Dr Mario

Genre :

Expérience hallucinatoire
Editeur : Nintendo
Année
de sortie :
1990
Support : Super Nintendo, GB, GBA et NES

Avec Dr Mario, Nintendo transcende le concept de la glauquitude chosique en nous proposant un petit documentaire vidéoludique assez brutal qui dépeint le quotidien besogneux d'un dealer de drogue dont la caractéristique physique est d'être le sosie parfait de Saddam Hussein. Dans son mini-laboratoire improvisé situé dans une cité délabrée d'Aubervilliers, le sinistre Dr Mario fabrique des pilules d'ecstasy en toute impunité, qu'il compte stocker à l'arrache dans d'anciens bocaux de foie gras pour les revendre à la sauvette à la Fête de l'Huma. De là va commencer un bad trip à la fois visuel et sanitaire.

Celui qui se fait appeler pompeusement Dr Mario pour inspirer la peur et le respect dans sa cité, se nomme en réalité Tramber, et est souvent shooté à sa propre médecine. Du coup, dans un effet secondaire interlope du à l'usage dangereux et prohibé des stupéfiants, Tramber va halluciner grave en imaginant des virus, des microbes infestant ses pots de foie gras vides. Si bien qu'il va mettre plusieurs heures rien que pour les remplir de ses centaines de gélules. Pire encore : sous l'effet perchant de la drogue, il va faire une méchante fixette sur les couleurs de ses pilules en tentant de les déposer par ordre de coloris accordés aux teintes des organismes imaginaires. Car dans son pauvre délire de focalisation de junkie de merde, il croira dur comme fer qu'aligner des ecstas du même pigment aura pour effet d'éradiquer ces bactéries infectieuses fictives. Bref, Tramber va ainsi passer des heures durant dans son infâme boudoir de 8 m² tel un autiste bloqué dans sa crise obsessionnelle, à tenter tant bien que mal de charger ses récipients de cachetons. Si bien qu'au final, alors que la nuit est tombée entre temps, il n'aura même plus l'énergie nécessaire de sortir de chez lui pour dealer son mélange douteux, son activité de remplissage lui ayant pompé toute son énergie vitale et intellectuelle. Bref, avec Dr Mario, Nintendo nous livre une démonstration magistralement dénonciatrice des méfaits de la drogue et de leurs ravages irrémédiables sur nos neurones. La moralité rabelaisienne étant que si un jour vous devez dealer de la dope, pensez à ne jamais consommer en même temps. Enfin je crois.

Complètement perché, Tramber va passer une journée entière à tenter d'accomplir un geste qui n'aurait même pas nécessité plus d'une minute dans un état normal.