En attendant le test promis lors de celui de
« Catwoman », je me suis permis un petit détour du côté des jeux
« normaux ». Il faut dire qu'être testeur en mauvais jeux est très
éprouvant, surtout quand on est en face de « Catwoman », donc je
m'autorise de temps en temps à tester un bon jeu. Seul petit problème, le soft
en question aujourd'hui m'a énormément déçu et en écrivant ces lignes je suis
tellement remonté que je ne vais même pas faire une mise en scène et un ton décalé
comme d'habitude. Non, ce jeu ne le mérite absolument pas.

Je suis très nostalgique des point'n'click. Les vieux point'n'click,
il vaut mieux préciser. Ceux dans le genre des « Chevaliers de
Baphomet », « Monkey Island », « Gabriel Knight ». Il
faut bien le dire, ce genre de jeux est aujourd'hui rare. Même s'il y a
quelques sorties d'excellente qualité comme « The next big thing » ou
encore « Gray Matter », on peut dire que le point'n'click classique
n'est plus aussi présent. A la place, on nous vend des jeux présentés comme tel
mais qui n'ont pas grand-chose à voir, car la progression ne repose pas sur la
résolution d'une énigme tordue comme celle du mime dans « Gabriel
Knight », ou du coq saoûl dans « Discworld II », mais sur la
résolution d'un puzzle... Alors d'accord, les puzzles c'est logique, mais c'est
justement ça qui m'ennuie !

Je regrette les énigmes illogiques des vieux jeux
d'aventure ! Bon, je sais, j'ai adoré « Gray Matter » dont les
énigmes ne sont pas difficiles et pas très illogiques. Mais bon, pour ma
défense, le scénario est très bon (Jane Jensen oblige), et les énigmes proposées
se résolvent dans la continuité de l'histoire avec des objets ramassés et des
éléments du décor. En d'autres termes, on ne nous met pas un puzzle chiant qui
n'a rien à voir avec l'histoire en plein milieu.

C'est plein d'espoir que j'ai commencé « Red Johnson's
Chronicles ». Et oui, j'avais de l'espoir car il avait été plutôt bien
apprécié par toute la presse spécialisée, et beaucoup lui trouvait de
nombreuses qualités. Comme quoi, des fois, on a l'impression d'être seul au
monde...

Bien, l'aventure commence et... Et puis merde je m'en fous,
je le dis. Le jeu est français, développé par un studio français et aucun
doublage dans la langue de Molière ne nous est proposé ! Et ça, ça craint.
Même David Cage double tous ses jeux ! Qu'un jeu américain ou japonais ne
nous propose que des sous-titres là je veux bien, mais merde pas un jeu
français ! Honnêtement, vous croyez que les « Runaway »
n'avaient pas de doublages espagnols ? Mais bon, passons, vu
qu'apparemment je suis la seule personne que ça choque... Au moins les doublages
sont bons.

Vous êtes Red Johnson (oui je sais quelle surprise !),
un détective privé qui se voit confier une enquête de meurtre par un policier
pas très malin. L'ambiance sonore est excellente et les graphismes sont beaux,
ainsi l'atmosphère polar noir est parfaitement retranscrite. Une fois l'enquête
confiée, vous apprenez que vous évoluez dans la ville fictive de Metropolis,
une ville pourrie où le crime est à chaque coin de rue... D'accord, c'est très
cliché, mais efficace. L'enquête commence bien évidemment avec l'inspection des
lieux du crime dans lesquels vous devez chercher des indices. Sur ces lieux,
vous rencontrez à la suite d'un QTE incroyablement foireux Saul, un indic,
clone de Huggy les bons tuyaux qui vous aidera dans la résolution des puzzles
en vous donnant des indices. Et vous voilà devant un premier puzzle, rétablir
un schéma électrique... Vous bloquez et appelez Saul qui vous donnera un indice
qui ne sert absolument à rien.

Explications : vous êtes devant un schéma où vous
devez trouver la bonne combinaison de boutons. Red dit : « Il faut
que je rétablisse le courant
. ». Imaginons vous bloquez. Vous appelez
Saul.

