Plus qu'un test au sens propre du terme, et étant donné que tout le monde à déjà à peu près tout lu sur le jeu, il s'agira ici de replacer Black Ops au sein de la déjà grande famille des COD HD, et de rendre compte des avancées apportées sur le solo, les modes multi n'ayant plus grand chose à prouver.

Petit soldat deviendra grand

On ne va pas faire durer le suspense plus longtemps, pour moi Black Ops offre le meilleur solo des COD de la génération actuelle. Très loin de la convenance d'un World at War et du fouillis (bordel ?) sans nom d'un Modern Warfare 2. Alors certes il n'a pas la maitrise du premier Modern Warfare et son enchaînement sans fin de moments de bravoure tous plus phénoménaux les uns que les autres. Certes, on trouve de nombreux problèmes d'IA et de scripts mal implémentés. Mais à côté, le titre dispose d'une ambiance unique et d'un scénario véritablement soigné, mélange de faits réels et de fantasmes en tout genre lorgnant du côté de Fight Club et de L'Echelle de Jacob, à défaut d'être surprenant et inoubliable. Ca reste largement supérieur aux MW.

Là où MW2 nous trimballe aux quatre coins du monde sans même qu'on sache pourquoi, posant un sérieux problème de cohérence générale, le titre de Treyarch désamorce d'emblée le problème en prenant pour support le récit forcé de Mason. Loin du montage épileptique d'un MW, Black Ops pose son ambiance, laisse le joueur s'imprégner, sans sacrifier son jeu sur l'autel de la générosité. On se balade donc de Cuba au Vietnam en passant par la Russie, et cette agréable variété existe sans que l'unité du titre ne s'en ressente. Plus encore, les interludes dans la salle d'interrogatoire instaurent une ambiance typiquement "dossiers classés et missions qui n'ont jamais eu lieu", presque mystique, à l'image de la période de la Guerre Froide et de la Guerre du Vietnam en elles-même, et changent de l'univers froid et sans fond de MW2. On sent que des recherches ont véritablement été menées sur ces équipes des opérations noires et leur façon d'agir dans la clandestinité. Signalons aussi que Mason, le héros de cet épisode, sans non plus atteindre des gouffres de profondeur, se révèle un personnage bien plus intéressant que les pseudos soldats à crête de MW.

Je ne cache rien que mon flingue

Si on peut regretter que le jeu ne dispose pas de LA mission qui casse tout (cf. COD4 et Prypiat), on ne peut que saluer le niveau général de l'ensemble. Relevons tout de même que les missions au Vietnam sont les plus réussies. L'ambiance y est retranscrite d'une très belle manière, et les hommages cinématographiques  qu'il était impossible de ne pas faire - Apocalypse Now, Platoon, Voyage au bout de l'Enfer et même un peu de Full Metal Jacket au détour de quelques ruines enflammées - n'y sont pas pour rien. C' était sans doute le meilleur traitement qu'il était possible de faire d'une période aussi passionnante, dans un jeu du genre. C'est également au Vietnam que l'on trouve les décors les plus beaux, l'ensemble restant supérieur à MW2 mais le moteur accusant tout de même le poids des années.

En terme de level design également, force est de constater que Black Ops est bien mieux construit que MW2, qui manquait cruellement d'inspiration sur une bonne moitié de ses missions, notamment celles de la campagne américaine. Ici, l'ensemble est  varié, cohérent et surtout agréablement mis au service du jeu. Les phases en véhicules sont très jouables et bien intégrées au gameplay, toujours aussi grand public, mais toujours aussi bien calibré.

Enfin, Black Ops semble assumer bien mieux sa violence que ses aînés, et même si les membres éclatent sous les coups de pompe et que les gorges sont charcutées à coup de mâchettes, rien ne semble gratuit. C'est peut-être la période qui veut ça, ou alors la présence beaucoup plus mesurée des élans patriotiques - je n'ai jamais réussi à décrypter s'il s'agissait de premier ou de second degré - nauséabonds propres à Infinity Ward, mais c'est toujours plus agréable.

 

Finalement, Black Ops est une excellente surprise. Si la période aussi mystique que mythique des années 60 n'était pas étrangère à mon attente quant à ce nouveau COD, j'étais plus que refroidi à l'idée de devoir me retapé une suite de missions impressionnantes mais sans cohérence ni artistique ni historique. Or Black Ops réussi exactement le tour de force que j'attendais de sa part, et propose une aventure prenante à l'ambiance pesante, au scénario intéressant et bien construit, des scripts nombreux sans aller jusqu'à l'écoeurement ni la redite et d'intenses moments de bravoure. Pas aussi jouissif que COD4, mais diablement plus accrocheur.