Après Dead Space, qui reste encore aujourd'hui probablement
le meilleur survival horror de cette génération de console, je ne pouvait
qu'attendre avec impatience le prochain projet des développeurs de Visceral
Games. Abandonnant l'espace pour s'enfoncer dans les profondeurs de l'enfer,
les développeurs ont décidé de s'inspirer de la Divine Comédie et de la vision
de l'enfer du poète Dante Alighieri pour un Beat Them All. Malheureusement, ils
ont été beaucoup moins inspirés que pour leur premier titre, et la descente aux
enfers est un vrai supplice...

 

Dante's Inferno s'inspire donc de la Divine Comédie, mais
autant être clair tout de suite, c'est vraiment juste une inspiration. En fait,
pour tout vous dire, je n'ai pas lu moi même le livre, mais d'après ce que j'ai
compris en lisant par ci par là, le jeu ne reprend que les noms des personnages
et les différents cercles de l'enfer servent de décors. Ca s'arrête là! En même
temps on peut comprendre que pour un Beat Them All, l'histoire d'un poète qui
découvre l'enfer et l'analyse n'aurait pas vraiment collé. L'histoire nous est
contée sous deux formes durant tout le jeu: des cinématiques pour les
évènements du présent, des dessins animés pour les flashback. Les cinématiques
sont très belles, et les dessins animés sont plutôt agréables si on accroche au
style. A noter un petit détail: j'ai trouvé les doublages français assez bons
dans l'ensemble, je voulais donc le dire car c'est assez rare pour être
souligné. Les développeurs ont donc créé leur propre histoire. Dante est un
croisé, et au début du jeu, il se fait poignarder dans le dos. La mort vient
alors s'emparer de son âme. Seulement Dante n'est pas le genre de gars qui
meurt comme ca, non, alors il tue la mort et lui pique au passage sa faux. Il
décide ensuite de rentrer chez lui, en profitant du voyage pour se coudre une
croix rouge de croisé sur le torse (les tatouages ne devaient pas exister à l'époque,
on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a), pour retrouver sa femme, Béatrice.
Malheureusement, en arrivant chez lui, il découvre sa bien aimée, allongée dans
le jardin, morte. Mais en l'effleurant de ses doigts, l'âme de Béatrice sort de
son corps. Malheureusement, une ombre mystérieuse s'empare d'elle, pour l'emmener
en enfer. Dante décide alors de voler à la rescousse de Béatrice.

Voila le pitch de base. Mon impression générale sur le scénario est qu'il n'est
pas terrible. Certes, on est dans un BTA, mais là il n'y a rien d'intéressant.
Comme quoi, il ne suffit pas de s'inspirer de la Divine Comédie pour avoir une
histoire qui tient la route. A aucun moment je ne me suis senti emporté par le
scénario, pire encore, il ne m'a jamais vraiment intéressé. S'il n'y en avait
pas eu, cela n'aurait pas changé grand chose. Même un jeu comme Bayonetta qui
part dans tous les délires possibles et inimaginables arrive à avoir une
histoire qui nous donne envie d'aller jusqu'à la fin, ce qui n'est pas le cas
de DI. Je ne saurais pas dire pourquoi, peut être une mauvaise mise en scène,  ou une mauvaise écriture... Je suis d'autant
plus étonné que dans un jeu comme Dead Space, ils avaient réussi à me scotcher
à l'écran, alors que là, pas du tout. Quant au personnages, ils n'ont aucun
charisme et aucune personnalité. Il y a bien Dante, qui devra faire face à ses
péchés au fur et à mesure qu'il traversera les cercles de l'enfer, une sorte
d'introspection, mais c'est vraiment léger. Chaque personnage n'a qu'une
vingtaines de lignes de dialogue et des personnages, il y en a cinq en tout...
Ne comptez donc ni sur une bonne histoire, ni sur des personnages intéressants
pour relever le niveau, vous voila prévenus.

