Le reboot.

On commence à connaître le phénomène. Initié il y a quelques années à Hollywood par des scénaristes en mal d'insipration, il a gagné ses lettres de noblesses avec quelques perles cinématographiques puis a commencé à gangrener d'autres médias tel que le jeu vidéo.

Soyons clair, c'est un procédé qui par essence manque d'ambition et qui, galvaudé par le nombre incalculable de séries qui en ont usé à tort et à travers, en a plus enterrées que ressucitées. Seulement voilà, comme dans n'importe quel art, n'importe quel métier, l'artisan, l'artiste dispose d'outils, et c'est sa maitrise de l'outil en question qui va sublimer son travail. 

En l'occurence, dans le cas de ce Tomb Raider, le reboot est l'outil et Crystal Dynamics, les artistes. Et ils sont sacrément doués.

 

Peu ou pas de suspense vu les retombées médiatiques et critique de ce Tomb Raider : c'est une franche réussite.

Je ne vais pas m'épandre en détails techniques ou autres considérations trop précises, les tests pros sont là pour ça. Non, pour ce test j'ai envie de communiquer tout ce que ce titre a réussi à me transmettre comme émotion et partager l'expérience que j'ai eu en le terminant afin de convaincre pourquoi pas de nouveaux joueurs de franchir le cap.

 

Avec l'internet moderne, et la politique marketing des gros éditeurs, dur de préserver du mystère et de la réelle découverte lorsqu'un gros blockbuster pointe son nez sur les étals des revendeurs spécialisés. A moins de s'interdire systématiquement le moindre trailer, la moindre vidéo/article, il est impossible de ne pas connaître la teneur du jeu avant de poser les mains dessus.

Dès les premières infos, les premières vidéos je savais que ce reboot serait une réussite, j'adhérais à l'univers, à la réalisation et au character design. Et il est toujours plus compliqué de séduire le joueur averti que le chaland néophyte.

Mais la qualité est au rendez-vous. Premier contact, les rétines sont flattées, les dev maîtrisent leur moteur graphique et ça se voit. Bien que pas essentiels, les graphismes facilitent (ou pas) l'immersion, d'autant plus dans un jeu d'aventure. Et ici, dès les premières secondes, on est happé par la narration. 

Et c'est bien là la force de ce TR, proposer une narration efficace, cinématographique pour mieux servir un gameplay efficace et bien huilé. La base est là, il n'y a aucun pôle qui souffre de quelconque défaut majeur. Souvent dans une production moyenne, nous sommes rebuté par un ou deux points du jeu mais l'équilibre se fait par ses qualités et nous pousse à surmonter ces derniers.

Ici, chaque élément sait habilement servir l'aventure, rien n'est superflu, ni laissé au hasard, tout s'assemble comme une admirable fresque et distille à un rythme maîtrisé toutes ses saveurs, sans fausses notes.

Pour survoler succintement ses points forts, notons sa bande son admirable, ses graphismes léchés qui à chaque changement d'environnement vous font pétiller les yeux, les animations, qui ne sont pas en reste et évidemment cette narration qui accompagne le joueur sans temps mort.

Lara parle constamment, évoque ses doutes, ses peurs en temps réel et là encore l'immersion n'en est que plus efficace. il nous semble diriger un personnage bien vivant et non pas un amas de polygones mécanisé.

 

Le scénario à proprement parler, tout d'abord très mystérieux, se laisse approcher et découvrir subtilement et progressivement via des documents (entièrement narrés par les personnages) et scènes de transition. On découvre donc une part largement fantastique dans cette aventure qui peut parfois faire sourire mais sans jamais devenir grotesque. La trame de fond est suffisament fournie et recherchée pour ne pas décrédibiliser la narration. Tout fonctionne en parfaite adéquation et c'est bien là le talent de Crystal Dynamics.

 

Si bémol il devait y avoir cela serait sans doute conernant l'IA des ennemis, qui parfois a tendance a faire tache au milieu de cette aventure réaliste et prenante. Ils ont des comportements un peu stupide en rushant parfois à découvert ou en prenant une cover mais en laissant dépasser la moitié du corps. Rien de rédhibitoire ceci dit. 

Je regrette également un peu certaines phases trop shooting, avec des ennemis à la pelle à dézinguer en arrivant dans certaines aires. Ces passages m'ont fait regretter le début du jeu et son approche très stealth avec peu d'ennemis, mais cela suit une logique de progression et de montée en puissance. Et puis il en faut pour tous les goûts. 

Heureusement que les phases de plate-formes sont là pour temporiser et apporter cette touche exploration/découverte très rafraîchissante.

 

Autre point noir, pour ma part, sera certains doublages français, car j'ai joué en VF. Je ne saurais pas juger de la VO (je regrette de ne pas pouvoir la tester) mais concernant la VF c'est très inégal. Certains personnages sont très convaincants (Reyes, Roth) et d'autres beaucoup moins, Lara en tête..

Malheureusement, j'ai mis beaucoup de temps à m'habituer au jeu d'acteur d'Alice David, doubleuse VF de Lara. Très inégal au début, j'ai l'impression étrange que son jeu s'est affiné au fil de l'aventure en la rendant parfois plutôt pertinente (impression étrange du fait que les doublages n'ont certainement pas été enregistrés dans l'ordre chronologique de l'histoire).

Peut-être est-ce moi qui me suis habitué au fil du jeu, toujours est-il que cela m'a pas mal gâché le plaisir au début.

 

Je pourrais m'étendre plus encore mais je ne serais pas sûr de conserver un gros pouventage de mon lectorat si ma critique tirait trop en longueur ^^
C'est un vrai coup de coeur pour ma part, j'ai pris beaucoup de plaisir à partager les débuts de Lara Croft, réinventés par Crystal Dynamics de manière admirable. Et de fait, j'attends énormément ce qu'il seront en mesure de proposer pour donner suite à ce chef d'oeuvre. 

Clairement, en attendant The Last Of Us dont j'espère beaucoup, c'est pour le moment le jeu 2013 :)