Muramasa The Demon Blade suit les idées du studio
Vanillaware. Fidèle à la tradition des Princess Crown, Odin Sphere, Grim
Grimoire, l'équipe poursuit dans le développement des jeux intégralement en 2D,
et pas des moindres. En effet, ces titres ont la réputation d'être des bons
jeux, il faut l'avouer, mais aussi d'être de superbes démonstrations de ce que
peut être un beau jeu, autant sur le plan graphique qu'esthétique.
 

C'est suite à cela qu'apparaît Muramasa, jeu typé "gamer",
assez rares sur l'immaculée console de Nintendo, et qui poursuit les ambitions
de Vanillaware. Ainsi, on se retrouve donc face à un beat'em all en 2D,
comme à l'ancienne, mais qui bénéficie de tout les bienfaits que peuvent
procurer la technologie contemporaine. Et même si l'oeuvre est exclusive à la
Wii, qu'importe, le jeu est magnifique, et s'installe parmi les meilleurs
titres de la machine.
 


C'est Dans Les Vieux Pots Que l'On Fait Les Meilleures
Soupes


On ne va pas tourner autour du...pot. Muramasa The Demon
Blade
est un beat'em all, comme
on en comptait des dizaines à l'époque des consoles 16 / 32 bits. Le
déroulement du jeu est donc dans le fond assez simple : vous traversez les
niveaux les uns après les autres en affrontant les nombreux adversaires qui
parsèmeront votre chemin afin de faire avancer l'histoire et progresser dans
l'aventure. Le système est donc
connu, simple, mais pourtant si efficace.

A la différence des
véritables beat'em all existants par
exemple en arcade, le jeu propose une progression en niveaux, en réalité, mais
tous reliés les uns aux autres, ce qui offre alors un monde à traverser de part
en part. Le jeu propose donc de
revenir dans les zones précédemment traversées. Mais l'aspect aventure est en
vérité plutôt limité, et Muramasa se contente de proposer de nombreuses scènes
d'actions. La seule chose qui pousse à revenir en arrière, c'est l'envie de
découvrir les challenges disséminés dans le Japon, et qui vous opposent à des
boss particulièrement coriaces, ou à un nombre d'ennemis particulièrement 
important, et donc difficile à gérer.

Vous
devrez aussi gérer pendant les combats la résistance de vos sabres, qui servent
aussi à vous protéger. Toutefois, leur relative faiblesse vous pousse à
maîtriser les esquives, qui vous seront indispensables dans le mode de
difficulté supérieur proposé, mais surtout à respecter l'adage "la
meilleure des défenses, c'est l'attaque", qui est ici la meilleure solution
pour éviter le game over qui peut très vite arriver, si vous manquez
d'attention.

Ainsi,
même si le jeu est essentiellement basé sur l'action, il s'agit de combats très
intenses et très jouissifs, jamais lassants. Le système de combat est à la fois
simple et dynamique, quelque peu difficile à
prendre en main dans les premières minutes mais qui s'avèrent finalement très
efficace, et mettent en valeur la technique au sabre des deux personnages de
l'histoire.

 

Un Gameplay Hybride


Pourtant, on ne
s'ennuit pas durant l'aventure. Pourquoi cela ? Tout simplement car il ne
s'agit pas d'un beat'em all bête et
méchant. En effet, vous remporterez de par vos victoires de l'expérience, qui
vous permettra d'augmenter votre Feu Vital, afin de survivre plus longtemps aux
affrontements, mais aussi d'améliorer vos caractéristiques au combat, qui
détermineront votre potentiel à utiliser les sabres.

Ces mêmes sabres
composent la base du jeu, font tout l'intérêt du titre, qui vous propose de
récupérer une centaine de sabres aux pouvoirs différents, que vous obtiendrez
soit après certains événements scénaristiques, soit en les forgeant vous même,
avec l'Esprit et les Ames amassés durant les combats. Autant vous le dire,
récupérer l'intégralité des sabres et une tâche longue, et qui vous obligera à
explorer les histoires respectives des deux personnages que mets à votre
disposition le jeu, Momohime et Kisuke.