Mais ce qui m'a surtout convaincu d'acheter le jeu, c'est
l'ambiance. Dead Space m'avait marqué par son ambiance stressante, effrayante
et glauque, et j'en attendais beaucoup de DI de ce coté là. Les développeurs de
Visceral Games n'ont pas tellement changé de registre en choisissant l'enfer,
au contraire, cela leur a même permis de repousser les limites "gores"
de Dead Space. L'enfer est représenté dans toute "sa splendeur".
C'est une vision de l'enfer très organique et répugnante qui s'offre à nous.
Les murs sont composés tantôt de chair, d'organes étranges, tantôt de milliers
de corps qui ne cessent de crier, de pleurer ou de vous insulter. Leurs
répliques changent d'ailleurs selon le cercle où l'on se trouve, les avares
vous demandant de l'argent, les violents vous insultant de tous les noms. Les
décors ont bénéficié d'un grand soin, et chaque cercle a son style bien à lui.
Dans le cercle de la luxure par exemple, on évoluera dans des décors où
certaines parties auront des formes assez évocatrices... Et les ennemis que
l'on croisera seront des femmes nues, qui danseront langoureusement afin de vous
attirer à elles avant de... Vous attaquer avec une énorme masse de chair qui
leur sortira d'entre leurs jambes! Tout évoquera donc le sexe et ses pires
perversions dans le premier cercle de l'enfer. Et chaque cercle aura sa
personnalité, ses détails et ses monstres. La direction artistique du jeu est
une véritable réussite, et l'enfer nous est dépeint tel qu'on pourrait se l'imaginer:
dégoutant, rempli de créatures ignobles et d'âmes en peine ayant sombrées dans
la folie.

 

Seulement voila, même sur la partie ambiance le jeu m'a déçu, et ce, pour
plusieurs raisons. La première est en rapport avec un autre point faible du
jeu: la durée de vie. Le jeu se boucle en six heures à peine! On passe tout au
plus trente minutes par cercle la plupart du temps, et en si peu de temps,
c'est dur de s'imprégner de l'atmosphère d'un cercle, car on change de style de
niveau si rapidement qu'on oublie bien vite le précédent lorsqu'on en découvre
un nouveau. On se contente de survoler les neuf cercles de l'enfer sans jamais
vraiment avoir l'impression d'en visiter vraiment un en profondeur. Et au final
ca donne l'impression que rien n'est vraiment marquant dans ce jeu, aucun
niveau n'est "inoubliable". Une fois le jeu fini, bien sur je n'ai
pas eu de mal à me rappeler des niveaux et de ce qu'ils contenaient à peu près,
mais je n'arrivais pas à me souvenir d'un moment précis que j'avais plus
apprécié ou qui avait été plus épique que les autres. Et je suis quasiment sur
que dans quelques mois j'aurais oublié ce jeu... Mais ce qui est aussi
regrettable, c'est que finalement, au début on a l'impression qu'à chaque
cercle il y a un nouvel ennemi, alors qu'en fait au bout de quatre cercles (la
moitié du jeu), on a fait le tour du bestiaire. Il y a bien de nouveaux
ennemis, mais ce ne seront que des variations plus "puissantes" des
ennemis déjà rencontrés. Ainsi on sera surpris de retrouver une tentatrice ou
un glouton dans le cercle de la colère... Car finalement, après le quatrième
cercle, le jeu nous balance un peu tous les types d'ennemi sans se soucier de
la cohérence du background, ni se demander s'ils ont vraiment leur place ici.

 

Niveau combat, DI propose un gameplay simple mais efficace, pompé sur God of
War. On met des coups légers et rapides de faux avec X, des coups lents mais
plus lourd avec Y, et on combine les deux pour obtenir une série de combos. La
touche B sert quant à elle à utiliser la croix, qui est l'arme à distance du
jeu. On peut également attraper ses adversaires pour leur éclater la tête, ou
utiliser des sorts magiques. On peut bien sur bloquer les coups ou les
esquiver. Les combats sont assez agréables à jouer, même si là encore, il n'y a
rien de transcendant, surement à cause d'un manque de sensation de puissance,
qui n'est pas assez bien retranscrit à l'écran. Une fois un ennemi affaibli, il
sera possible de l'éliminer grâce à un finish, parmi deux au choix.
L'absolution reviendra à lui coller votre croix en pleine gueule la plupart du
temps, alors que la punition vous permettra de le déchiqueter de manière très
cruelle à l'aide de votre faux. Dans les deux cas, vous aurez parfois un QTE
pas bien compliqué (à part pour les boss où le QTE est beaucoup plus long) à
réaliser.

