Postal 2 est ce que l'on
pourrait appeler un jeu à problèmes. Sorti tout droit d'un petit
studio situé dans l'Arizona et surtout connu pour toute la polémique
qui a entouré sa sortie, le jeu en lui-même est un peu passé
inaperçu. Bien qu'interdit dans de nombreux pays (France,
Allemagne...) pour son contenu extrêmement cru et immoral, il serait
tout de même bon d'aller au-delà de la réputation sulfureuse du
titre pour tenter de formuler un jugement constructif. Simple
déferlement de cadavres, de décapitations et de vulgarité ou
caricature acide de la société américaine?

Pour commencer, il serait peut-être
bon de mettre les choses au clair en citant une phrase des
développeurs: «Rappelez-vous... Postal est aussi violent que vous
l'êtes» ; un slogan qui nous met la puce à l'oreille quand au
recul à prendre vis à vis de l'omniprésence de la vulgarité et de
la violence. Car il ne faut pas le nier, Postal
2 est sans aucun doute l'apogée vidéoludique de la violence.
Ici pas de scénario palpitant ou de personnages attachants mais un
grand n'importe quoi s'étalant sur cinq jours. Du lundi au vendredi
vous accomplirez diverses missions (acheter du lait, rendre un livre,
payer un amende, aller voter...) qui finirons généralement en
boucherie. Le personnage principal, lui, est tout ce qu'il y a de
plus repoussant et son aspect freak le
place immédiatement en marge de tout. Vivant dans une caravane en
piteux état avec sa femme et arborant fièrement un long manteau
noir et un tee-shirt représentant une tête d'alien, sa condition en
fait le parfait bourreau de l'ordre et du droit chemin.

Un chemin
alternatif qui vous emmènera voir l'envers d'un décor - une ville
fictive de l'Arizona en l'occurrence - qui contient à peu près
tout les outils pour une critique acerbe de l'Amérique. Asile, poste
de police, magasin, bibliothèque, bureau de poste, centre
commercial, tout est regroupé sur une carte que vous pouvez
parcourir librement. On est tout de même loin d'un GTA puisque d'une
part la ville est découpé en petites zones et il n'est pas question
de prendre des véhicules. De même l'absence de mise en scène et
d'histoire donne plus l'impression de jouer à un «jeu blague» fait
entre amis qu'a un «vrai» jeu vidéo. Un ramassis de caricature, de
moqueries et de situations à la limite du mauvais goût. Une sorte
de safari où le moindre lieu serait prétexte à écorcher de façon
saignante des institutions ou des personnes. Les développeurs
semblent n'avoir aucunes limites et c'est d'ailleurs le principale
attrait de ce Postal. Le plaisir ne provient pas du gameplay ou des
graphismes mais de l'envie de voir quel sera le prochain délire de
l'équipe.

Vous avez vu
beaucoup de jeu où vous allez rendre visite aux développeurs de
celui-ci pour repousser l'attaque de manifestants anti-jeux vidéo
armé de M-16? Ou encore un jeu où l'on rencontre Oussama Ben Laden
à la bibliothèque au rayon «Bombes et attentats»? Vous allez
aimer visiter une fabrique de steak haché où des humains sont
balancé dans les broyeurs et où les toilettes sont placé à coté
des quartiers de viande. Vous serez heureux de découvrir que
derrière votre caravane se cache le repaire de talibans fabriquant
des armes bactériologiques. Et vous succomberez certainement au
charme d'une balade en foret se terminant en joyeux massacre de
bucherons. Comme vous le constatez, on ne peut pas dire que la
demi-mesure soit au rendez-vous! Et tout ceci n'est qu'un petit
aperçu de ce qui vous attend ; pour peu que vous fassiez preuve de
curiosité et que vous maitrisiez un minimum la langue de
Shakespeare. La religion, la politique, le sexe, l'administration, la
publicité, personne n'est épargné! Une affiche pour une assurance
vie avec pour slogan «Eh les enfants! Vos parents vont mourir»
prouve que chaque recoins de Paradise City est bourré de blagues de
ce genres. Le jeu est donc beaucoup plus fin qu'il n'y paraît mais
la violence gratuite est loin d'être exclue et pourra en déranger
plus d'un.

Sur ce
point on peut dire que les polémiques étaient justifiées. Et même
si les développeurs jouent habilement sur la question de la morale,
Postal 2 n'en reste pas moins un défouloir gore et parfois bien
pire. Car même si en théorie on peut éviter d'utiliser sa pelle
pour décapité des innocents, de lancer des ciseaux au visage de
bimbo écervelées ou d'utiliser un chat comme silencieux (votre
imagination suffira), le jeu vous force un peu la main. En vous
collant des files d'attente interminables qui vous forcent à opter
pour des méthodes plus expéditives par exemple ou en transformant
une banale fête d'anniversaire en intervention de l'armée! Vous
serez donc obliger de vous servir de l'armement improbable mit à
votre disposition. Car en plus des traditionnels fusils, pistolets et
mitraillettes, vous pourrez aussi vous servir d'un jerricane
d'essence, d'un taser ou
encore d'une tête de veau en décompostion(?!). Seul petit souci:
l'aspect peu pratique de l'inventaire qui vous oblige à passer en
revue tous vos objets pour en trouver un en particulier. Embêtant
dans le feu de l'action. Mais le test est presque terminé et il n'a
pas encore était question de la réalisation! Non pas qu'elle soit
mauvaise, mais lorsque l'on croule sous tant de bêtises, on en vient
à oublier nos réflexes de parfaits petits testeurs.

Pour commencer, le
moteur du jeu - datant de 2003 tout de même - passe encore
relativement bien malgré la présence de nombreux bugs (collision,
script...). Par contre les temps de chargement lors du passage entre
chaque zones finit par lasser, surtout lorsque on sait que les
missions vous obligent constamment à parcourir la quasi totalité de
la ville. A part cela, c'est dans la veine du reste: «cheap» à
souhait!. Au niveau sonore, on ne peut pas dire que vos oreilles
seront ravies! Les bruitages sont simplistes (mention particulière
au M-16), les musiques se comptent sur les doigts d'une main et une
des seules voix présentes est celle du héros. On ressent donc très
rapidement le peu de moyens dont dispose le studio mais finalement le
tout reste cohérent. Ce que l'on accepte moins en revanche, c'est
la répétitivité de l'ensemble qui constitue le gros défaut du
jeu. Le déroulement des missions est plus ou moins toujours le même
et heureusement que les situations arrivent à nous surprendre car la
routine aurait pu très vite s'installer.

Vous l'aurez
compris, Postal 2 est un titre hors-norme qui tire toute sa force,
non pas de son gameplay, mais de son aspect politiquement très
incorrect. Certes la violence est omniprésente et le ton parfois
extrêmement cru, mais le tout n'est pas à prendre au premier degré.
Car au-delà de l'impression malsaine qui émane de l'ensemble, se
cache un jeu truffé d'humour, de références (qu'il faut
comprendre) et de délires décomplexés. Postal 2 n'est certes pas
resté dans les mémoires pour ses qualités ludiques, mais sa
réputation de vilain garnement du jeu vidéo, elle, est méritée.

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