I Un action-RPG surprise dans le méandre casual I

     Aujourd'hui, je prend le temps de taper quelques lignes sur le bien nommé Dark Souls, un action-RPG développé par les talentueux artistes de From Software. Ce que l'on peut dire d'emblée, c'est qu'il s'agit là du digne successeur de Demon's Souls : il en reprend les grandes lignes, en particulier en ce qui concerne le gameplay, mais la grande différence réside dans le fait qu'avec ce nouveau titre, on se retrouve dans un monde ouvert, avec un véritable soin apporté à son univers.

 

- Bienvenue dans la « Dark Fantasy » -
     Les dragons ancestraux sont pour la plupart éteints suite au gigantesque conflit qu'ils les ont opposé aux « divinités ». Cet événement marque la fin de l'Âge des Anciens, et le début d'une nouvelle ère, celle du Feu. C'est dans ce contexte que vous allez progresser. Au départ, vous n'êtes que peu de choses, un prisonnier mort vivant comme tant d'autres, enchaîné au plus profond des geôles des terres du Nord. Mais vous réussissez à vous échapper, vous êtes un des élus, une des personnes qui a le potentiel d'influencer l'histoire.

 

     Ce qui est le plus étonnant dans l’apprentissage de l'univers, c'est que rien n'est évident, jamais personne ne viendra vers vous pour vous raconter clairement ce qu'il va advenir, ni même pour vous raconter les légendes. C'est au fur et à mesure des rencontres, des découvertes, que vous commencerez à en apprendre plus, mais il ne faut pas s'attendre à avoir des dialogues qui durent des heures, toutes les personnes qui vous entourent restes très discrètes, mystérieuses.

 

- Aaaahhh ! Mais c'est que ça fait mal ! -

     La difficulté n'est pas si dantesque que le laisse penser les critiques de presse. Bien sûr, rien n'est évident, ce n'est pas destiné aux « casual gamers », pour autant ce n'est pas non plus extrêmement difficile. C'est la surprise avant tout qui vous causera des soucis, les découvertes peuvent vous être fatales, les pièges, les embuscades ou encore les boss gigantesques qui peuvent poindre leur nez au détour d'un couloir. Cette surprise crée toute la fraîcheur de Dark Souls, c'est le fait de se sentir constamment en train d'explorer un monde gigantesque qui n'en reste pas moins oppressant et dangereux.

- Masochisme : « J'ai attendu cette douleur... cette douleuuur ! » -

     Il y a un avantage à cette difficulté, non négligeable en terme de sensation, c'est qu'il y a de vrais moments tensions, suffit que 3 ou 4 zombies armés d'épée vous encerclent pour créer un sentiment d'urgence : il faut réagir, parer, esquiver et répondre à la menace sans trop s'éloigner afin de ne pas attirer tout les ennemis de la zone. L'aggro des créatures est impressionnante, au fond d'un des nombreux dédales de couloirs que compte Dark Souls, il y a de ces monstres qui une fois qu'ils vous ont vu, ne vous lâchent plus. On les observe parfois en train de courir sur les plateformes comme des dératés, grimpant des échelles, tout ça pour vous atteindre. Ces créatures démoniaques ne connaissent pas le repos d'où la nécessite de rester constamment sur le qui-vive.

 

     Certaines critiques font mention de « die & retry », et il est vrai qu'il est présent. Mais ce que l'on voit surtout, c'est qu'à chaque fois que l'on meurt, c'est qu'on l'a parfois « souhaité ». En effet, lors des 6 premières heures de jeu, il n'est juste pas possible de se moquer de ses ennemis, de traverser une zone sans faire attention aux monstres qui vous entourent, puisque même le plus simple des zombies atrophiés peut vous asséner une attaque qui vous vide un beau quart de la barre, cette violence ! Certaines engeances en provenance direct des enfers, en ne vous infligeant qu'une blessure, peuvent vous dévorer les trois quarts de vos points de vie, voir même vous « one shoter » sans complexe. C'est le jeu, il ne faut pas avancer tête baissé, gardez votre sang froid et n'oubliez surtout pas d'utiliser constamment votre bouclier, il vous sauvera la mise de nombreuses fois. C'est dur mais « juste ».

- Gothique et épique : corsé et addictif -

     L’attrait aussi de l'univers, c'est tout ce qui concerne la direction artistique, les décors sont énormes, vertigineux, tortueux, à l'ambiance à chaque fois particulière, particulièrement « anxiogène » pour reprendre l'expression consacrée, et le cheminement est tellement risqué. Voyez une passerelle visiblement moisie, qui quand vous marchez dessus commence à se mouvoir toute seule de droite à gauche alors qu'en dessous de vous, il y a le sol qui attend, plusieurs kilomètres plus bas. Rien que traverser ce pont peut vous être létal. Au niveau visuel, les dangereuses pentes ou cols les plus difficiles d'accès sont souvent très bien réalisés, tout est à moitié détruit mais c'est propre. Il y a de quoi se faire plaisirs : des châteaux, des forets, des grottes ou encore des cimetières peuplés de hordes monstrueuses n'attendent que vous.

