En cette période trouble pour les commerces physiques de biens culturels, avec les liquidations de Virgin et la fin programmée de GAME, nous nous sommes posés la question de savoir ce qu'il pourrait en être pour Micromania. Ainsi alors que le groupe pourrait racheter 40 boutiques pour 1 million d'euros (nous attendons toujours qu'il nous recontacte sur le sujet), qu'en est-il de sa santé financière et de son adaptabilité au marché ?

Avec un chiffre d'affaire stable depuis 4 ans, avec un pic en 2009 avec 589 millions d'euros, et 488 millions engrangés en 2012, le tout pour des bénéfices annuels oscillant entre les 20 et 30 millions d'euros, le groupe semble financièrement armé pour faire face à la crise

Pour en savoir plus, nous avons contacté des responsables de boutiques d'envergure. Ces derniers soulignent d'ailleurs que la situation n'a rien à voir avec celle de GAME. En effet Micromania n'aurait pas souhaité se lancer dans une guerre acharnée sur les prix. Le but ? Maintenir des marges décentes et pouvoir ainsi réinvestir. 

Autre élément pointé du doigt pour expliquer une telle différence de santé, la moyenne d'employés n'aurait rien à voir avec celle pratiquée par GAME. Ainsi les boutiques Micromania emploieraient en moyenne moins de salariés par boutique que chez leurs concurrents. Une fois de plus le mot d'ordre est clair : rentabilité. Et ça marche. Pour l'une de nos sources, le constat est simple : 

GAME s'est lancé dans la guerre des prix, dans un magasin qui ne fait que du jeu vidéo, ce n'est pas possible. On ne vit que par l'occase. Le neuf, soyons francs on ne marge rien, ou presque rien dessus. Quand il n'y a rien d'autre pour compenser ta perte de marge, pas possible. Micromania était un peu plus cher globalement, mais au moins nous respectons nos marges. Ce qui nous a permis de continuer à ouvrir nos magasins. 

Preuve de la lucidité de certains responsables de boutiques chez Micromania, le "gamer" n'est aujourd'hui plus la seule cible visée. Et ce pour une raison fort simple : 

Le gamer qui s'y connaît bien n'achète plus un produit, mais un prix. Les gros gamers se contentent de venir en boutique pour dialoguer, mais ils achètent sur le net. GAME ne s'est pas bien préparé à ce changement. Chez nous, on vend du dématérialisé via des cartes pré-payées et ça marche très bien. 

Si tout semble donc aujourd'hui au beau fixe chez Micromania, des craintes de certains employés sur l'avenir nous sont néanmoins parvenues. La première d'entre elle étant le spectre de la fin de l'occasion évoquée sur la prochaine génération de consoles.

Si le système actuel perdure, on peut survivre. Mais si un jour, les constructeurs suppriment l'occasion : on fait un an et on est mort ! Déjà le marché se restreint, les consoles portables déclinent sans cesse. Si Nintendo s'en sort encore, la PS Vita est quasi inexistante, voire déjà morte. Du coup on est obligé de diversifier notre champ d'activité, c'est pourquoi on se met à vendre des tablettes. Et ça marche.

Dans un marché du jeu vidéo de plus en plus concurrentiel et soumis à des changements technologiques (nouveaux appareils, nouvelles habitudes de consommation, dématérialisation, streaming, achat sur internet), la survie des boutiques en dur semble ainsi passer par une remise en question profonde pour accompagner au mieux les habitudes des clients. Micromania paraît s'y préparer dès maintenant pour éviter un scénario à la GAME...