On est d'ailleurs
soulagé de voir qu'il existe deux scénarii différents, car l'expérience se plie
en environ 9 heures. Même si la durée de vie paraît aujourd'hui honnête, on se
réjouit à l'idée de pouvoir parcourir de nouveau l'histoire sous un angle
différent. En pratique, les décors sont toutefois les mêmes, agencés dans un
ordre différent, mais exposent en revanche des boss différents. Ceux-ci sont
d'ailleurs assez impressionnants, très détaillés, mais surtout très coriaces,
et vous procurent par conséquent un gros challenge. Donc, même si la trame de
l'histoire des deux personnages se ressemble, cela permet d'allonger de manière
significative la durée de vie, surtout si vous souhaitez découvrir tout les
sabres du jeu.

 

Une Oeuvre d'Art,
Une Galerie A Parcourir


Il est vrai que
si les qualités ludiques du jeu ne sont pas à prouver, Muramasa frappe avant tout par son style assez inhabituel sur notre
Vieux Continent. En effet, l'histoire se déroule à l'époque du Japon médiéval,
au moment où les shoguns, ninjas, et autres cohabitent au Pays du Soleil Levant.

Mais ce qui est
impressionnant, c'est que Vanillawareréussit de nouveau à instaurer son style aux éléments qui composent les décors,
ainsi qu'aux différents personnages que vous pourrez rencontrer tout au long de
votre périple. Tout ce que vous verrez dans Muramasa dispose d'un design unique, original, et pas dépourvu de
classe, il faut l'avouer. En somme, le plus impressionnant est que tout cela
forme une entité cohérente : les légendes japonaises côtoient une certaine
réalité historique, sans jamais paraître ridicule. Bien au contraire.

Mais tout cela ne
serait pas vraiment intéressant si l'on omettait que les graphismes du jeu sont
absolument sublimes. Toutes les animations,
tout les décors paraissent
vivants, mais sont très riches, superbes, colorés...bref, je manque de
qualificatifs pour vous expliquer à tel point le monde de Muramasa est agréable à parcourir. En revanche, on peut regretter
un certain manque de variété des décors et adversaires rencontrés tout au long
de l'aventure. On a en effet souvent l'impression de traverser plusieurs fois
le même lieu. Quant aux ennemis, on finit par vite connaître leurs patterns,
leurs comportements, ce qui nuit quelque peu à l'expérience de jeu. Mais au
final, rien de bien grave. On pardonne à Muramasa son manque d'éclectisme, de
par la richesse et la qualité de l'aventure en question.

Toutefois, ce
manque de variété ne concerne pas les différents boss du jeu, tous aussi
différents les uns que les autres, et particulièrement réussis. Terribles,
effrayants parfois, allant de la grande princesse guerrière à l'araignée
géante, en passant par la roue de feu, typique de la mythologie nipponne, ces
adversaires sont particulièrement impressionnants, et concluent avec panache
les actes de la trame scénaristique.

 

Muramasa The
Demon Blade s'avère donc être une oeuvre accomplie. Assez simple dans son gameplay, il diffère surtout de par son
design original, comme sait le faire Vanillaware, et son ambiance qui vous
plonge dans un Japon médiéval mêlé au folklore local. Prenant et jouissif, le
titre n'ennuit pas, et séduit par son style unique. On peut juste reprocher
l'approximation des sauts, assez gênante lors des phases d'explorations, ainsi
qu'un certain manque de variété des décors et personnages, ainsi que le manque
de clarté du scénario, mais il s'agit là de détails que l'on apprend à oublier,
face à l'immersion incitée par Muramasa.

Une très bonne
pioche donc. Il s'agit d'un jeu amusant, avec une véritable identité. Et sur
Wii, en plus. Alors, que demander de mieux.