Puppeteer a été pour moi un chemin de croix, une douleur constante dans ma quête masochiste pour finir les 7 actes (oui c'est long !). Je me suis ennuyé devant tant de verbiage, j'ai été énervé par ce gameplay approximatif et souvent interloqué qu'on puisse faire un jeu de plateforme sans la moindre réflexion sur le level design que réclame le genre. Puppeteer est un théâtre, ce qui lui octroie le droit de faire dans le spectaculaire, de passer d'un décor à l'autre sans la moindre cohérence (après tout, reproche-t-on à Mario qu'après la neige vienne la lave ?) ; il ne s'en prive pas, servi par une DA inspirée, mais il en fait tellement, des tonnes même, plein de décors, de boss, de têtes et de niveaux bonus indigents et inutiles, plein de bavardages barbants et rébarbatifs, un peu gênant dans son humour, comme pour cacher que derrière les lunettes 3D, il y a un joueur et une manette et qu'il faudra bien l'occuper quand il cessera d'être spectateur. Puppeteer a peur du vide, alors il parle, il parle, il ajoute des couches et des couches, de mots, de blagues, de décors comme une personne qui aurait peur de laisser s'étendre un silence, comme un pianiste qui jouerait Satie sans laisser s'éteindre quelques notes.

Le paradoxe, manette en mains, c'est que Puppeteer fonce constamment vers le vide, articulé autour d'une seule mécanique originale : les ciseaux. On oubliera les têtes que peut porter Kutaro, qui ne servent à rien, hormis de vies. On passera donc son temps à spammer carré pour éliminer des ennemis ou découper des lignes sur le décor. Au fond du trou, une lumière scintille parfois quand un boss et ses patterns offrent une jolie idée, avant que le décor ne change et qu'on se retrouve à spammer carré avec la même envie qu'un fonctionnaire et ses 25 ans de métier.

Puppeteer démontre par l'absurde et l'ennui qu'une DA nouvelle et originale, même avec les meilleures intentions du monde, ne sert à rien sans un gameplay solide ou des idées fortes. Sony Japan offre un décalage inédit entre forme et fond, habillant du rien avec les plus beaux atours. Ne reste alors que le sentiment d'avoir assister à un spectacle de Guignol, douze heures durant, d'être un spectateur (ah les belles chansons de comédie musicale !) à qui l'on demande, presque gêné, de jouer, parfois, un peu, d'appuyer sur les boutons pour vite passer au prochain décor. Au théâtre ce soir : un ennui de joueur.