1°indice : « Il faut rétablir
l'électricité !
 »

2°indice : « Tu devrais appuyer sur les
boutons !
 »

SANS RIRE ? Et c'est comme ça tout au long du jeu.
Tous les indices ne servent à rien. Comme dit précédemment, des QTE
s'enclenchent quand vous arrivez sur un nouveau lieu. Des QTE à la « Heavy
Rain » où on se rappelle enfin que la manette PS3 est sensitive.
Malheureusement, on est loin, très loin de « Heavy Rain » car tous
les QTE du jeu sont atrocement mal foutus.

Parlons un peu de l'interface. C'est très simple vous
pointez, vous cliquez. Impossible de faire un gameplay imprécis avec ce genre
de jeu.

Ah oui... C'est quoi déjà le proverbe ? Impossible n'est
pas français !

Car oui, il arrive que vous cliquiez cinq mètres au dessus
de l'objet mais que vous arriviez quand même à le sélectionner. Dans son bureau,
Red possède un appareil révolutionnaire (ville futuriste oblige) qui lui permet
de tout analyser, mais aussi un fichier où il possède apparemment les
coordonnées de tous les habitants de la ville. Ce qui vous facilite la tâche
quand vous cherchez un numéro de téléphone. Parfois, pour résoudre des énigmes,
vous devrez lire des notes. Seulement, elles seront écrites tellement petites  et mal que même avec l'option loupe il sera
impossible de déchiffrer ce dont vous avez besoin pour vous sortir de l'énigme.
Car oui, une fois une énigme sélectionnée, il sera impossible d'en sortir pour
aller s'aérer l'esprit et réfléchir. Non, vous êtes coincé et devez résoudre
l'énigme à tout prix pour vous en débarrasser.

Les puzzles ! Parlons-en ! Ok c'est logique, ok
il y a une certaine difficulté mais mon dieu que c'est ennuyeux.  Ce n'est que mon avis, mais c'est sans
plaisir que j'ai résolu les énigmes, j'ai même failli m'endormir sur celle de
la boîte à bijoux de la veuve.

Les dialogues sont bons, plutôt drôles, bien écrits, et
vous devrez faire certains choix dans certains pour mener l'enquête à bien et
ainsi ne pas vous retaper une seconde fois toute la séquence. Normalement, les
erreurs sont rares car les choix dans les dialogues sont d'une simplicité
enfantine. Ce qui est assez bizarre : vu les énigmes, on aurait pu
s'attendre à des choix plus fins comme dans « Hotel Dusk », mais bon.
Les dialogues sont clairement le point fort du jeu et c'est là qu'on se dit que
c'est vraiment dommage qu'ils soient prononcés par des personnages aussi
transparents. Et oui, tous les protagonistes n'ont aucun charisme et il est
impossible de s'attacher à eux. Si on ajoute en plus une histoire pas assez
creusé, classique et inintéressante, le faible nombre de lieux à visiter, la
durée de vie très courte et le fait qu'aller dans un lieu et résoudre 3 puzzle
pour avancer devient assez répétitif à la longue, sans parler du fait que votre
carnet de bord vous mâche le travail en vous révélant quoi faire dans vos
objectifs... Ce n'est clairement pas un bon jeu que l'on obtient.

En résumé : Red Johnson's Chronicles possède des
qualités comme une ambiance réussie, des graphismes soignés, de bons doublages
et dialogues. Malheureusement le reste est clairement raté. Une histoire inintéressante,
des personnages creux, une interface mal pensée et imprécise, des énigmes
ennuyeuses, des QTE ratés et le manque de doublage français (je continue à dire
que c'est une faute de goût pour un studio français). Dans ma notation je suis
gentil et lui accorde 2 étoiles car c'est un jeu téléchargeable, donc je ne
tiens pas compte de la durée de vie. Mais croyez moi, si c'était une version
boîte, j'aurais été moins clément.

Moi qui pensais me détendre avec Red, c'est raté et c'est
avec un goût amer que je retourne à mes nanars qui me déçoivent moins car je
n'attends rien d'eux ! Et malgré le cliffhanger à la fin du jeu, j'ai fait
une croix sur cette série.    

 

Myster
Mask