Basé à Lyon et auteur d'un certain Arx Fatalis (2002), Arkane Studio s'attaque cette fois-ci à la licence Might and Magic. Très proche dans le fond de son prédécesseur, Dark Messiah lorgne vers le FPS tout en gardant un côté aventure et une pointe de RPG. Le pot est donc pourri mais quand est-il du jeu?

 

Il faut que ça Sareth!

 Sareth.
C'est ainsi que le personnage se nomme; et on peut dire qu'il n'a pas
froid aux yeux! A peine vient t-il d'achever sa formation auprès de son
maitre, Phenrig, que déjà celui-ci se voit en train de mettre la misère
aux monstres du coin. Et il va être servi, croyez-moi! Après un
prologue sous forme de tutorial, nous voici arrivé à Heaumeroc; une
ville fortifiée et libre qui va rapidement perdre ces deux
caractéristiques. Cyclopes, gobelins et autres joyeusetés de ce genre
vont en deux en trois mouvements assiéger la ville. Évidemment cette
attaque n'était qu'un prélude et il ne tiendra qu'a vous de sauver le
monde d'un mal encore bien plus grand. Bon, je vous l'accorde, niveau
scénario, on a fait plus original, mais honnêtement, on est habitué
maintenant... En fait, si il y a bien une chose d'originale dans ce
torrent de banalité machiavéliques, c'est une jolie donzelle portant le
"doux" nom de Xana (pas la guerrière!). Particulièrement collante,
puisque dans votre tête, elle rythmera votre aventure à coup de
remarques, moquerie, excès de jalousie et autres réflexions
tendancieuses ou désobligeantes. Les femmes... toutes les mêmes!

 

Parcours des combattants

Mais
parlons de choses plus viriles. De castagnes, d'armes contondantes, de
sang... et du gameplay un peu aussi. Premièrement, vous débutez votre
périple avec un unique héros. Mais par la suite vous le façonnerez
selon vos affinités et votre façon de jouer. Grâce à une dizaine de
compétences, vous pourrez vous créer un mage armé d'une épée, un archer
maitre de l'infiltration ou un guerrier philatéliste (ah non, autant
pour moi). C'est un des aspects RPG du titre sans compter la
récupération d'objets et d'équipements. Le "souci" est que compte tenu
du faible nombre d'objets différents et de compétences, cet aspect
apporte tout au plus un bon potentiel de rejouabilité. Car le cœur du
titre se situe en fait dans les combats et l'exploration. Alors ici pas
question de déambuler librement façon Oblivion; la
progression offre certes assez de liberté mais l'ensemble est tout de
même assez dirigiste. Cette construction peut sembler étrange au début
mais il faut garder en tête que Dark Messiah est
avant tout un jeu d'aventure. Enfin, cette dénomination est quelque peu
réductrice. Car le titre puise toute sa richesse dans le mariage des
genres. Un peu de plate-forme par ci, une pointe d'action par là, les
combos à l'épée côtoient barre de mana et sort de soin. On enchaine
missions principales et secondaires; celles-ci nous rapportant des
points à placer dans les compétences dont je parlais plus haut (sorts,
maitrise d'une arme, discrétion...). Ces missions - prétextes à faire
avancer le scénario - nous entrainent dans des lieux tous plus
grandioses les uns que les autres. Des habitations à flanc de
montagnes, des souterrains infestés d'araignées, une île peuplée
d'orcs, la diversité des lieux traversés permet de faire oublier le
déroulement assez convenu de l'ensemble. On avance avec plaisir mais
les scènes marquantes se font rares. Mise à part les boss (cyclopes,
dragon, vers et araignées géants), on passe son temps à bastonner du
gobelin et à essayer de trouver son chemin dans des environnements
fermé mais bien assez ouvert pour que l'on s'y perdent. Et pas la
moindre carte ou liste d'objectifs à l'horizon. Parfois galère...

 

Des corps réactifs

 Tournant sur le moteur Source de Valve (Half-Life 2), Dark Messiah jouit
d'un moteur physique très convainquant et qui n'est pas uniquement là
pour faire joli. A l'instar du cultissime HL2 (hop, ça c'est fait...),
la physique a un réel impact sur la façon d'aborder les situations et
constitue le gros point fort du titre. Des ennemis en passant par le
décor, vous êtes maître de la situation. Pour avancer, il ne faudra pas
hésiter à couper des cordes et démolir des structures dans le but
d'écraser la concurrence. On s'amuse, sourire sadique en coin, à
distribuer des coups de tatanes pour admirer les réactions que cela
entrainent. D'ailleurs, je dois avouer que le niveau à flanc de
montagne, parsemé de gouffres, a provoqué chez moi l'indomptable besoin
d'écouter encore et encore le cri d'un orc faisant l'expérience de la
gravité. J'aime également observer un ennemi malencontreusement tombé
dans le feu ou s'étant empalé contre des pics. Dans un registre plus
"poétique", le moteur physique rend l'univers vivants et dynamise la
mise en scène. C'est sans doute moins marrant mais c'est important.

 

Cela coule deSource...

Si vous avez déjà joué àHalf-Life 2 (si non, il est encore temps de remédier à cela...), vous savez certainement que le moteurSource excelle
en ce qui concerne la modélisation de l'eau, les effets et la physique.
C'est donc en toute logique que l'eau est sublime et les effets
magnifiques. «Jusque là tout le monde suit? Oui capitaine! J'ai pas
entendu! Oui capitaine!». Après cette pause "bobiesque" reprenons. Oui,
le jeu est beau et on en prend plein les mirettes mais tout n'est pas
comme la panthère. Ralentissements (lors des combats chargés),  bugs et
surtout temps de chargements assez envahissants modèrent le tout. Et
puis, il ne faut oublier que le moteur graphique date de fin 2004. Il
n'empêche que le tout a plutôt bien vieilli et demeure agréable à
regarder. Enfin, une dernière remarque sur les voix et les musiques
parfaitement dans le ton.

 

Vous l'aurez comprit, Dark Messiah a tout d'un bon jeu.Background au
charme indéniable (comme les présences féminines), gameplay varié,
physique jouissive et graphismes haut en couleurs, les points forts ne
manquent pas. On regrettera seulement des combats parfois un peu
brouillons et certains passages à vide, vers la fin notamment.