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C'est dans les colonnes du Figaro que le Président d'Ubisoft a évoqué l'attitude agressive de Vivendi à l'encontre de sa société. Toujours déterminé à ne pas se laisser faire, il dénonce d'abord la manière :

La première étape dans une alliance, c'est d'apprendre à se connaître. Cette étape ne s'est pas bien passée, puisqu'ils ont acheté des titres sans nous prévenir... Cela a instillé le doute sur leurs intentions réelles.

Nous avons demandé à avoir des précisions par écrit sur leurs intentions et sur les synergies potentielles entre nos deux groupes. À ce jour, nous n'avons pas de réponses.

Persuadé que ce rapprochement ne servirait que les intérêts de Vivendi et bloquerait les grandes ambitions d'Ubisoft en tant qu'entreprise indépendante, Guillemot s'explique spécifiquement en citant l'exemple du film Assassin's Creed, actuellement en production :

En fait, nous avons eu beau chercher, nous n'avons pas trouvé dans cette potentielle alliance de choses positives pour Ubisoft. Mais c'est l'inverse pour Vivendi.

Le film Assassin's Creed, qui sort en fin d'année, c'est autour de 160 millions de dollars de production, auxquels vont s'ajouter 100 millions de dollars en marketing. C'est l'une des plus grosses sorties de la Fox cette année. Nous préférons travailler avec le TOP 5 du secteur plutôt qu'avec le numéro 10 (à savoir Canal+, propriété de Vivendi, NDLR).

Mais comment procéder pour empêcher le mouvement agressif de Vivendi, qui grignote successivement les parts d'Ubisoft en bourse et se rapproche peu à peu des 30% déclenchant automatiquement une OPA pouvant offrir à Vivendi le contrôle d'Ubisoft ? Yves Guillemot compte semble-t-il sur la bonne intelligence de ses actionnaires, qui selon lui comprennent les bienfaits de cette indépendance nécessaire au développement de la société, qui prévoit de tripler son résultat opérationnel à l'horizon 2019 pour un chiffre d'affaires de 2,2 milliards d'euros (+60% en 3 ans) :

Nous avons présenté notre stratégie aujourd'hui. Elle a été très bien accueillie par nos actionnaires, ils soutiennent notre feuille de route.

Beaucoup saisissent déjà la nécessité pour nous d'être indépendants. Il serait désastreux de faire gérer l'entreprise par une structure qui ne connaît pas le jeu vidéo.

Yves Guillemot s'est enfin appuyé sur l'exemple Activision Blizzard, autrefois sous le giron de Vivendi et désormais indépendant :

Je connais bien Bobby Kotick (...). Il expliquait que cette expérience avait été négative et qu'il était heureux d'avoir pu sortir de Vivendi, qui n'avait fait que le ralentir. Depuis qu'Activision est indépendant, son cours de Bourse a doublé. (...) [Les actionnaires d'Activision] m'ont raconté les colères noires que pouvaient avoir Bobby Kotick contre Vivendi, qui prenait des initiatives sans le prévenir.

Mais tenter de convaincre les actionnaires du bien fondé de cette résistance à l'opération agressive de Vivendi suffira-t-il à inverser cette tendance qui voit Vincent Bolloré se rapprocher dangereusement de la prise de contrôle de l'éditeur français ?

Vous pouvez consulter l'intégralité de l'interview d'Yves Guillemot sur le site du Figaro.