Annoncé comme un RPG d'infiltration par son éditeur Sega, le jeu du
studio américain Obsidian Entertainment - KOTOR 2, Fallout: New Vegas -
m'intéressait au plus au point tant je suis extrêmement friand de ces
deux genres; leur fusion s'apparentant à un rêve devenu réalité. Plein
de promesses, Alpha Protocol en tient pas mal même si tout n'y est pas
franchement idéal.

Et je vais commencer par le côté négatif du titre: sa réalisation! Mon
dieu, me revoici revenu plus de dix ans en arrière avec ce qui ressemble à s'y méprendre - autant sur la technique que sur le gameplay - à
Headhunter que je possède encore sur Dreamcast. A l'époque c'était
magnifique, mais aujourd'hui il faut se rendre à l'évidence: avec ses
persos rigides comme pas possible et ses textures fades, Alpha Protocol
n'a pas sa place sur les consoles de salon actuelles (à la rigueur en
téléchargement) alors qu'il aurait favorablement soulevé les foules sur
128 bits. J'insiste, mais la claque reçu lors de la prise en main de
Mike Thornton est telle que je ne pouvais pas passer sous silence cette
première impression, qui restera jusqu'à la fin de l'aventure. Ce n'est
pas moche, non, et en en faisant abstraction on s'y amuse même
réellement, car d'autres atouts sont là pour nous retenir devant notre
écran.

Il faut voir avant tout en Alpha Protocol un concurrent à la série
Splinter Cell, notre héros appartenant à une organisation
gouvernementale secrète (Alpha Protocol d'un côté, Echelon 3 de l'autre) et devant infiltrer divers bâtiments au cours de son aventure, ceci de
manière discrète si possible même si l'on peut se la jouer action
d'entrée de jeu. Mike peut leurrer ses ennemis, marcher à pas feutrés ou se rendre invisible brièvement, dans le but d'éliminer ces derniers en
silence, et a à sa disposition un arsenal conséquent ainsi que des
gadgets parfois utiles. Il peut aussi bien décider de continuer sa route sans faire de victimes, bref on ressent l'inspiration du titre
d'Ubisoft avec cependant un petit bémol concernant les adversaires
neutralisés qui disparaissent au bout de quelques secondes - alors que
Sam Fisher se doit de les cacher, ce que j'aurais préféré ici. Pas mal
de recherches et objectifs secondaires en zone aussi, comme pirater des
ordinateurs et relever diverses informations annexes. Dernier point
commun entre les deux titres: un scénario d'espionnage fort bien écrit
et une narration captivante, ainsi qu'un excellent doublage en français
qui nous font suivre une histoire dont on est avide d'en apprendre le
fin mot. Enfin, et c'est vers Metal Gear que le jeu s'oriente ici, des
affrontements contre des boss viennent pimenter la partie après
plusieurs heures passées dans l'ombre.

Voyons maintenant le côté RPG annoncé, et qui se présente sous plusieurs angles. D'abord par des points d'expérience récoltés en cours de
mission qui font monter notre perso en niveaux, nous permettant ainsi
d'améliorer les caractéristiques de notre choix. Libre à nous de
privilégier la furtivité au détriment du maniement des armes, ou au
contraire de maintenir un tout équilibré. On peut également se
spécialiser dans le combat à main nu ou le piratage informatique; on
modèle Mike comme on le souhaite, touchant aussi à son apparence
physique. Il y a également un grand nombre de dialogues nous demandant
une attitude à adopter - courtois, pro, dragueur, froid... - cela ayant
pour conséquences différents types de relations avec nos contacts et
jouant ainsi sur la difficulté des missions (où l'on sera plus ou moins
aidé). Plusieurs destinations nous sont présentées, mais le choix pour
les visiter nous revient - hormis bien sûr la première au Moyen-Orient.
La fin du jeu dépendra exclusivement de la manière avec laquelle on aura géré notre partie - plusieurs fins disponibles donc - et en ça l'aspect jeu de rôle de Alpha Protocol n'est pas usurpé.

Le scénario met en scène une organisation terroriste arabe ayant détruit un avion de ligne commercial américain dans le ciel d'Arabie Saoudite,
utilisant ici un missile construit par une firme américaine et déclaré
volé. Les services secrets US - par l'agence invisible Alpha Protocol -
enquêtent aussitôt et déploient sur les lieux de l'accident un Mike
Thornton fraîchement nommé agent. But de la manoeuvre: retrouver les
terroristes, comprendre le vol des missiles, élucider certaines
trahisons. Je vais arrêter le pitch ici tant l'histoire est riche et ne
peut être dévoilée plus, mais ces heures passées en mission aux quatre
coins du monde ont de quoi nous satisfaire; et nous surprendre.

Voila, j'apprécie beaucoup Alpha Protocol car il est pétri de bonnes
idées même si elle ne sont pas toutes bien incorporées, et son scénario
est vraiment bien foutu à me maintenir dans mon canapé. Mais quand même, on était en droit d'attendre quelque chose de bien plus beau et un
héros plus fluide à maîtriser. Le Splinter Cell du pauvre donc, mais un
très bon jeu si on n'est pas trop regardant sur la technique utilisée.