Peut-être que certains anciens lecteurs se souviennent d'une époque où nous officions dans Joypad mais aussi l'Officiel PlayStation, et d'une rubrique particulière de ce dernier : les "si mauvais qu'on n'a pas voulu nous l'envoyer". Il s'agissait bien entendu de tests de jeux que nous allions acheter en boutique, parce que les éditeurs n'osaient pas les envoyer. Enfin n'osaient pas... ils ne devaient pas se torturer bien longtemps avant de prendre la décision de la jouer discrétos. Evidemment, ces méthodes existent toujours, et parfois, ça déborde.

Côté pressions, on ne peut pas dire qu'il n'y en ait pas de temps à autres (après tout c'est leur job), mais globalement, pas trop de coups de Trafalgar bizarres comme celui qui nous préoccupe aujourd'hui, et qui aurait eu lieu en Norvège, comme le rapporte notamment Gameranx.

Là-bas, loin de se laisser refroidir par le climat, la presse vient de balancer en ligne un lièvre facilement déterré : EA aurait envoyé des questionnaires aux rédactions norvégiennes (notamment GameReactor.no et Gamer.no), avant de choisir de mettre à disposition, ou non, des versions pour le test de Battlefield 3. Il semblerait plus exactement, en fait, que c'est ce questionnaire qui fut envoyé en réponse aux demandes de versions des rédactions. Jusque-là, rien de bien anormal en soi, puisqu'il s'agissait notamment de récupérer les coordonnées des journalistes, mais très vite, les questions se font plus orientées :

a. Coordonnées - téléphone et email (au cas où nous ayons à les contacter pendant les sessions multijoueurs en ligne)
b. A-t-il personnellement testé Battlefield Bad Company 2 ou Black Ops, ou était-ce juste la rédaction ? Quelle était sa note personnelle
c. Quelle est son expérience passée de la licence Battlefield ?
d. Est-il un fan de Battlefield ?
e. Est-il un fan de Call of Duty ?
f. A-t-il joué à la licence BF ? BFBC2 ? 1943 ? BF2 ?
g. A-t-il exprimé de l'enthousiasme ou des préoccupations à l'égard de BF3 ? Lesquels ?
h. A-t-il joué à la beta ? L'a-t-il appréciée ou a-t-il été frustré ?
i. Quelle est sa vision actuelle du jeu ?

A l'évidence, et considérant les communications extraordinairement aggressives d'EA face à Call of Duty (le patron Riccitiello ayant même déclaré qu'il voulait que la licence d'Activision "pourrisse jusqu'à la moëlle"), l'éditeur semble tout faire pour s'assurer que les journalistes chargés par les rédactions des tests de BF3 soient favorables à leur licence plutôt qu'à celle d'Acti (comme si on ne pouvait d'ailleurs pas apprécier les deux, mais passons). L'affaire a été relayée par NRK, média généraliste norvégien équivalent de nos quotidiens en ligne, qui affirme par ailleurs que certaines rédactions ont vu l'envoi de leur version annulé.

Plutôt que de nier les faits, EA a choisi de communiquer localement sur une... "erreur humaine". Plus exactement, le responsable marketing d'EA Norvège, Oliver Sveen a déclaré :

Le fait que ceci ait été envoyé à l'extérieur est une erreur humaine. Nous avons commis une faute et nous nous en excusons. C'est quelque chose qui n'aurait jamais dû arriver et qui n'arrivera plus.

Des excuses appréciables, mais un peu creuses. En ce qui concerne la France, les sites majeurs comme Gameblog ont normalement accès à l'avance à ces fameuses versions "review", qui nous permettent de livrer les tests en temps et en heure, mais EA nous a fait savoir que nous n'aurions pas accès à des versions finales du jeu avant la veille de sa sortie sur le territoire américain, le 25 octobre. Du coup, les tests seront certainement en retard, quelles que soient les plates-formes... nous tenterons néanmoins de les mettre en ligne le plus rapidement possible... mais surtout en restant les plus complets possible !

-Via-