La sensation survival-horror de
la fin d'année 2008. Il faut dire qu'après le virage action pris par Resident
Evil depuis le 4e épisode, le retour apparemment peu flamboyant
d'Alone in the Dark, et alors que la licence Silent Hill semblait déjà en perte
de vitesse, les amateurs du genre ne savaient plus trop vers qui se tourner.
N'ayant jamais été vraiment attiré à l'idée de me faire peur, que ce soit au
cinéma ou pad en main, il m'était difficile de me sentir concerné. Pourtant, le
buzz autour de la sortie du titre de EA m'a contraint à tenter l'expérience, ne
serait ce que pour observer l'évolution d'un genre qui a marqué l'histoire du
jeu vidéo.

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Inutile, je pense, de revenir sur
le scénario somme toute très classique de Dead Space. Un vaisseau spatial, un
artefact extraterrestre, un équipage décimé et transformé en créatures monstrueuses.
Le genre d'histoire qu'on a vu mille fois, mais qui saura toujours s'avérer
efficace : après tout, quoi de plus effrayant qu'être perdu à des années
lumière de la Terre, face à une menace étrange et inconnue ? Le jeu
apporte quand même son lot de bonnes idées, qui ont en plus le mérite de servir
autant le gameplay que l'histoire. D'abord, le personnage principal. Malgré son
apparence impressionnante, celui-ci n'est qu'un simple ingénieur dont les
seules armes sont ses outils de travail, le maniement desquels pouvant parfois
s'avérer quelque peu inhabituel. L'immersion s'en retrouve renforcée, en
particulier au début du jeu. Par la suite pourtant, au fur et à mesure que le
gameplay s'oriente vers l'action, le joueur disposera d'un véritable arsenal qui
lui donnera plutôt la sensation d'être un super soldat. Dommage.

L'autre bonne idée, et c'est là à
mon avis un véritable point fort du titre, ce sont les ennemis. Ici, pas
question de chercher le headshot, ce sont les membres qu'il faut viser. Des
bras et des jambes difformes, des immenses griffes qui sortent des corps
transformés des malheureux membres de l'équipage. On est ainsi confronté à des
ennemis qui n'hésiteront pas à se traîner par terre, attaquant sans relâche le
joueur jusqu'à ce que leur dernier membre soit détruit. Le stress et l'horreur
ressentis lors des affrontements s'en voient augmentés de manière
significative. C'est aussi une belle manière de la part des développeurs de
nous prendre à contre-pied, de nous forcer à lutter contre nos vieux réflexes
de gamers, et la tension que cela implique apporte un véritable plus au jeu.

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Au-delà de l'univers, classique
mais réussi, c'est surtout la qualité de la réalisation qui frappe. Des formes
menaçantes apparaissent furtivement dans l'ombre, et à chaque détour de couloir
on craint de découvrir un autre cadavre mutilé. Mieux vaut avoir le cœur bien
accroché, mais l'effet est en tout cas garanti. L'utilisation du son est quant
à elle encore plus impressionnante, et le joueur, entouré par les grincements
du vaisseau et les bruits suspects dont il ne peut saisir l'origine, passe son
temps à se retourner pour surveillerr ses arrières.

            Quelques éléments de game design
viennent compléter cette réalisation. Par exemple, la caméra a été placée de
manière très proche du joueur. Cela nuit parfois à la visibilité, mais il est
difficile d'en tenir rigueur aux développeurs tant la proximité avec son avatar
est primordiale à l'ambiance du titre. On appréciera aussi le menu qui apparaît
sans interrompre le jeu, sous la forme d'un hologramme flottant dans les airs
devant le personnage principal. Là encore, l'apport en termes d'immersion
compense largement les quelques défauts de lisibilité engendrés par le procédé.
Je dois même avouer que le simple fait de pouvoir passer « derrière »
mon menu a été en soit une expérience de gamer mémorable.

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Au niveau du gameplay pur, le jeu
est très agréable à prendre en main. Le personnage dispose d'armes (pardon,
d'outils...) variées débloquées au fur et à mesure de l'aventure, et même de
quelques capacités lui permettant d'user de telekinesie ou d'immobiliser
temporairement un adversaire. Mais surtout, l'essentiel est que la jouabilité
est à la fois simple et efficace. La prise en main est immédiate, le personnage
répond rapidement, la visée est claire et précise malgré la vue à la 3e
personne (bien plus que dans les Resident Evil 4 et 5 par exemple), laissant au
joueur l'opportunité de se concentrer sur l'action et ainsi de se laisser
prendre par l'ambiance du titre.

Ces qualités sont d'autant plus
appréciables que les affrontements sont nombreux. Peut être même trop, et les
heures de jeu défilant, on aura l'impression d'être un véritable rouleau
compresseur massacreur d'aliens. On regrettera aussi le coté très scripté des
phases d'action, les ennemis apparaissant à des points et des moments précis,
en général lorsque le joueur franchit certaines lignes invisibles mais malgré
tout facilement identifiables. L'effet de surprise en pâtira peu à peu, bien
que la réalisation globale rattrape largement le coup.

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Au final, n'étant moi-même pas
fan de survival-horror, je dois bien avouer que mon expérience de jeu n'a pas
été inoubliable. Il est néanmoins indéniable que Dead Space jouit d'une
réalisation exceptionnelle, apte à convaincre tous les amateurs du genre. Pour
tous les autres, moi y compris, le titre d'EA reste l'occasion de découvrir
l'excellent travail des développeurs dont le gameplay, malgré quelques petits
défauts et un classicisme certain, atteint parfaitement le but visé :
immerger le joueur, et lui permettre d'avoir peur.