Le
dernier jeu Remedy a su se
faire attendre. Cinq ans après son annonce officielle, voici
qu'Alan Wake est enfin
entre nos mains! Et c'est avec une certaine impatience que l'on
introduit le disque dans la machine pour découvrir Bright
Falls et l'histoire d'Alan Wake.

Alan,
wake up!

Il est difficile
de résumer le scénario d'Alan
Wake
sans en révéler
des points importants. Je me contenterai donc du strict minimum. Alan
Wake est un écrivain à succès qui n'arrive plus
à écrire une seule ligne. Il décide donc de
prendre des vacances avec sa femme -Alice- dans un endroit reculé
: Bright Falls, dans l'état de Washington. Là-bas, il
n'échappera pas à sa notoriété mais le
cadre naturel de cette bourgade entourée de forêt n'est
pas sans charme.
Seulement voilà, une étrange
force nocturne ne semble pas vouloir qu'Alan se ressource
paisiblement. La nuit de leur arrivée, Alice est enlevée
dans des circonstances extrêmement mystérieuses, Alan se
retrouve seul dans le noir pour essayer de retrouver sa femme. En
chemin, Alan retrouvera des pages d'un manuscrit qu'il a écrit
sans le savoir et qui lui révéleront son histoire, page
après page.

               

Trust
noone in the dark

Alan
Wake
est un jeu construit en
épisodes, six pour être précis, à la
manière d'une série télévisée,
avec des cliffhangersà la fin des épisodes et des résumés des
épisodes précédents en début d'épisode,
entre lesquels s'intercalent des entractes musicaux. Le plus gros
point fort du nouveau jeu de Remedyest sans nul doute sa narration. Celle que l'on joue, celle que l'on
découvre via le manuscrit, celle que l'on imagine en cours
d'histoire pour mieux comprendre. L'univers d'Alan Wake est
assez déroutant, par sa patte fantastique héritée
des romans de Stephen King.
Au-delà de la narration, c'est
toute une ambiance que l'on nous invite à découvrir.
Bright Falls fourmille de détails et d'endroits à
découvrir. Autant dire qu'Alan Wakeest un jeu à savourer. Chaque objet nous en dit plus sur ce
village clos sur lui-même et pourtant si étendu. Ainsi,
on pourra écouter des émissions de la radio locale,
regarder la télévision, lire des pancartes renseignant
sur l'historique de Bright Falls. Les développeurs n'ont pas
lésiné sur le détail.

     

In
light you can hurt them

L'histoire
d'Alan Wakes'étend sur une dynamique jour-nuit très intéressante.
Le jour est le moment de la découverte de Bright Falls et de
ses habitants, un moment de respiration après l'adrénaline
provoquée par les événements nocturnes. Car en
effet, Alan ne se retrouvera pas seulement seul dans le noir mais il
sera rapidement confronté à des sortes de zombies,
appelés Possédés - car c'est l'Ombre Noire qui
les contrôle, je vous laisse découvrir ce que c'est -
qui ne cesseront de nous surprendre en arrivant derrière
nous.
Contre les Possédés, deux moyens de se
protéger : la lumière ou la fuite. Dans ce cas de
figure, l'arme la plus puissante d'Alan est sa lampe torche qu'il
devra braquer sur les Possédés pour les libérer
des ténèbres qui les contrôlent pour ensuite leur
tirer dessus et les faire disparaître. Ce processus devient
très vite une mécanique tant l'opération se fait
systématique au fil du jeu. De même, toute source de
lumière devient un havre de paix dans la nuit, à vous
de les utiliser à bon escient.

                      

Departure
Tous
ces éléments font d'Alan
Wake
un jeu à l'ambiance
extrêmement forte, envoûtante par moment. Découvrir
l'histoire de cet écrivain en mal d'inspiration, épisode
après épisode, page après page, est un bonheur,
surtout quand les mystères commencent à se dénouer
et que l'on commence à entrevoir la lumière au bout du
tunnel. La plongée dans l'intimité de l'écrivain
se fait aussi à travers la voix-off d'Alan que l'on entend
souvent au cours du jeu pour nous donner des indices. Si elle était
absente, Alan perdrait énormément de sa personnalité.
De même pour toute l'ambiance sonore du jeu, mention spéciale
aux thèmes orchestraux.
Ce thème du cauchemar
éveillé est très intéressant et donne au
fantastique toute matière pour se déchaîner. Mais
tout est tellement bien amené, de façon logique pour
l'univers du jeu, que le joueur est immédiatement happé
par Alan Wake, par des
moments du quotidien mais aussi par des moments d'extrême
tension. Bright Falls enchante tout comme elle repousse et c'est dans
ce va-et-vient entre la réalité et le cauchemar que
l'écrivain finit par comprendre que la réalité
peut, elle aussi, être cauchemardesque...

Alan
Wake
n'est pas un jeu qui plaira
à tout le monde. Il n'est pas recommandé à ceux
qui détestent le fantastique, à ceux qui ne prêtent
pas attention à l'histoire ni à ceux qui privilégient
l'aspect graphique (car, mis à part les effets de lumière
sublimes, la réalisation du jeu n'est pas toujours au niveau
actuel) ou encore à ceux qui n'aiment pas être trop
dirigés. En effet, Alan Wake se
révèle assez dirigiste mais il ne se révèle
pas rigide pour autant. Alan Wake,
par son ambiance exceptionnelle, sa narration enivrante et sa
profondeur de champ, est un jeu que tous devrait avoir sur son
étagère. A savourer comme un bon roman.