Paperboy

Genre :

Economie et Convention du Travail
Editeur : Atari
Année de sortie : 1984
Support : Game Boy, N64, Xbox 360, NES, Arcade et tous les ordis préhistoriques

Dans Paperboy, un pauvre petit garçon est payé au lance-pierre pour distribuer des journaux dans sa ville à l'aide de son fidèle vélo tout pourri. Le titre d'Atari propose une critique sociale virulente des États-Unis, qui traite sans concession du travail illégal des enfants mineurs dans une société tayloriste  qui incite à la consommation, exhorte ses citoyens à la recherche du profit à tout prix et sous toutes ses formes. Et ce, quitte à bafouer les Droits de l'Homme ou à enfreindre les règles impérieuses des conventions du travail collectif. Outre le fait que le soft démontre également que l'enfant n'est pas encore prêt à se déplacer au dessus de 45km/h, Paperboy pointe du doigt un autre mal interlope qui frappe la plupart des pays capitalistes : l'économie souterraine.

L'existence d'un taux de travail au noir important est le signe d'un dysfonctionnement grave de l'économie formelle ou des services publics de l'État. Si l'économie souterraine se développe, c'est que le marché officiel du travail connaît des rigidités qui paralysent le développement du véritable emploi. Cela est souvent provoqué par la lourdeur de la pression fiscale qui pousse les entreprises à fuir l'impôt en créant une activité informelle, ou encore la lenteur des règles administratives qui décourage toute initiative d'investissement. Mais Atari semble nous livrer des pistes à la fois économiques et divines pour lutter contre cela. Il s'en remet au concept de la main invisible selon Adam Smith, qui est une sorte de force interventionniste immatérielle qui auto-régule le marché, établit automatiquement l'équilibre entre l'offre et la demande. Ainsi, toutes les manifestations des obstacles (chiens, voitures, poubelles...) se dressant devant notre jeune livreur de journaux ne seraient tout bonnement que la démonstration manifeste de la présence de cette main invisible quasi-mystique tendant à décourager le travail au noir des mineurs et à favoriser le bon fonctionnement du système capitaliste. Finalement, selon les capacités vidéoludiques du joueur, la conclusion de Paperboy ira dans le sens du néo-libéralisme, ou pas. Enfin je crois.

Le travail des mineurs, non ce n'est pas sale. Surtout à des prix compétitifs.