Graphiquement on voit que la PS2 en arrache ; lŽaliasing est partout, les personnages en ville ou les ennemis sur la carte nŽapparaissent que lorsquŽon s'approche. Pas de jeu de lumière et d'ombre époustouflant, les décors sont segmentés par des chargements. Et pourquoi toutes ces limites ? Parce que le résultat est là ; les graphismes sont très beaux, les personnages très bien modélisés et les textures fines. CŽest un vrai plaisir de se balader car en plus dŽêtre beau, la direction artistique sublime le tout. Rajoutons à cela des décors variés mais toujours cohérents, où l'on combat parfois des monstres si gros qu'on ne les voit pas au complet. Épique. Une chose que j'ai très apprécié : la complexité des structures 3D pour les chevelures des personnages donne un résultat à la fois dense et volumineux, là où les cheveux sont encore un point noir sur next-gen. Vraiment astucieux et réussi pour l'époque.

Ici, le scénario est simple et clair, et ne prend pas le pas sur
lŽaventure, les personnages ont des problèmes faciles à saisir, ce
qui nous change des héros super torturés. Aucun clone autiste complexé
qui se réinvente une vie et des souvenirs quŽen fait il n'a pas vécu...
en somme. Pour une fois Final Fantasy nŽest pas un manga métaphysique
avec des héros aux looks caricaturaux et m'as-tu-vu (je ne me suis
jamais remis du samouraï en ray-ban de FF10), cŽest un retour au jeu, et pas à une histoire interractive où on avance juste pour déclencher des
cinématiques interminables. Pour le reste, j'ai assez peu de souvenirs
de la trame, mais je retiens des cinématiques vraiment bien mises en
scène, avec un doublage plutôt sobre et bien joué.
Il nŽa pas de
véritable héros, on dirige plutôt une équipe de six personnages (et Vaan dans les villes) et j'ai fini par mŽattacher à tous, même si certains
accrochent plus que dŽautres. Vaan, que beaucoup critiquèrent à
l'époque, et largement moins exaspérant quŽun Tidus ou un Cloud. La
grande force de FF12 avec ses persos, cŽest que tout en étant très
différents au niveau du caractère, ils sont en même temps
complémentaires. Le fait quŽils fassent équipe est pertinent, ça n'a pas l'air complètement improbable comme une gothique à côté dŽun lion bleu, ou encore un vampire et Barracuda de lŽagence tous risques. Et puis...
quel soulagement indicible dŽéchapper aux héros fluos et poseurs de lŽaffreux Nomura, lŽapôtre du mauvais goût videoludique, le Pascal Obispo du J-RPG.

Le gameplay m'a moins convaincu. Si on n'aime pas le scénario ici, ça ne gâche pas le jeu, là où le fun des anciens était très dépendant de lŽhistoire. Un des aspects les plus réussis de FF12 est lŽimpression de voyager, de se ballader dans de grands espaces comme si on parcourait des kilomètres (ce qui est le cas dŽailleurs). Le jeu offre beaucoup de liberté de mouvements, on est loin de l'immense couloir de FF10. Le système de gambits qui permet dŽautomatiser les réactions de nos persos, et le fait quŽil nŽy aie plus de transition entre phase dŽexploration et phase de combat, facilitent énormément le levelling, aspect plus ou moins pénible des autres opus. Ainsi tous les combats habituellement rébarbatifs passent mieux. Mais il faut aussi souligner que les combats contre les Boss, même sŽils sont plus nerveux, sont aussi moins intéressants à cause de ce même système. Tout va trop vite, et on ne fait que superviser un combat où la réflexion est remplacé par des réflexes et automatismes.

La grille de permis pour évoluer m'a plutôt déplu. CŽest un peu bordélique, et on ne peut pas choisir par où commencer la grille, ce qui fait quŽau début les persos sont déterminés à suivre une voie avant de pouvoir tout remplir et devenir ce quŽon veut quŽils deviennent. De plus, mais cŽest un habitude dans les FF, le système dŽévolution des personnages tire dans les jambes de la rejouabilité ; on peut tout avoir en une partie, et nos personnages à la fin du jeu, une fois le permis rempli au complet, sont tous des clones pourvus des mêmes capacités (ou presque), ils sont donc interchangeables, là où j'attendais à l'époque de FF12 une aventure beaucoup plus personnalisable, à l'image de Final Fantasy Tactics, avec système de jobs, etc. Pas moyen de les personnaliser autrement que par les équipements qu'on leur donne. Le plus gros dommage du jeu pour moi.

La durée de vie est assez difficile à évaluer. Ce fut le grand bonheur les premières 80 heures de jeu, tandis que je suivais le scénario tout en faisant quelques quêtes annexes en parallèle. Tout se passe bien, j'avais toujours envie dŽavancer, de découvrir de nouveaux décors et nouvelles créatures. Mais cŽest éreintant les dernières heures où le jeu devient extrêmement lassant ; la faute à un système d'évolution bridé et linéaire, à des allers-retours incessants dans des villes particulières et campements pour acquérir les dernières nouveautés en magasin (et on ne sait pas lesquelles si on nŽa pas la soluce). La faute aux conditions parfois très pénibles pour chasser un monstre comme lorsquŽil faut quitter une plaine et y revenir quand il n'y a plus dŽorage par exemple (donc encore des allers-retours... plus les allers-retours pour prendre le contrat et être payé par le contracteur). La chasse d'ailleurs devient très pénible arrivée à un certain stade où les monstres étant des brutes, on passe son temps à ressusciter nos personnages. Pour finir, la faute au système des affaires surtout ; pour acquérir certaines des dernières armes, il faut aller à la pêche aux objets très pénibles à obtenir, parce quŽon n'a très peu de chances de les avoir dans des endroits grouillants dŽennemis qui nous massacrent.
Alors, oui, la durée de vie est conséquente, et personnellement je lŽai terminé en 120 heures, en lâchant prise pour aller directement au boss final. Mais est-ce une bonne chose que le jeu soit long quand il devient gavant ? Personnellement les quarante dernières heures ont eu tendance à jeter un voile de déception sur l'ensemble du titre.

FF12 a pratiquement tout pour lui, ou tout pour être le meilleur FF, mais il reste un FF comme un autre à cause dŽun système dŽévolution finalement limité et sans ouvertures, et aussi parce quŽil devient gavant sur la fin pour ceux qui aiment se faire plaisir avec les sous-quêtes. FF 12 est-il un vrai FF ? Pour ceux qui sŽattendaient à retrouver tous les repères dŽun Final Fantasy, ils y sont presque tous. Pour ceux qui cherchaient de lŽinnovation, elle y est. Quant à ceux qui recherchaient un énième FF7 ou 8 pour renouveller lŽexpérience de leur première fois, évidemment il ne pouvait que les décevoir.