Que les choses soient claires d'emblée, il n'est guère conseillé, voire carrément insensé de se lancer dans Bravely Second : End Layer sans avoir achevé Bravely Default au préalable, et ce jusqu'à sa véritable fin. L'introduction dévoile ainsi tous les évènements majeurs du premier opus, y compris ses plus fabuleux coups de théâtre. Et malgré le soin apporté à ce résumé, il y a fort à parier que beaucoup de néophytes n'y comprendront pas grand chose, du fait de la complexité de son scénario aux ramifications multi dimensionnelles. Enfin, l'histoire de Bravely Second : End Layer débute seulement quelques années après la conclusion de son prédécesseur, alors qu'Agnès Oblige, devenue papesse, s'apprête à sceller un pacte de paix entre l'orthodoxie cristalline et le duché d'Eternia aux côtés d'Alternis et du Grand Maréchal. Autrement dit, il s'agit apparemment du même monde, et des mêmes protagonistes, bien que d'autres personnages ne tardent pas à faire leur apparition, pour le moins fracassante.

Un pour tous...

La cérémonie est en effet gâchée par un mystérieux individu masqué, le Kaiser Oblivion, accompagné d'une fée habillée de noir. Surpuissant et a priori invincible, il envoie illico au tapis toute la garde d'Agnès, avant de l'enlever. Le départ d'une nouvelle quête pour la délivrer, avec en guise de héros un certain Yew, son plus proche serviteur, vite rejoint par Janne et Nikolaï, pour former les Trois Cavaliers de "Sa Sainteté". Notre vaillant mousquetaire peut communiquer avec elle par le biais d'un fragment de son pendentif brisé lors du kidnapping, de sorte qu'Agnès reprend un peu le rôle joué jadis par Airy en donnant des conseils sur la marche à suivre. Leur route les mène bientôt jusqu'au Bosquet du Pèlerin dont l'atmosphère mélancolique rappelle beaucoup - et sans doute volontairement - la forêt fantôme de Final Fantasy VI. Cet aspect familier se renforce avec le retour d'Edea, puis de Tiz, la mise en scène spectaculaire de son réveil remémorant "à juste titre" les expériences gyroscopiques initiées par le premier épisode.

Et tous pour Agnès !

Pas question d'en dévoiler davantage à ce sujet, ni sur le circonstances qui conduisent l'équipe (évidemment toujours limitée à quatre membres) à rencontrer Magnolia, tombée du ciel, ou plutôt de la lune. Car son astre d'origine a été dévasté, et il faudra le reconstruire en temps réel au fil de l'aventure, comme le village de Norende dans Bravely Default. Décidément, cette suite comporte de nombreuses similarités, parfois soulignées d'un humour encore plus absurde, quitte à s'approcher du ton de Monthy Python. Ce second degré s'exprime d'ailleurs par le biais de notre donzelle lunatique, très haute en couleurs, à l'image des nouveaux lieux visités, encore plus beaux grâce aux subtiles améliorations du moteur graphique de Silicon Studio, qui mêle toujours 2D et 3D avec un relief époustouflant. On a le sentiment de redécouvrir Luxendarc, et pour cause, ces endroits n'existant pas auparavant, une liberté géographique habilement justifiée par le scénario pour mémoire. Toutefois nombre de destinations sont déjà connues, à l'instar de musiques déjà entendues, malgré l'ajout de compositions signées cette fois Ryo, du groupe supercell.

Tu plaisantes ?

Bravely Second : End Layer a indéniablement l'art de mélanger l'ancien avec le neuf, et s'il est encore trop tôt pour se prononcer sur le goût de ce cocktail, il semble assez harmonieux, les sonorités quelquefois étonnantes de ces mélodies faisant écho aux accents ironiques assumés de la narration. "Oh la vache !" dirait probablement Magnolia, francophone à ses heures (les doublages demeurent en anglais sous-titré dans la langue de Molière). Même constatation pour les classes, puisque la première obtenue est héritée d'un guerrier frénétique malencontreusement transformé en centaure que l'on croirait venu des films de gladiateurs. "L'Aurige" permet à terme de porter quatre armes simultanément, en somme une sur la tête et une autre sur le corps en plus des deux mains. Pratique pour exploiter les sensibilités des différentes familles d'ennemis à certains types d'armes, surtout que tout l'arsenal lui convient. Les jobs supplémentaires paraissent donc encourager les abus, en témoigne la possibilité de lancer des sorts sur plusieurs cibles sans perte d'efficacité.

Second jet

Une évolution logique, et dans la continuité des configurations d'équipes dégénérées que l'on élaborait dans Bravely Default, en particulier pour venir à bout des colosses remplacés ici par les Ba'als. Dans le registre des excès, le système de "Bravely Second" reste naturellement au programme (idem pour les micro transactions éventuellement associées), mais on a dorénavant l'opportunité d'enchaîner les combats, pour peu qu'ils soient remportés dès le premier tour, la récompense étant multipliée à chaque fois, sans compter un éventuel challenger tapis dans l'ombre. De quoi dynamiser encore les batailles, face à des ennemis inédits à l'allure quelquefois ridicule, mais qui tuent, eux. Attention donc à ne pas trop se reposer sur l'option d'automatisation des tactiques, la possibilité d'enregistrer ses combinaisons favorites de classes et de compétences aidant déjà à gagner du temps. En tout cas, Silicon Studio ne s'est pas reposé sur ses lauriers au vu de cette kyrielle de judicieuses améliorations, dans le sillage de celles effectuées pour la seconde version japonaise du premier volet. Et ce n'est pas tout, loin s'en faut...

ON L'ATTEND... EN COMPTANT LES SECONDES !!!
Comme certains le craignaient, Bravely Second : End Layer ressemble à une parodie de suite, mais dans le bon sens du terme. La narration traite ainsi avec humour le classicisme de l'intrigue et le recyclage de nombreux éléments, un second degré qui se traduit aussi à travers les nouvelles composantes du gameplay. Reste à savoir si la plaisanterie demeure drôle jusqu'au bout, et si cet opus répond sérieusement aux immenses attentes qu'il a suscitées. Verdict d'ici deux ou trois millions de secondes, dans le test.