Au premier abord Spec Ops The Line paraît être un vulgaire TPS militaire où l'on fonce dans le tas sans faire de fioritures pour éradiquer les méchants qui nous tirent dessus. Mais les développeurs ont voulu se démarquer des jeux du genre en proposant un aspect plus psychologique. Au final on reste devant un TPS militaire où l'on fonce dans le tas comme il en existe plein. Explications:

 

Quand t'es dans le désert depuis trop longtemps...

 

La Delta Force envoie trois hommes en reconnaissance à Dubaï pour savoir ce qui advenu de la 33ème compagnie qui devait évacuer les habitants pris au piège par des tempêtes de sable qui ont ravagés la ville aux grattes-ciel vertigineux. N'ayant plus donné signe de vie depuis des semaines, on incarnera le Capitaine Martin Walker épaulé par le Sergent Lugo un radio/sniper et le Lieutenant Adams l'expert en combat rapproché afin de faire la lumière sur cette affaire. La première chose qui frappe dans ce jeu typé militaire, ce sont les dialogues savoureusement bien écrit, aidés par une VF de qualité qui change des répliques ultra clichés que l'on s'attendait pour ce genre de production. Cette mission de reconnaissance va vite se transformer en cauchemar qui va prendre de vitesse nos trois héros et les dépasser totalement.

C'est là que devait entrer en jeu le côté psychologique avec pour thématique les horreurs de la guerre et le syndrome de stress post-traumatique ayant comme grosse source d'inspiration le film de Francis Ford Coppola: Apocalypse Now. Malheureusement la sauce ne prend pas la faute à trop d'incohérences dans le scénario, une mise en scène souvent maladroite qu'il est parfois confus de tout comprendre. Et malgré une bonne écriture sur les dialogues, il sera difficile d'avoir de l'empathie pour les personnages lors des moments «chocs». Peut être parce que le cœur du gameplay consiste uniquement à tirer sur tout ce qui bouge non stop, vague d'ennemis après l'autre qui coupe sans cesse cette immersion pour se retrouver directement dans un TPS bourrin lambda.

 

C'est l'apocalypse now!

 

Comme cité plus haut, Spec Ops The Line se résume à tirer sur tout ce qui bouge et uniquement ça en utilisant un système de couverture malheureusement inspiré de Mass Effect 3. Donc ne cherchez pas de phases d'infiltration, d'énigmes ou de grand spectacle ici on fait dans le strict minimum syndical. Mais en plus de ça le gameplay n'est pas du tout adapté au genre.

Tout comme dans le troisième volet des aventures du Commandant Sherpard, un seul bouton servira pour plusieurs choses à la fois. Comme par exemple X servira aussi bien à courir qu'à se mettre à couvert ou O sera utilisé à la fois pour enjamber des couvertures ou mettre un coup de crosse. Résultat il n'est pas rare de mourir bêtement parce qu'on aura voulu se mettre à couvert au lieu de courir. Il sera possible de donner deux ordres à nos deux compagnons: tirer sur une cible désignée et soigner son coéquipier. En plus d'être super limité en terme de choix et donc de stratégies, surtout que les niveaux se résument en de bêtes couloirs linéaires sans embranchement, ces deux possibilités ne marchent pas à tous les coups. Premièrement il faut savoir que l'on ne peut pas donner d'ordres de tirer sur deux cibles différentes et deuxièmement il faut attendre dix plombes pour que Lugo se décide à buter la cible désignée. Il arrivera souvent de les entendre crier «à vos ordres» alors qu'ils en ont strictement rien à cirer de se qu'on leurs ordonne. Dans les niveaux de difficultés les plus élevés ça se traduit le plus souvent par une mort certaine de nos troufions. Et pour les soigner c'est aussi la touche X. Il faut espérer qu'il ne soit pas à côté d'une tourelle sinon on a une chance sur quatre d'y parvenir. Ben oui car il se peut que notre bon vieux Walker se mette à couvert, ou utilise la tourelle ou se mette tout simplement à courir... Rageant!!!

Dois-je mentionner le fait qu'à de très rares moments, dans des endroits spécifiques, on pourra tirer sur le décor pour déclencher une avalanche de sable. Une idée qui aurait pu être intéressante si elle avait été exploitée plus souvent. Dommage. Un bon point quand même concernant l'équilibrage des armes et la variété des commandos ennemis (même si le kamikaze qui fonce au couteau est de trop). Chaque arme possède ses avantages et faiblesses donnant un petit côté tactique aux situation vu que l'on pourra en transporter que deux sur soi. Faudra penser à faire le bon choix et gérer ses munitions.

 

La guerre c'est moche.

 

Pour ne rien sauver au titre, la réalisation date d'un autre âge. Les graphismes sont limites moches avec des textures qui s'affichent plusieurs secondes en retard. Le level design peu inspiré et des décors répétitifs ont vite fait de plonger le joueur encore une fois dans la redondance. Niveau sonore c'est beaucoup mieux. En plus de proposer une bonne VF, la musique est plutôt bonne surtout lorsque des vrais groupes tout droit sortis des années 60 viennent ponctuer les gunfights. Participer à une fusillade pendant «Hush» de Deep Purple ça fait son petit effet.

Par contre niveau bruitage c'est la déception. La faute à des armes pas convaincantes avec un rendu plus proche de la vieille pétoire que d'une bonne sulfateuse qui défouraille sec. Les bruits des impacts ne sont pas terribles non plus et aucune balle traçante à l'horizon rendant les fusillades assez molles... Un comble lorsque le titre de Yager nous propose uniquement ça durant les cinq heures trente de jeu en mode normal. Et c'est pas le online tout aussi classique dans sa conception qui va retenir les joueurs sur Spec Ops The Line.

 

Les plus:

 

- Dialogue/VF.

- La thématique.

- Les musiques.

 

Les moins:

 

- Réalisation d'un autre âge.

- Le gameplay.

- L'IA alliée.

- Faible durée de vie.

- Scénario maladroitement raconté.

 

Avec des idées intéressantes que cela soit pour la thématique des atrocités de la guerre, inédites dans un shooter; ou de gameplay (système d'ordre et utilisation du sable) Spec Ops The Line possédait des atouts pour être une référence dans le domaine. Cependant aucune de ces idées ne sont jamais exploitées à fond, et pire la réalisation datée ainsi qu'un gameplay mal foutu et ultra répétitif tend à rendre le titre de 2K à quoi il a voulu se démarquer: un TPS générique tout juste moyen comme on en voit beaucoup...