La semaine dernière, lors de la quatrième Develop Conference annuelle, Denis a tracé des parallèles entre l'industrie du cinéma et celle du jeu vidéo, pour expliquer que selon lui, c'est la narration et non le gameplay qui motivera le game design à l'avenir :

"Nous commençons à atteindre le seuil de perceptibilité de la technologie. Ce que j'entends par là, c'est que le consommateur ne s'aperçoit plus vraiment des bonds technologiques qui ont lieu. C'est exactement ce qui s'est passé avec les films."

Arguant par exemple que la transition 3D / HD n'a pas l'ombre de l'impact de la transition 2D / 3D (à raison), Dyack s'est servi d'un film de 1895, Repas de Bébé pour illustrer son propos.

"Si vous regardez le film, c'est tout ce qu'il montre. C'était l'un des films les plus populaires de son époque, et tout ce qu'il montre c'est une famille nourrissant un bébé. À l'époque, il y avait souvent des films montrant par exemple des pompiers sauvant des bébés de bâtiments en feu ; il n'y avait pas d'intrigue, pas de début, pas de fin. Le film tournait littéralement en boucle et les gens venaient dans la salle, le regardaient, puis partaient. Au bout d'un moment, le côté impressionnant de la technologie s'est dissipé. Nous sommes passés d'un cycle spéculatif à un cycle narratif."

Curieux d'assimiler le gameplay à la technologie, vous dites-vous ?

L'analogie est-elle valide ? On peut en effet se poser la question : autant pour ce qui est de la technique pure, c'est à dire moteurs 3D & graphiques, traitement sonore, etc., il paraît évident que les bonds technologiques et l'attente du public seront moins portés sur ces aspects précis. Mais le gameplay ?

"Si l'on observe les jeux vidéo de la même manière - et c'est probablement là que de nombreux game designers seront mécontents à mon égard - beaucoup de personnes disent aujourd'hui que ce qui fait l'intérêt des jeux vidéo, c'est le gameplay. C'est évidemment très important, aussi fondamental que le mouvement de l'image pour le cinéma. Mais si l'on observe tout cela au travers du prisme historique du cinéma, la dominance du gameplay va s'estomper petit à petit au profit d'un mouvement vers le narratif. La manière dont nous contons les histoires et divertissons les gens deviendra plus importante", explique Dyack.

Personnellement, si vous voulez mon avis, autant je crois qu'effectivement, l'importance du narratif ira en grandissant (sur les productions mainstream et autres blockbusters, surtout), autant j'ai du mal à voir le gameplay passer au second plan dans l'importance des forces nourrissant les projets. Pour autant, ce cher Denis pourrait bien avoir raison, car il est tout simplement plus aisé de créer une nouvelle histoire qui intéressera les gens, que de créer un nouveau gameplay auquel ils seront sensibles en tête de gondole... surtout quand d'autres ont déjà bien défriché la voie dans des genres canoniques comme le FPS ou le jeu d'Action, les plus populaires. D'ailleurs, ne serait-ce pas pour cela qu'il y avait tant de jeux d'un même type à l'E3 2009 ?