour ne pas dire cruel, dès lors qu'intervient un terrible dilemme, après seulement deux petites heures. Car la destinée de notre héros le contraint à choisir entre sa famille d'origine, celle d'adoption, ou aucune, ce qui correspond respectivement aux trois déclinaisons de Fates : Héritage, Conquête et Révélation.

Savoir choisir sa destinée...

Dans l'absolu, la voie sélectionnée dépend de la version du jeu que l'on possède, en emprunter une autre nécessitant le téléchargement et donc l'achat (à tarif fort heureusement réduit) de cette dernière, hormis pour l'édition spéciale. Cependant, il s'avère ardu de se décider entre les deux premières, moins manichéennes qu'il n'y paraît. Elles suivent en effet deux parcours très différents, tandis que la troisième apporte davantage de recul sur cette histoire, ce qui justifie d'ailleurs sa publication a posteriori. Si l'on peut regretter que les trois scénarios n'aient pas été inclus systématiquement d'emblée, chacun constitue indiscutablement une expérience particulière. Héritage s'inscrit ainsi dans la lignée d'Awakening, avec des objectifs assez directs et le loisir de multiplier les défis annexes afin de renforcer ses troupes. Conquête se montre en revanche plus avare en or et en XPs, l'illustration d'un surcroît de challenge qui s'exprime également dans la nature plus malicieuse des missions et de fait dans leur variété. Révélation réunit ces deux aspects, en mettant l'accent sur l'environnement.

Ma vie de châtelain

Mais quelle que soit la déclinaison, on a droit à son propre château, le prolongement de la caserne d'antan. Ce lieu s'apparente à une sorte de mini jeu de gestion, où l'on construit des magasins, restaurants ou monuments tout en développant les relations entre les personnages, dans l'espoir d'engendrer des idylles, et des enfants. Une facette sociale rendue encore plus intimiste par l'opportunité d'interagir avec son âme soeur via l'écran tactile en vue à la première personne, une fois le mariage scellé. Pas question de nous appesantir ici sur les modifications entre la mouture japonaise et la française, et encore moins sur la censure que certains y voient, puisqu'elles tiennent surtout de spécificités culturelles et des problématiques de localisation, sans que cela ne trahisse a priori l'oeuvre originale. Une chose est sûre, la traduction dans la langue de Voltaire apparaît à nouveau résolument soignée, un point crucial pour retranscrire aussi bien l'humour quelquefois subtil du récit que l'émotion suggérée par certaines situations. Autant de bonnes raisons de brûler d'impatience en attendant de découvrir tout ce que nous réservent ces quêtes.ON L'ATTEND... FURIEUSEMENT !!!

Une mise en scène plus immersive, plusieurs destinées qui laissent s'exalter les différentes saveurs de Fire Emblem, de la plus douce à la plus épicée, et une dimension sociale plus chaleureuse, Fates porte la fabuleuse recette de la série jusqu'à ébullition. Reste à savoir si ces trois déclinaisons se suffisent à elles-mêmes et permettent de totalement nous rassasier, tout en évitant de sentir le réchauffé. En tout cas, rien qu'avec ses ingrédients stratégiques supplémentaires, Fire Emblem Fates a de quoi nous faire griller délicieusement les neurones !