Le système d'absolution/punition permet d'augmenter ses armes et magies. S'il
est possible de choisir de punir ou d'absoudre vos ennemis pour obtenir des
points d'expériences dans une de ces deux branches, on pourra aussi en obtenir
en punissant ou en absolvant quelques âmes de personnalités historiques
célèbres errant dans les différents cercles de l'enfer. Les punir ne demandera
aucun effort, alors qu'au contraire les absoudre vous demandera de faire un
mini jeu qui vous permettra, en cas de réussite, de récolter des âmes
supplémentaires (de l'xp quoi).
Ces points d'expériences serviront donc à augmenter vos capacités.
Malheureusement, le système est bancal. Il nous pousse à nous spécialiser à
fond dans l'une des deux branches (pour atteindre les dernières capacités d'une
branche, il vous faudra bien toutes les âmes récoltées d'une partie entière),
ce qui finalement a pour conséquence qu'on a tendance à utiliser une seule arme
(celle qui est boostée) beaucoup plus qu'une autre, et donc que l'on ne combine
pas vraiment les deux pour faire de jolis enchainements. On n'utilise aussi que
la moitié des magies (les magies étant aussi plus ou moins liées à une
branche). Bien sur, si on se spécialise dans l'absolution, et donc qu'on
augmente considérablement la puissance de sa croix (ce qui la rend vraiment
très efficace), on utilisera toujours la faux, mais c'est frustrant de voir que
dans ce cas, la plupart combos de la faux resteront inaccessibles, et que l'on
devra donc se contenter des coups de bases, qui sont, il faut bien l'avouer,
peu nombreux. Au niveau de la difficulté, le jeu se montre assez compliqué,
même en mode normal. Non, je ne suis pas une quiche, mais il arrive que
certains boss soient vraiment très résistants. Les ennemis normaux ne sont eux
jamais imbattables,  mais ils disposent
tous de leur style d'attaque (rapide, lent mais imparable, magie, à distance,
etc...), et il faudra apprendre à les connaitre pour en venir à bout. Plus on
avancera dans le jeu et plus les ennemis seront nombreux et variés, lors d'un
affrontement. Mais si on a bien augmenté ses capacités, cela ne devrait pas
poser de problème... en normal, car dans les modes de difficulté supérieur,
vous allez souffrir!

Mais il n'y a pas que des combats, même
si on ne fait presque qu'avancer d'arènes de combat en arènes de combat durant
tout le jeu (et c'est encore plus visible dans le cercle de la fraude...), il y
a quand même quelques phases de plates formes. Si bien sur, comme dans la
majorité des jeux, DI ne propose pas quelque chose d'extraordinaire de ce coté
là, il a quand même le mérite de proposer de nombreuses phases de plates formes,
qui sont parfois accompagnées de pièges ou d'énigmes, ce qui permet quand même
de souffler un peu entre deux combats (à condition de ne pas mourir lors d'une
de ces phases bien sur). En plus, il y a de nombreux objets cachés. On peut en
effet s'équiper de reliques qui augmentent la puissance ou rajoute un effet à certains
coups, l'efficacité de certain sorts, le nombre d'âmes que l'on gagne, etc...
Et ces reliques sont cachées dans les niveaux. Tout comme une bonne partie des
âmes en peine. Il y a donc un petit coté exploration, avec des cachettes
secrètes à découvrir. D'ailleurs les reliques, les magies, les descriptions de
monstres et des personnages que l'on croise, tout sera noté dans une sorte de
journal, plutôt pratique.

Une dernière critique enfin, rapidement, sur le contenu
téléchargeable. Quand j'ai regardé la partie "DLC" du jeu, j'ai
remarqué qu'on pouvait télécharger des pack d'âmes... C'est vraiment honteux.
On peut payer pour avoir accès à des points d'expériences qui permettent
d'augmenter ses capacités? C'est vraiment stupide, c'est comme si on payait des
pièces dans Mario ou de l'xp dans Final Fantasy! J'ai trouvé ca vraiment écœurant,
ils vont vraiment trop loin avec leur DLC parfois.

Dante's Inferno ne m'a pas plu du tout. Le rythme est lent, les combats
manquent de punch, l'histoire est inexistante et les personnages fades.
L'ambiance est bien au rendez vous, avec un enfer crédible et surtout horrible,
mais cela ne suffit pas à rattraper le tout, et le peu de temps que l'on met à
traverser le jeu ne permet pas de s'imprégner de cette ambiance. Je suis vraiment
déçu, car après Dead Space, j'étais très emballé par le nouveau projet de
Visceral Games, persuadé qu'ils feraient quelque chose d'aussi marquant que
leur précédent jeu. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Pour un BTA, Dante's
Inferno est un jeu qui manque clairement de moments épiques et de puissance. C'est
une coquille vide, un jeu que j'aurais probablement oublié dans quelques mois,
il ne mérite pas l'absolution, c'est pourquoi je le renvoie en enfer avec ce
test en guise de punition.