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Le Federal Trade Commission (FTC) américaine, l'agence indépendante du gouvernement des États-Unis chargée de l'application du droit de la consommation et du contrôle des bonnes pratiques commerciales, a récemment déposé une plainte contre Machinima pour la campagne promotionnelle de la Xbox One payée par Microsoft et dissimulée dans les vidéos de plusieurs membres de son réseau de YouTubers

Dans sa plainte déposée contre Machinima, la FTC fait une description détaillée du programme de promotion payée de la Xbox One mis en place par Machinima et Starcom, l'agence de publicité de Microsoft. Voici la traduction des éléments les plus marquants :

Phase Une du programme influenceur du Défendeur : 

9. Dans la Phase Une du programme influenceur du Défendeur, le Défendeur a recruté cinq de ses influenceurs afin qu'ils produisent et uploadent deux tests vidéo chacun. Le document indiquant le travail donné à chaque influenceur procurait des instructions détaillées quant au contenu de chaque vidéo. 

10. Le Défendeur a ordonné chaque influenceur d'inclure dans leur premier test vidéo : 

Un montage vidéo montrant d'anciens jeux Xbox 360, parler en le montrant d'un jeu Xbox 360 auquel il joueur, etc.

Deux à trois sujets détaillant les fonctionnalités Xbox One auxquelles il a le plus hâte d'avoir accès

L'annonce qu'il pourra jouer à Ryse sur la Xbox (One) en avance

La vidéo durera au moins 2 minutes

La vidéo met en avant d'une manière positive les produits Microsoft

Le Défendeur a ordonné chaque influenceur d'inclure dans leur second test vidéo : 

Des captures vidéo du gameplay de Ryse réalisées dans les bureaux de Machinima

Deux à trois sujets détaillant ce qu'il aime dans le jeu

La vidéo durera au moins 2 minutes

La vidéo met Microsoft en avant de manière positive

11. [...] Les influenceurs ont "accepté de garder confidentiels en tout temps et pour toujours toutes les questions en rapport à" leur accord avec le Demandeur. 

14. Ni le document indiquant le travail donné ni l'accord promotionnel avec les influenceurs ont requis que les influenceurs révèlent dans leurs vidéos qu'ils ont été payés (pour créer le contenu). Le Défendeur n'a pas non plus obligé les influenceurs de révéler dans leurs vidéos qu'ils ont été payés. 

Pour info, la Phase Deux du programme influenceur correspondait à l'ouverture du programme à l'ensemble du réseau d'influenceurs de Machinima. Dans cette Phase Deux (dont les conditions étaient similaires à celles de la Phase Une), chaque influenceur recruté était payé 1 dollar pour 1.000 vues sur sa vidéo (avec une limite de 25.000 dollars). Bien évidemment, l'accord entre Machinima et l'influenceur devait rester secret, et rien n'obligeait une fois encore le YouTuber a préciser qu'il allait être payé pour ce contenu

Vendre n'est pas critiquer

Histoire d'enfoncer le clou, la FTC cite en exemple deux des YouTubers "influenceurs" qui ont participé à cette campagne et précise les sommes touchées par chacun :

Le Défendeur a payé l'influenceur Adam Dahlberg 15.000 dollars pour deux vidéo qu'il a uploadées sur sa chaîne YouTube "SkyVSGaming." Dans ses vidéos, Dahlberg a parlé de manière favorable de Microsoft, de la Xbox One, et de Ryse. Les vidéos de Dahlberg donnent l'impression qu'elles reflètent ses opinions personnelles. Dahlberg n'a révélé à aucun point des vidéos ou de leurs descriptions que le Demandeur l'avait payé pour les créer et les uploader. La première vidéo de Dahlberg a reçu plus de 360.000 vues, tandis que la seconde a été vue plus de 250.000 fois. 

Le Défendeur a payé l'influenceur Tom Cassell 30.000 dollars pour deux vidéo qu'il a uploadées sur sa chaîne YouTube "TheSyndicateProject." Dans ses vidéos, Cassell a parlé de manière favorable de Microsoft, de la Xbox One, et de Ryse. Les vidéos de Cassell donnent l'impression qu'elles reflètent ses opinions personnelles. Cassell n'a révélé à aucun point des vidéos ou de leurs descriptions que le Défendeur l'avait payé pour les créer et les uploader. La première vidéo de Cassell a reçu plus de 730.000 vues, tandis que la seconde a été vue plus de 300.000 fois. 

Pour la FTC, Machinima viole avec ce programme le Federal Trade Commission Act (la loi qui rend illégales les pratiques commerciales déloyales) à plusieurs niveaux. Pour elle, Machinima a implicitement indiqué que ces tests vidéos "reflétaient les opinions indépendantes de fans de jeux vidéo impartiaux" alors que ce n'était pas le cas. La FTC affirme de plus que l'absence d'indications du fait que les YouTubers ont été rémunérés pour leurs vidéos constitue une "pratique trompeuse." 

Dans un communiqué diffusé hier par la FTC, cette dernière indique que les deux partis ont résolu cette affaire via un accord à l'amiable qui empêchera Machinima de réaliser une opération similaire : 

Il est interdit à Machinima de se comporter de manière trompeuse à nouveau à l'avenir. Il est requis à la société de s'assurer que ses influenceurs révèlent explicitement lorsqu'ils ont été dédommagés en échange de leur soutien. 

YouTube a représenté pendant pendant plusieurs années une version virtuelle de la ruée vers l'or. Les YouTubers, les annonceurs, et les réseaux comme Machinima ont profité pendant longtemps d'une absence de contrôle et d'application des lois en vigueur. Un à un les pays se penchent sur la question, avec des conséquences comme celles détaillées ci-dessus. Il est désormais possible de se demander quand les autorités françaises décideront de s'intéresser au cas des vidéos des YouTubers de l'hexagone. 

[Sources : FTC/Kotaku]