Parmi les jeux de la génération passée, il en est un qui possède une saveur particulière tant sur son gameplay que par son histoire ou encore son style graphique: Killer 7, l'ovni vidéoludique d'un réalisateur déjanté du nom de Suda 51. Un titre à mille lieux de ce à quoi nous sommes habitués, un chef d'oeuvre à la narration hors du commun. Depuis, j'attendais d'avoir une nouvelle pépite du genre à me mettre sous la dent, mais ne possédant pas de Wii (trop peu de titres m'intéressant dessus) ne pouvais m'extasier sur la dernière création du maître. Pas grave, l'an passé est arrivée une version HD / Playstation 3 / compatible Move de son No More Heroes, et je me suis enfin lancé dans cette aventure sanguinolente et complètement barrée.

Nous y rencontrons alors Travis, un otaku pur jus habitant dans un motel et parfait représentant de sa communauté: vivant seul avec son chat, collectionneur de figurines et cartes à jouer, amateur de catch et vidéos olé-olé, aimant les fringues colorés et plutôt stylés manga, pas dégourdi avec la gente féminine, faisant ses courses sur Ebay... où il acquis d'ailleurs un sabre laser, source de ses péripéties. Une rencontre avec l'énigmatique Sylvia au détour d'un bar l'embarqua dans une compétition des plus meurtrières: devenir le meilleur assassin de la ville, en éliminant un à un les mieux classés que lui. La carotte au bout du bâton? Une nuit de folie avec la belle! Ben oui, il n'a pas réfléchi bien longtemps notre geek, et le voila parti chercher sa récompense... s'il arrive numéro 1 bien évidemment.

Le jeu nous propose deux phases distinctes de gameplay: le côté Beat Them All composé de dix niveaux avec chacun son Boss, et la partie ville ouverte avec pas mal de trucs à y effectuer. Pour la baston d'abord, il s'agit de couloirs emplis d'ennemis à éliminer jusqu'au dernier, afin de passer à la zone suivante et ainsi de suite jusqu'au Boss de fin de niveau, qui demandera lui une bonne dose d'observation avant d'être vaincu. Les combats utilisent une seule touche d'action, il est possible de parer ou esquiver les attaques ennemies, et nous achevons toujours un adversaire par un QTE dirigiste (et ça nous fait les muscles, tant il y en a). Une action frénétique dans la lignée des titres d'époque mais ici en 3D - avec un aspect dessin animé somme toute efficace et du sang qui gicle de toutes parts - et doté d'une bande-son envoûtante qui nous reste longtemps en tête, pour une utilisation de l'accessoire précise et intuitive mais sacrément fatigante. Egalement jouable à la manette cependant, mais l'immersion étant vraiment bien meilleure avec le combo Move / navigation controler je ne saurais que vous inciter à tenter cette expérience-ci.

La seconde phase de jeu se déroule donc dans les rues de Santa Destroy où Travis, à pied comme à moto, va devoir se débrouiller pour gagner de l'argent, nécessaire à son inscription pour chaque rang convoité. Plusieurs moyens lui sont donnés afin de glaner ses précieux billets: des jobs tels tondre une pelouse, ramasser des déchets ou encore déterrer des mines sous le sable, ou bien des contrats assassinat avec une cible précise à éliminer, un nombre de gus à dézinguer ou un temps précis à tenir par exemple. Mais l'argent récolté lui sert aussi à améliorer son armement, sa forme (salle de sport) ou s'acheter de nouveaux vêtements, et là encore la collectionnite nous guette bien tant il y a de choix. La ville cache enfin des balles de revolver à échanger contre de nouvelles compétences (ça me fait penser aux paquets cachés de GTA), Travis pouvant également faire les bennes à ordures pour y dénicher de l'argent ou des T-shirts. C'est clair, on a de quoi faire!

No More Heroes Heroes' Paradise, c'est l'alchimie entre un genre ancien (Beat Them All), certains codes du passé (écran titre, écran de fin de stage, bruitages bip-bip) et modernisme (cell shading, ville bac-à-sable, détection de mouvements), mais surtout ça prend complètement le joueur aux tripes et le fait revenir à chaque fois pour de nouveaux défis. Un héros comme on les aime, de l'action, de la dérision et une mise en scène passionnante pour un jeu à la durée de vie conséquente qui m'a totalement conquis; et j'en n'attendais pas moins.