Deux longues années après le trailer fatadique du TGS 2010, le cross-over des deux plus éminentes têtes pensantes de la DS est enfin dans le creux de ma main.

D'entrée, Professeur Layton vs Ace Attorney (PLvsAA) impressionne, car le jeu est graphiquement pour le moins réussi. Etrangement, cela ne concerne pas personnages principaux, les modèles 3D de Layton et Luke étant passablement ratés, et Phoenix paraissant un chouïa inexpressif. Les PNJs sont en revanche incroyablement détaillés, et Mahone semble tout droit sortie d'un dessin animé de Ghibli. Les excellentes cinématiques sont la cerise de cet excellent gâteau. C'est sûr, PlvsAA met une sacrée claque : j'ai tout simplement l'impression que la 3DS est enfin entrée dans la next-gen portable, preuve que celle-ci est capable du meilleur quand les développeurs ne font pas d'économies de bout de chandelles. Mais vous n'avez pas fini de vous masser la joue qu'il faut retendre l'autre devant l'excellence du level design, du scénario et de sa mise en scène.

PlvsAA est la synthèse parfaite des deux univers : le côté loufoque de Ace Attorney se marie admirablement bien avec le design mignon de la série Layton. Je ne sais pas trop comment vous le dire, mais le résultat est... envoûtant. Plus on avance dans le jeu, plus on se dit que Level-5 a tout compris, car on est happé par l'histoire au point d'avoir les entrailles qui se tordent à chaque fin de chapitre. Pour faire court et ne rien dévoiler, nos 4 héros se retrouvent projetés bien malgré eux dans une ville médiévale hantée par des actes de sorcelleries, dont la punition est la mort. La réalité est fiction, et la fiction devient invariablement réalité. Le scénario est une montagne de points d'interrogation auxquels la fin du jeu doit répondre un peu trop rapidement.

En effet, la dernier procès se termine en une avalanche apocalyptique d'explications, raflant au passage l'oscar de l'usine à gaz scénaristique. Cette dernière confrontation ressemble d'ailleurs plus à une thérapie de groupe qu'au grand final auquel nous avait habitué la série des Ace Attorney, car la fin peut sembler un peu facile même si elle est au final assez plaisante tout en restant cohérente.

Au niveau du gameplay, on regrettera clairement que ce ne soit pas un peu plus dur. Les énigmes sont vraiment simples et vont probablement décevoir ceux qui, comme moi, aiment bien s'arracher les cheveux en gardant leurs pièces S.O.S dans le porte-monnaie. Les procès sont plus relevés même tout de même sacrément guidés, au point que par moment on n'ait même plus à réfléchir par soi-même. De plus, votre liste de preuves ne dépasse jamais 10 items et les pièces S.O.S sont disponibles. Ils introduisent toutefois une innovation intéressante, puisque vous interrogez maintenant plusieurs témoins en même temps. Ces derniers ne manquent jamais une occasion de se contredire ou de se quereller les uns les autres, quand ils ne sautent pas carrément des tribunes pour atterrir à la barre! S'y retrouver dans toute cette pagaille demande pas mal de discernement et c'est ce qui rend la partie procédurière particulièrement prenante. Quant au «VS», comme Kamui l'avais pressenti, il n'est guère présent et se limite à une courte séquence assez mal amenée. On a relativement l'impression que Level-5 à réécrit le jeu, car beaucoup de scènes du premier trailer sont absentes du jeu final.

Ces quelques défauts privent PlvsAA de la cinquième étoile à laquelle il aurait pu prétendre. Ce cross-over unique, long de 30-40h, n'en reste pas moins l'une des meilleures expériences de la 3DS.