On le sait, les smartphones sont désormais de véritables consoles, les éditeurs l'ont d'ailleurs très bien compris en concluant des partenariats, notamment avec Apple. Des exclusivités temporaires où il faut patienter plusieurs mois avant des les voir arriver sur d'autres plateformes comme Android.

On peut d'ailleurs prendre le cas de EA avec son Plants vs Zombie 2 resté exclusifs à l'iPhone durant deux mois. Zeptolab, le studio à qui l'on doit Cut The Rope a opté pour la même solution pour le deuxième volet, avec une exclusivité de trois mois avant de le porter sur Android.

En contrepartie de ces exclusivités, la firme de Cupertino ne donne aucun des royalties récoltés, mais accentue la publicité de ces titres sur l'Apple store afin qu'ils jouissent d'une plus grande visibilité. Google userait du même stratagème pour attirer des jeux en exclusivité sur sa plateforme. Ce n'est donc pas qu'une question de favoritisme ou de bons sentiments, les enjeux sont très élevés.

En effet, les exclusivités permettent de fidéliser les clients et de leur proposer du contenu qu'ils ne retrouveront pas ailleurs. Et l'une des raisons principales est évidemment l'aspect financier : 16 milliards de dollars ont ainsi été dépensés l'année dernière sur les applications mobiles. Les jeux vidéo représentent 70% de ces revenus selon App Annie, un "tracker" de datas.

Emily Greer, CEO de la plateforme de jeux en ligne Kongregate donne son avis sur le sujet :

Quand des personnes aiment un  jeu, et qu'il n'est pas disponible sur une plateforme alternative, ils changent de plateforme. Le niveau d'attachement d'une personne à un jeu peut dépasser presque n'importe quoi.

Ceci n'est pas sans rappeler les méthodes "ancestrales" pratiquées dans le monde des consoles de jeux vidéo. Depuis toujours, les constructeurs ont appâté les joueurs en proposant des titres exclusifs à leur console. Poussant même jusqu'à adopter des mascottes : Sonic pour SEGA et Mario pour Nintendo. Cela reste encore vrai aujourd'hui, avec dernièrement Titanfall, qui est exclusif à la Xbox One ou les titres estampillés Naughty Dog sur PlayStation.

Du côté des géants, Apple est celui qui attire le plus les créateurs de jeux vidéo car c'est un écosystème comptant peu d'appareils, contrairement à Android et son OS disponible sur énormément de "devices". Mais cela n'empêche pas nos deux géants d'offrir des stores tous aussi fournis.

Patrick Mork, directeur du marketing global et chef exécutif des jeux mobiles chez Google donne d'ailleurs son point de vue concernant les jeux  :

Les applications de jeux vidéo sont essentielles. Ce n'est pas seulement là où les gens dépensent leur temps et leur argent, c'est aussi un moyen de montrer la puissance de leurs appareils.

Ces accords d'exclusivité permettent notamment d'accentuer les ventes d'un titre, quand ce dernier est payant. Cependant, certains développeurs n'y trouvent pas leur compte dans cette façon de fonctionner comme l'explique Gonzague de Vallois, responsable du marketing chez Gameloft qui évoque des discussions avec Apple concernant l'exclusivité du jeu de course Asphalt.

 Nous n'avons pas trouvé d'accord qui nous convenait.

Du coup, Ashphalt 8 a eu droit à une sortie simultanée sur iOS et Android. D'autres éditeurs négocient avec les deux géants comme le souligne un responsable de EA indiquant que la société "travaille en étroite collaboration avec Apple et Google".

 D'autres sociétés veulent aussi prendre part à ce business, c'est notamment le cas du géant du e-commerce Amazon. Ce dernier veut proposer du contenu exclusif à sa plateforme : Amazon Appstore :

Nous travaillons avec énormément de développeurs afin d'amener leurs applications sur l'Amazon Appstore dont certaines d'entre elles sont exclusives à notre store.

Mais offrir des jeux mobiles exclusifs peut-il influencer la décision d'un achat d'un quelconque device (smartphones ou tablettes) ? Lewis Ward, analyste chez IDC pense que l'impact est minime :

En termes de critères de décisions lors d'un achat d'un appareil, les jeux n'influent que très peu.

La bataille fait donc rage du côté des jeux mobiles et à coup sûr, nous n'avons pas encore fini d'entendre parler de cette tendance.

[Source : Wall Steet Journal]