Le sexe et les jeux vidéo, une relation qui n'a pas fini de faire
couler de l'encre. Entre sensibilités froissées, méconnaissance des
pratiques vidéoludiques étrangères, et vrai problème du statut des femmes dans nos
sociétés modernes (même en France, je n'en démordrai pas), l'amalgame
est vite fait. Pourtant, le problème posé aujourd'hui par la polémique RapeLay est fascinant autant que délicat, car il touche à des tabous de nos sociétés occidentales, clairement exploités comme des arguments de ventes au Japon. Une problématique extrêmement compliquée qui témoigne encore des fossés entre cultures.

Les Faits...

A l'origine, RapeLay, un jeu Hentai (ou Eroge, c'est à dire des jeux à caractère pornographique ou sexuellement explicites clairement désignés) sorti en 2006 au Japon, et bien connu des amateurs du genre. Les joueurs y sont invités... à violer des femmes dans le métro. Ce n'est pourtant que presque quatre ans après sa sortie que le titre va tristement faire
parler de lui...
D'un côté, le site internet de la chaîne CNN raconte comment Egality Now, une association de défense des droits de la Femme à travers le monde, a contribué à faire retirer le jeu des
étals.
Suite aux commentaires choqués des internautes, un deuxième article paraî, cette fois étayé par le témoignage d'un professeur
de sociologie. Il est intitulé : "Pourquoi RapeLay prospère au Japon ?" et se veut une explication des divergences de sensibilité entre les deux
sociétés.
En réponse à cet article, le mangaka Nogami Takeshi publie une lettre ouverte à CNN dans laquelle il accuse l'expert interrogé
dans le second article "d'associer les citoyens japonais à d'ignobles criminels".

Pourquoi est-ce si compliqué ?

Dans un premier temps, je vous invite à
jeter un oeil aux URL
des articles du site CNN. Dans la grande
course au référencement, l'intitulé des adresses de page est un outil
reconnu, notamment dans le choix de
mots clés
. Pour le premier article, ce sont les mots /japan.video.game.rape/ qui
apparaissent, et non le titre de l'article. Lorsque le second article
paraît c'est /rapelay.japan/ qui apparaît. De plus, l'expert consulté dans le second article pour
expliquer l'engouement des jeux pornos au Japon est un professeur de
sociologie qui enseigne à l'université un cours intitulé "La Jeunesse et les Cultures Déviantes au
Japon
". Pourtant, l'article en question tempère les jugements que les
occidentaux pourraient porter sur les japonais, en expliquant que si nos amis nippons expriment leur sexualité différemment, elle n'est pas
forcément différente de la nôtre. Et de conclure que les Etats-Unis
connaissent aussi leurs propres problèmes liés aux différences de sexe.

De son coté, Nogami Takeshi, le mangaka, invoque la légendaire sécurité
des femmes au Japon, où le taux de
criminalité est bien inférieur à celui des Etats-Unis
. Il accuse
aussi le piratage de donner accès gratuitement à ces jeux pour adultes,
ainsi que l'inefficacité des systèmes de classification, et les
boutiques où les jeux sont trop librement vendus. Des mots durs, qui ne
cachent pourtant pas une réalité du Japon ou depuis 2001, des rames de métro sont réservées aux femmes craignant les mains
baladeuses...

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