Bon, je te préviens tout de suite, c'est mon premier test et je compte bien
mettre les points sur les i : l'objectivité, c'est pas mon truc. Pour moi, le
jeu vidéo, c'est avant tout un ressenti personnel. Je suis pas ici pour
comparer la qualité graphique d'un soft avec un autre, ni pour remettre un jeu
dans le contexte de son époque, et encore moins pour le comparer avec un autre,
plus ou moins semblable. Le concours de taille de kékette, très peu pour moi.

 

Ce qui m'intéresse, c'est les sensations qu'on ressent, ces petits trucs
indicibles qui font que le jeu vidéo est ce qu'il est pour nous aujourd'hui (ou
ce qu'il n'est plus, si on commence à faire la mauvaise langue). Tout le
paradoxe, ça sera justement d'essayer de décrire ce qui est très personnel et quasi indicible, mais qui
pourra peut-être faire écho dans ton petit coeur de gamer.

Secret of Mana donc... Seiken Densetsu II pour les intimes. Bon...blablabla, second volet de la série des Seiken Densetsu, blablabla,
le premier volet est sorti au japon sur game boy, blablabla et en France sous le nom de Mystic
Quest, etc, puis ressorti beaucoup plus tard sur Game Boy Advance sous le nom
de Sword of Mana... Mais bon, focalisons-nous sur Seiken II, sorti chez nous
sous le titre Secret of Mana en 1994 en France.

 

A l'époque, j'ai 10 ans, et les jeux vidéos sont plein de mystères pour moi. Pas vraiment grand lecteur de la presse vidéoludique, internet n'existe pas... On peut dire que toutes les informations que je récolte concernant les jeux vidéos se trouvent dans la cours de récré, entre approximation, fantasmes de gamin-gamer et grosse intox des camarades de classe (Ouais, mon papa travaille chez Nintendo, j'ai le prochain Mario, c'est Mario 4. Non, c'est Mario Kart. Mais non tu dis n'importe quoi)

Aussi, quand j'achète... enfin quand mamie m'achète... mes premiers jeux, je m'en tiens à ceux que j'ai vu et testé chez des amis, ou que je connais déjà. Super Mario hante mon salon.

Et puis un jour, dans un magasin... je tombe nez-à-nez avec une jaquette. Trois personnages devant un arbre, des flamands roses... Une poésie immédiate qui me touche. Quelque chose qui m'apporte son lot de promesse, de voyage fabuleux. Pour la première fois de ma vie, je vais acheter un jeu au hasard, juste parce que... j'ai un coup de foudre. L'histoire d'amour continuera dès que je rentrerai la cartouche dans mon grille pain Nintendo.

Un sourire s'est affiché sur mon visage dernièrement, quand Goll... Julien C. parlait de cet écran d'introduction dans un podcast. Cet écran qui me remet face à l'image de la jaquette... cette fois animée de très belle façon, mais surtout accompagnée de cette musique... et de ce lyrisme qui me font écarquiller les yeux. La mélodie s'emballe, les flamands roses traversent le ciel, les personnages restent statiques, devant cet arbre majestueux...  J'ai soudain la certitude que le jeu va tenir les promesses secrètes d'aventure passionnante qu'il m'avait dévoilé lors de notre premier regard.

Une aventure s'offre à moi. Une histoire dont je suis le héros. C'est peut-être idiot à dire, mais pour moi, c'était la première fois. Je découvrais ça, tout seul, et j'ai été nourri par cet imaginaire débordant, associé à celui de mon enfance et à ma propre imagination. Ces musiques merveilleuses, ce système de combat en temps réel qui m'apprenait doucement les bases du RPG, sans proposer les combats statiques d'un Final Fantasy... La possibilité de voir évoluer le niveau de son héros, mais aussi (beaucoup plus rare dans les jeux d'aujourd'hui) de voir augmenter le niveau de ses armes, et de ses magies... Un scénario qui m'a sauté au visage et m'a fait rêver de ce jeu pendant des années... Des graphismes somptueux, sur lesquels je reviens volontiers maintenant encore...

Je pourrais parler des Secret of Mana des heures, mais est-ce bien nécessaire ? Le but était juste de partager un peu de ce moment assez étrange que j'ai vécu à l'époque, et d'un semblant d'explication quant à l'attirance que j'ai pour certains vieux titres, et Secret Of Mana en particulier. Peut-être parce que je les ai découvert à une époque où les choses me marquaient plus...

Peut-être que, avec la multitude de titres d'aujourd'hui, le fait d'avoir ce que je veux, quand je veux (et quand mon portefeuille le veut aussi), qu'Internet m'annonce tout... je sois devenu un peu blasé...