 

     Ah, et ce bestiaire, juste incroyable. Les bestioles sont parfois colossales, si flippantes qu'elles vous figent littéralement sur place. Elles sont répugnantes, dégoulinantes, vous vous retrouvez à penser « mais mon Dieu, qu'est ce que cette immondice !? », alors que d'autres ne paient pas de mine, ils sont tout petits mais crachent des flammes de quatre mètres.
Et tout le travail sur leur « patern » est très bien pensé, on les tue souvent de manière différente, parfois après des parades, d'autres nécessite une esquive. Il y a de gros trolls qui ne sont sensibles, au corps à corps, qu'aux coups en traître, « backstab » : il faut éviter leur tentative de meurtre, tourner autour d'eux et les poignarder sans avoir la moindre pitié. Le plus désopilant, c'est qu'arriver à les frapper une fois de cette manière ne suffit pas, il faut au minimum le faire deux fois pendant un sacré moment. Ce sont toutes ces bébêtes, plus étranges les unes que les autres, qui créent une diversité de situations, et leur force ne fait que rendre les instants plus particuliers encore. Ce n'est seulement qu'avec le temps qu'on finit par apprivoiser le monde de Dark Souls.

 

     D'ailleurs, toujours en allant un peu plus loin dans ce concept de dureté, il faut souligner que la mort ne fait pas du bien, et c'est le cas de le dire. Puisque quand le game over vient vous surprendre, vous abandonnez à l'endroit de votre décès toutes les âmes (sert de points d'expériences et de monnaie) que vous avez engrangé. Et donc vous repartez d'un feu, qui vous sert de checkpoint et, comme vous pouvez le deviner, vous êtes bons pour refaire tout le chemin, avec prudence, pour aller récupérer tout ça. Le soucis, c'est que si la chute advient ou que vous êtes à nouveau écrasé par un adversaire, vous n'aurez plus aucune chance de revoir ces quelques âmes, c'est finit, vous êtes bons pour « farmer » à la loyal. L'autre soucis avec la mort c'est que vous perdez votre humanité, ce qui est particulièrement ennuyeux tant il est rare au début du jeu de s'en procurer. En fait, devenir humain dans Dark Souls vous permettez surtout de pouvoir jouer en multijoueur, soit en coopération contre les boss, ce qui est particulièrement utile, soit en PVP puisque vous pouvez envahir le monde des autres joueurs.

 

- Et bah, c'est ça Sakuraba ! -
     Juste incroyable, les compositions de Motoi Sakuraba font un malheurs. C'est un virtuose, le genre de gars qui crée des musiques tellement dynamiques, d'une puissance. Il est difficile d'être insensible à ses morceaux les plus rocks, comme ceux d'un Star Ocean ou d'un Valkyrie Profile, mais pour Dark Souls, Sakuraba nous montre qu'il peut faire ce qu'il ne nous avait pas habitué, c'est à dire des gros thèmes bien sombres, bien pesants. Ce sont surtout des musiques d'ambiances, mais une fois que vous arrivez à un boss, la musique s'enflamme et fait péter le niveau d'epicness, sans limite.

 

- L'imperfection d'une beauté -

     Ce qu'on peut reprocher à Dark Souls, c'est qu'il est graphiquement un « peu simple », il n'y a pas la pléthore d'effets à l'image, pas de réflexions des modèles 3D sur l'eau, ce genre de spécificités qui claquent visuellement manque à l'expérience. Toujours dans les défauts, on peut se plaindre de la customisation du personnage, il a obligatoirement une tête d'idiot générique, heureusement qu'il est couvert la plus part du temps.
On peut aussi être peiné par le « ragdoll » qui n'en fait qu'à ça tête, si il vous arrive de buter sur un cadavre, celui ci va suivre vos mouvements et vous coller aux basques d'une étrange façon, comme si il était tout moelleux. Dommage qu'il ai manqué d'un peaufinage technologique, le titre aurait été plus plaisant à l’oeil, plus détaillé, contrebalançant ainsi le côté relativement terne et sombre de bon nombre de couloirs creusés au plus profond de la terre.

 

 

I Viendez mourir *.* I

     Inquiétant, profond et stressant, c'est comme ça qu'on peut résumer en quelques mots l'expérience. Jamais on ne commence une partie de Dark Souls comme celle d'un jeu au pif, une fois que vous décidez de prendre la manette, vous devez le respecter. Soyez alerte, réceptif à l'ambiance et à l'histoire et vous prendrez votre pied, surtout si vous êtes amoureux de la Dark Fantasy, ou plus généralement de l'Heroic Fanatsy. Il s'agit là d'une oeuvre indispensable pour ceux qui sont en quête de nouveautés, et de péripéties. Il n'est possible que de le recommander à tout le monde.
Sur ce, je me permet de m'éclipser - il me semble avoir zyeuté un boss au delà de ce léger rideau de fumé. « Shhhh-Plaf ! ».