Quake III Arena

Genre :

FPS Brechtien
Editeur : id SoftWare
Année de sortie : 1999
Support : PC, Mac et consoles

Quake III Arena est une fable anthropomorphique intello lynchéenne filmée entièrement à la troisième personne, qui soulève une problématique aussi surréaliste qu'interlope : de quelle manière pourrait exister une main droite volante autonome, s'il était possible qu'elle soit dotée d'une existence propre dégagée du corps et dotée d'un libre arbitre ? Effectivement, dans cette allégorie vidéoludique fioutcheuriste qui nous réserve une surprise abracadabrante dans son final, id Software tente de déconstruire l'anatomie humaine telle que nous la connaissons pour mieux la transcender dans une réflexion profonde sur la nature humaine, l'essence de la normalité ou encore le rejet de l'autre. À travers cette expérience sociologique bien extrême, le joueur sera ensuite amené à réfléchir à l'intégralité des points soulevés pour ensuite refaire le monde à sa convenance avec son voisin de palier. Un peu comme dans les œuvres de Bertolt Brecht...

Le documentaire interactif commence par une balade anodine dans divers lofts à l'architecture damidienne bien sentie. Nous incarnons une main droite flottante armée d'un canon à boules (tout le monde est membre de la NRA  dans le fioutcheur !) qui lézarde pacifiquement dans de vastes couloirs. Mais bien rapidement, nos promenades seront ponctuées par de nombreuses rencontres anxiogènes avec des êtres humains dits « normaux », qui dégénèreront rapidement en pugilat. Car procédant de cette même absurdité que celle d'un homme qui écrase par réflexe un insecte car il est différent de lui, nous deviendrons la cible privilégiée de cette même ségrégation qui met en exergue la tendance humaine à vouloir à tout prix détruire ce qui ne peut être compris. Une main droite qui vole, ça n'existe pas, ce n'est pas logique, donc ça doit forcément être exterminé ! De plus, le fait que QIII se déroule dans le futur renforce l'idée qu'aussi moderne que l'homme soit, il ne sera en fin de compte jamais prêt à accepter la différence, la singularité. Un bilan bien pessimiste d'autant plus que lors des game overs, un revirement de situation roboratif du à un changement de vue de caméra nous plongera dans une mise en abime stratosphérique de ouf malade : contrairement à ce qu'on a voulu nous faire croire depuis le début, le joueur n'incarnait pas une main droite, mais bel est bien un être normal. Il ne s'agissait donc que d'une vue subjective de sa main droite... LE jeu bien cheulou par excellence qui invite à la masturbation intellectuelle, et qui confirme la pensée de Hobbes  affirmant que l'homme est un loup pour l'homme.

Dur dur d'être dans la peau d'une main droite autonome et volante qui suscite la haine de l'homme... Ou pas.