Je pensais mettre deux étoiles à ce jeu, mais j'hésite car la fin m'a conquis, touché. La chanson finale, la cinématique de fin, la fin en elle-même c'est-à-dire la résolution du récit... J'aime bien. Si je rajoute à cela les tourelles et leur voix française géniale, la tentative avortée de faire planter un robot par des paradoxes, la vanne du méchant quand on détruit un des écrans où il apparaît en train de nous observer et les quelques musiques qui ont ajouté de l'émotion : c'est pas mal, mais quand même, je me suis ennuyé pendant tout le jeu alors non.

L'héroïne (Chell) est étrange. Au point que j'ai pris au premier degré le robot qui lui dit au début du jeu qu'elle a subi des dommages cérébraux irréversibles. Elle ne peut pas parler, ce n'est même pas qu'elle ne parle pas mais vraiment qu'elle ne peut pas parler. Elle saute à la place. Elle se montre étonnamment passive et de manière plus générale agit de manière incohérente : pourquoi montre-t-elle autant de compassion à la fin du jeu après avoir été limite torturée pendant toute l'aventure ? Pourquoi est-elle toujours aussi impassible avec ses interlocuteurs, pourtant constamment dans le partage, l'échange avec elle ? Tout au long du jeu la théorie d'une Chell trépanée s'est avérée pour moi tout à fait vraisemblable. Je ne savais donc pas vraiment ce que voulait cette femme, et me suis par conséquent bien peu attaché à son périple.

Le récit est un prétexte à une suite de salles de tests. Alors oui, il y a des exceptions, des séquences un peu plus narratives (poursuites, combat de boss) mais dans l'ensemble on enchaîne les tests, et l'histoire m'est apparue très prétexte, bien plus que dans le premier volet. Portal 1 racontait l'histoire d'un cobaye qu'on cherche à éliminer, qui survit et parvient à tuer son geôlier. Portal 2 prolonge cette intrigue de manière gratuite en renvoyant illico Chell fraîchement évadée dans les entrailles d'Aperture Laboratories. De nouveaux personnages sont introduits mais il ne servent qu'à justifier de nouveaux tests. L'histoire s'étire et se perd dans des salles de test interminables ; au final je compte trois rebondissements pendant tout le jeu, dont deux assez invraisemblables (la bourde de Weathley qui déclenche ..., et la découverte de la patate, dans le genre "comme par hasard" ça se pose là).

Le gameplay est pauvre. Dans mes souvenirs Portal 1 était bien plus excitant dans son challenge, aussi bien dans les salles de test que dans les séquences narratives d'exploration ou de fuite. J'ai trouvé la partie "jeu" beaucoup moins bien, ce qu'on a à faire avec les portails est beaucoup moins intéressant. A noter qu'il y a en général bien peu de skill à avoir pour résoudre les puzzles, et que les quelques nouveaux dispositifs tendent à restreindre au maximum la liberté du joueur de se planter. Portal 2 est un jeu assez froid dans ses énigmes, qui ne demandent pas grand chose de plus au joueur que de trouver une solution pas très intéressante (souvent c'est une surface planquée ou un truc caché / pas évident, pas vraiment un plan de mastermind) et l'exécuter avec un taux de réussite de 100% tellement les mécanismes semblent scriptés. J'ai l'impression de toujours être sur des rails et de ne pouvoir en sortir, comme quand je suis propulsé par une plaque, conduit par un tunnel, accéléré par un gel rouge ou que je rebondis sur un gel bleu. En résumé, je reproche à Portal 2 la nature de ses énigmes et l'exécution toujours pépère et étriquée des solutions.

Une mauvaise histoire mal racontée par le gameplay, les deux étoiles sont légitimes. Heureusement la fin me fait dire que je n'ai pas fait tout ça pour rien. De jolies musiques, une résolution finale émouvante appuyée par la chanson du générique, et une BELLE cinématique en images de synthèse comme au bon vieux temps de la PS1. De quoi se quitter avec le sourire, "sans rancune" comme le nom du trophée qui s'est débloqué lorsque j'ai sauvé une tourelle de l'incinération-rédemption. Merci Valve et bon voyage Weathley.

EDIT : j'ai modifié mon test, la note jurait par rapport à tous les autres jeux auxquels j'ai mis trois étoiles